Le MFDC devant l’obligation de se moderniser
La déclaration des droits de l’homme issue de la révolution française de 1789 a davantage été explicitée et rectifiée par endroits pour la rendre universelle dès la fin de la deuxième guerre mondiale. C’est la déclaration universelle des droits de l’homme datée du 10 décembre 1948 comme l’a si bien dit Mandiko. L’histoire politique, sociale et juridique de la France nous concerne dès lors qu’elle sert la cause de l’universel, pour ne pas dire tout simplement de l’HISTOIRE.
Nous n’avons, par contre, pas oublié l’Histoire jacobine de la France, qui se voulait scientifique. L’accepter comme tel, c’est retomber dans le débat métaphysique de l’Histoire en tant que connaissance scientifique. Quand est ce qu’elle est une connaissance scientifique ou bien simplement évènementielle ? Quels rapports avec la lutte pour l’émancipation du peuple casamançais ? Parce que les déclarations et autres articles qui ont suivi ne parlent que des moyens dont dispose un peuple pour faire face, donc résister, au gouvernement en place.
Or, la Casamance n’a jamais été sénégalaise. Il s’agit là de deux territoires coloniaux, de deux peuples, de deux nations, donc d’une hétérogénie par rapport à l’histoire coloniale de nos peuples et territoires. Quelle pays ou quelle paix pour la Casamance ? La pax senegalensis que le Sénégal essaie de nous imposer, ne tient pas la route. « Invicta felix », avaient déjà dit les portugais en cédant sur papier, la Casamance à la France. Le 12/08/1839, le gouverneur de la colonie du Sénégal, M. CHARMASSON écrivit au Ministre de la Marine et des Colonies : « la Casamance ne nous appartient pas ». Le décret du 12/10/1882, crée le territoire du Sénégal et dépendances en lui rattachant l’arrondissement de Gorée et une partie du Sine et Saloum. D’un autre côté, les possessions françaises situées au Sud de la Gambie sont regroupées sous le vocable de territoire de la Casamance. Ce décret n’a jamais été abrogé. Ce qui signifie que la Casamance n’a jamais fait partie du territoire du Sénégal. Il s’agissait de deux territoires et donc de deux peuples différents qui ont formé ensemble une colonie.
La trajectoire politique, économique et sociale de la Casamance est claire. Il suffit dorénavant de la porter au plan national et international de manière appropriée. Ce que nous retenons en tant que nationalistes casamançais, c’est le discours de CHURCHILL concernant le droit des peuples à l’autodétermination. La problématique casamançaise ne rentre pas dans la dialectique gouvernants/gouvernés dont les protagonistes appartiennent tous à la même nation, au même pays.
Le Sénégal travaille pour ses intérêts. Les régimes se succèdent et malheureusement se ressemblent quelle que soit la forme de leurs discours politiques. D’où, de notre côté, la pertinence de la question posée par Mme Bintou DIALLO et relayée par Apakéna DIEME : « à quand la réforme du MFDC ? ».
La réponse à cette question s’impose d’elle même parce qu’elle relève d’une nécessité si les nationalistes casamançais veulent encore exister et travailler de manière rationnelle dans un monde en perpétuel mouvement, en perpétuel changement, en perpétuel devenir. Cette question que Mme DIALLO met sur la table, combien de fils de la Casamance se la posent encore ?
Il urge de lui trouver des réponses concrètes d’autant que l’actualité géopolitique ouest africaine démontre clairement les ambitions, les options et les stratégies du nouveau régime sénégalais pour finir avec l’indépendantisme casamançais. L’absence de visibilité et de lisibilité dans l’organisation et surtout dans le fonctionnement du MFDC, permet à chaque nationaliste de se prévaloir dans son coin de titres, de postes de responsabilité. Ce qui renforce le Sénégal dans son refus d’établir des négociations sérieuses. Le MFDC a l’obligation de se moderniser, se réorganiser avant de rencontrer le Sénégal.
La lutte que le peuple casamançais est entrain de mener, ne relève pas du séparatisme, ni de la sécession. Il s’agit tout simplement d’une lutte de libération nationale. Puisque la Casamance occupée a existé avant le Sénégal occupé (1645 (Ziguinchor) contre 1659 (Saint-Louis)). La Casamance politique a également existé avant le Sénégal politique qu’elle a, du reste, parrainé. Nous nous référons au Bloc Démocratique Sénégalais parrainé par le MFDC pour sa reconnaissance. Mieux, Mamadou DIA lui-même, adjoint de Senghor, a reconnu que « le colonisateur n’avait pas intégré la Casamance dans le Sénégal ». (YAAKAAR N° 06, janvier 1996).
Le Sénégal sourit tant que nous sommes désorganisés. Qui fait quoi, où, quand et comment ? Qui est responsable de quoi dans l’organisation centrale du MFDC ? C’est une propeudédique et il faut passer par là si nous voulons être entendus et compris par le concert des nations. Refusons la tutelle que le Sénégal essaie d’imposer à la Casamance. C’est le sens fondamental de notre lutte.
BAMBONE KAMONGON BADJI membre du Cercle des Intellectuels et Universitaires du MFDC