Hommage à Jules François Bocandé « BOC »
Jules François Bocandé (54 ans) « Essamaye » (le lion en Diola), l’un des meilleurs joueurs d’Afrique, un des stars du championnat de France et de Belgique dans les années 80 à 90, est décédé lundi 7 mai 2012, lors d’une opération chirurgicale, à Metz en France dans les mains de son frère Vitou et de ses fils Momo et Dani. Il avait été victime, il y a quelques semaines, d’un accident vasculaire-cérébral.
Jules François Bocandé appelé, « Boc » par ses intimes, a débuté au football à la place de Gao « Bantamba » du quartier Boucotte à Ziguinchor près de sa maison natale du Korhintas.
Très vite, il intègre le Banzan Club où il exprime ses premiers talents de footballeur avec des amis d’enfance : Claude Diaz, Lamine Dabo, Lamine Badji dit Humberto, Solo Gassama, Ousmane Tamba, Pape Tounkara, Diawis, Salif Loum, Ablaye Gassama, Badou Fall, El-Hadji Barro, Lamarana Diallo et Phillippe Salomon qui sera après son conseiller particulier au Casa sport.
Il enfile d’abord, le maillot de l’Entente (J.A et Galléa ) de Ziguinchor avec son ami Claude Diaz, avant de retrouver le Casa Sports l’équipe fanion de Casamance, sous la pression des membres du Banzan, qui lui fournissaient d’ailleurs ses premiers équipements d’entrainement. C’est dans ce quartier de Boucotte-Bantamba que Boc a d’ailleurs connu ses premières amourettes avec Charlotte qui lui a donné son premier fils Bassirou, l’homonyme de Basirou Ndiaye.
Soutenu par la famille de Lamine Ngom et de Néné Salomon, mais aussi par des doyens du Casa Sport comme Njoléa, Koho, Sadio Balanta et Samba Gakou, Boc se fraie le chemin du succès.
Le 8 juillet 1979, il offre au Casa Sports la coupe nationale, et le 4 juillet 1980 il perdra cette même coupe injustement par un certain arbitre Bakary Sarr de la manière dont tous les Casamançais se souviennent encore. Il sera par la suite suspendu à vie par Abdoulaye Fofana, président de la Fédération sénégalaise de football. Bassirou Ndiaye et son frère Ousmane Ndiaye Compliqué sont suspendus à cinq ans.
Boc en ressortira plus que remonté, il s’exile en Belgique toujours pour le football. Il y accueillera, tour à tour, Mamadou Teuw, Humberto et Daour Gaye.
De la Belgique, ses talents sont vite loués en France à Metz. Il explose à Metz, où il inscrit 33 buts en 61 matches et termine meilleur réalisateur du championnat en 1986 (une première pour un joueur sénégalais). Il fut aussi de la grande aventure qui mena le club au Camp Nou, où les Mosellans s’imposent 4-1 face à Barcelone en Coupe des Coupes. Boc offre le but de la victoire à son partenaire, Toni Kurbos.
Cette réussite lui vaut l’intérêt du PSG, où il signe à l’intersaison 1986, mais il peine à s’imposer (six buts) et part se relancer à Nice. Avec cette nouvelle équipe (36 réalisations en 61 matchs), il atteint les demi-finales de la Coupe de France en 1988 et participe au match culte contre Strasbourg (6-0), contre qui il inscrit le dernier but.
Trois ans plus tard, face à Lyon, il inscrit l’un de ses plus beaux buts sous les couleurs niçoises.
Après des déboires de l’équipe du Sénégal, Boc est appelé en urgence pour sauver le pays qui l’a rejeté. Il intégre sans condition la sélection dans les années 1986 pour discuter la coupe d’Afrique de 1986 tenue en Egypte, jouée. En Algérie, en 1990, Boc prend le brassard du Sénégal pour inculquer son esprit de gagneur au groupe, qu’il gardera jusqu’à la coupe d’Afrique de 1992, organisée par le Sénégal.
Alors qu’il évolue au RC Lens, en 91-92, il dispute la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) avec le Sénégal. A 33 ans, lors du dernier match de poule, il réalise un doublé qui qualifie son équipe pour les quarts de finale.
En 2000, Boc est sollicité pour être membre de l’encadrement technique de l’équipe nationale de football du Sénégal. En 2001-2002, est retourné à Ziguinchor pour servir le Casa Sports et le football gambien en tant qu’entraineur.
Il restera comme le plus grand attaquant que la Casamance ait connu. Avec 20 buts en 73 sélections dans l’équipe du Sénégal, aucun ne l’égale. Quelle belle revanche pour cette même Fédération de Football qui l’a radié du foot. Vaillant défenseur de la verte Casamance, il s’est toujours élevé au dessus des critiques comme « rebelle » et « Niagg», mais personne ne peut contester cette perle casamançaise du football africain. Comme témoigne Humberto : « Il nous a tous dribblé pour marquer son dernier but qui le mène dans la lumière des cieux. Boc est parti en héros de tout un peuple.»
Rédaction du Journal du Pays