Casamance: L’armée sénégalaise en « déroute » selon un quotidien sénégalais
Les soldats en ont assez du discours rassurant des autorités pour préserver des intérêts économiques et touristiques. Ils sont préoccupés par la sécurité de leurs frères d’armes expédiés en Casamance souvent dans des conditions d’opérations difficiles. «La situation devient de plus en plus explosive. Les attaques rebelles contre les militaires se multiplient et font beaucoup de victimes dans les rangs de l’Armée sénégalaise. Les rebelles continuent d’intensifier leurs actions. Cette situation doit être prise au sérieux. Des soldats de l’Armée sont atomisés et les braquages meurtriers sont devenus quotidiens sur L’axe Ziguinchor-Cap Skirring», pestent les soldats. Les sites touristiques menacés ainsi que les populations civiles font que l’Armée interpelle le nouveau gouvernement pour que changent les vieilles habitudes. Un jeune soldat exprime son amertume : «Ces dernières années, la recrudescence des attaques attribuées aux rebelles du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) endeuille la Casamance. Les attaques et braquages n’épargnent pas les zones touristiques. Des assassinats crapuleux sont attribués aux rebelles. Des routes sont parsemées de mines et des obus de mortier tombent dans les faubourgs ouest de Ziguinchor».
La mort d’éléments des forces armées sénégalaises fait que l’armée réclame plus de moyens pour mener à bien sa mission de sécurité publique des populations de la Casamance. Les attaques des rebelles culminent avec des cas de morts dans les rangs des Diambars ainsi que des blessés graves. «Il est temps que cesse cette guerre dans laquelle les fils du Sénégal s’entretuent, alors que les autorités sont préoccupées par la politique», estime une source militaire. Sentiment partagé au sein des soldats : «Les budgets de la défense ne sont pas affectés là où ils doivent aller. Ils servent plutôt à améliorer le confort de certains officiers supérieurs devenus des bureaucrates. La devise de l’Armée : ‘On nous tue, mais on ne nous déshonore pas’, n’a plus de sens dans la mesure où l’Armée est en déroute. Nos chefs sont dans leurs bureaux climatisés avec frigo bars, appareils à café, avec des services de gâteaux. Ils ignorent ce qui se passe dans les bases militaires de la Casamance. Ces chefs, qui roulent en 4×4 avec des carnets de gas-oil, des millions à portée de main, seront prêts à sacrifier toute l’Armée pour leurs intérêts»…
Conditions matérielles et d’existence
Les exigences de l’Armée sénégalaise se déclinent en termes de formations, d’entraînements, d’équipements et d’infrastructures de qualité. «Pour que l’Armée sénégalaise réponde efficacement à ses missions fondamentales, il faut améliorer ses conditions matérielles. Ce sont des exigences que doit remplir une armée républicaine et moderne. Le nouveau gouvernement se doit aussi d’attacher une grande importance à la poursuite diligente des programmes sociaux et d’équipements des forces armées», affirme un haut gradé de l’Armée nationale. L’enquête menée au sein de ce corps militaire révèle qu’il existe des problèmes de mobilité en termes d’équipements, de véhicules, de carburant. Mais le grand problème demeure celui du partage des gilets pare-balles.
Situation des anciens combattants
Les anciens combattants attendent aussi beaucoup du nouveau gouvernement. L’un d’entre eux interpellé sur le sujet de leurs attentes soutient que «le gouvernement doit impérativement procéder à une plus juste réparation en faveur des mutilés et blessés de guerre, par un relèvement conséquent du taux de base de la pension». «Nous, anciens combattants, aux heures sombres de la guerre, étions à l’avant-garde du combat pour contribuer à la défense du monde libre et précipiter à la marche de notre peuple vers l’indépendance», explique notre interlocuteur.
Suicides dans l’Armée
Longtemps confiné au rang des sujets tabous, le suicide dans l’armée, qui connaît une recrudescence, est aujourd’hui d’actualité. Si on en parle, c’est pour que le gouvernement trouve une solution à ce problème. Aujourd’hui, l’on suggère aux autorités militaires de communiquer davantage pour éclairer les populations. «Les cas de suicide s’accroissent au sein de l’Armée qui ne communique pas suffisamment pour déterminer les véritables raisons. Il faut vraiment que l’armée puisse communiquer sur ce sujet quand il y a un cas. Elle ne doit pas rester muette. L’Armée n’a aucun intérêt à cacher la vérité, quand il y a des situations de cette nature. Elle doit communiquer et ramener les corps à leurs familles. Une enquête fournie doit être menée pour en connaître les circonstances», déplore une source militaire. Notre interlocuteur rappelle le cas d’un jeune soldat qui s’est donné la mort volontairement un jour de la Tabaski.
Walf Online / Ebalass