Cynisme sénégalais face au conflit en Casamance
Depuis décembre 1960, le Sénégal combine le cynisme à l’opportunisme en Casamance avec une constance aussi profonde qu’abjecte.
Le ministre des forces armées sénégalais, qui était pour sa première sortie, après la Gambie, la France et l’Arabie Saoudite, n’a pas échappé à la règle. Car en plus de fournir l’arsenal militaire nécessaire à l’écrasement physique des civils et des combattants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), Mr. Alioune Tine, s’est dépêché sur place avec ses généraux pour booster ses troupes. Voilà pour le côté jardin. Côté cour ? Depuis son élection à la présidence du Sénégal, Macky Sall s’emploie à suivre une politique tout ce qu’il y a de byzantine vis-à-vis de la communauté internationale en général et des membres de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en particulier. Bref, il joue le chaud et le froid.
Il en va ainsi pour une raison se confondant avec l’intérêt très particulier, très égoïste du Sénégal. La Casamance s’avère la seule vache à lait du Sénégal. Elle est surtout « sa région » où il peut faire comme bon lui semble : tuer, violer, voler, manipuler les personnes, sans que rien ne se passe dans la plus absolue des impunités. C’est aussi en Casamance que le Sénégal adore à s’approprier gratuitement des biens de la forêt, de la flore et de la faune, des ressources halieutiques. On se paye même le luxe d’importer une femme à Dakar comme « Nbindane » (Femme à tout faire).
Pourtant, Macky Sall est bien conscient que la sous-région est sous une vive tension : Mauritanie, Mali, Guinée, Guinée Bissau et Gambie. Tous sont des voisins immédiats. Tous ces pays ont de facto, perdu toute crédibilité pour tout ce qui a trait à la négociation d’un plan de paix avec le MFDC. Plus exactement, le Sénégal qui se sent fort en muscles sait que privilégier les armes embrassera l’Afrique de l’Ouest.
Les membres du nouveau gouvernement de Dakar savent pertinemment que les facteurs géopolitiques inhérents à la région interdisent en fin de compte une intervention de ses forces. Car si intervention était menée, alors on assisterait à un débordement géographique du conflit. Selon plus d’un expert, la Gambie et les opposants de la junte actuelle à Bissau s’en mêleraient et pourraient renouer avec les passions qui avaient abouti à l’indépendance de la Guinée Bissau.
En fait, le seul espoir de paix réside tout entier dans les négociations en Europe. Toute autre formule serait vouée à l’échec.
Emile Tendeng