A quand la réforme du MFDC ?
Elle est d’une grande pertinence et elle apparaît beaucoup plus d’actualité aujourd’hui qu’elle ne l’eût été avant le décès d’Augustin Diamacoune Senghor en 2007. L’enjeu souligné est l’endiguement de la vague de contestation interne qui s’est abattue au cœur du mouvement depuis, et la menace d’instabilité qu’elle laisse planer.
Tout d’abord entendons-nous sur le terme «réforme». Quel que soit le domaine auquel elle s’applique, une réforme vise avant tout à changer les comportements des individus ou personnes morales concernés par le domaine auquel elle s’applique.
Selon le modèle que chacun a en tête, le type de réformes à mettre en œuvre peut varier. L’objectif demeure néanmoins le même, permettre au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) de s’engager le plus rapidement sur une trajectoire de libération et d’indépendance de la Casamance en soutenant le développement économique et social dans un climat de paix avec tous les pays voisins.
La Casamance se trouve aujourd’hui dans une position délicate : Au Sénégal, le nouveau pouvoir tergiverse et n’a d’interlocuteurs valables que d’anciens charlatans de palais se réclamant proches du MFDC. Ce gouvernement qui vient de s’assurer dans un premier temps l’acquisition d’armes de guerre par la France et dans un second temps, d’utiliser les ficelles de la Cédéao, pour déployer 270 hommes de combats en Guinée-Bissau. Le Sénégal continue de privilégier la force dans ce dossier.
En Gambie, la visite de Macky Sall chez Yahya Jammeh a suscité plus de questions que de réponses d’autant que l’opposition armée de Gambie est toujours sous les bons offices du Sénégal.
En Guinée-Bissau, la junte qui vient de céder le pouvoir aux civils est fragilisée par des divisions internes. Le PAIGC, la première force politique n’est pas représentée dans les affaires de l’Etat. La souveraineté de ce pays limitrophe est mise en danger par la venue de forces étrangères dont sénégalaises avec les mêmes ambitions que les forces angolaises de la Missang.
Au Mali, la junte militaire n’accepte pas l’ingérence de la Cédéao et menace de contrôler tout le pouvoir.
Le MFDC a connu ces dernières années des départs facilités par des agents financiers du Sénégal (ceci est connu de tous) : Jean Marie Biagui, Ansoumana Badji, Ousmane Niantang Diatta, Antoine Diamacoune, Emile Zola, Ablaye Diédhiou, Kamougué Diatta, Daniel Diatta pour ne citer que ceux-là.
Cette nouvelle donne est d’autant plus critique qu’à force de retarder les réformes et de laisser perdurer un environnement conflictuel dont la logique a peu évolué depuis les années 1980, la Casamance se retrouve actuellement dans une position inconfortable mais pas désespérée.
« C’est dans les épreuves que l’ont reconnaît les performants et c’est dans la douleur que l’on reconnaît son vrai ami » dit le dicton.
Mais la Casamance, en particulier le MFDC possède de jeunes, pétris de talents et ceux-ci sont intègres au service de la Casamance. Ils sont dans le maquis casamançais, ils sont en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis et s’occupent à cœur joie du « Pays ». Il est grand temps de faire confiance à cette « New Generation ».
Cependant, pour qu’une réforme ait une chance de modifier significativement les comportements, il est primordial qu’elle apporte des solutions aux problèmes qu’elle pose. En règle générale, il existe rarement de consensus autour d’une réforme. En d’autres termes, elle n’est pas forcément à l’avantage de tous. Qui plus est, les bénéfices ne sont pas nécessairement bien compris et internalisés par les différents groupes concernés par celle-ci.
Or, le temps pour mener un changement pacifique et négocié nous est aujourd’hui de plus en plus compté, et arrivera le jour où les Casamançais ne croiront plus en une quelconque volonté du MFDC de se réformer. Force est de constater que le sort de la Casamance et celui du MFDC sont totalement liés à moyen terme. La question qui se pose à nous est donc de savoir quand le MFDC se réformera.
Bintou Diallo pour le Journal du Pays