Le Sénégal face à la pression de la Communauté internationale
La surmilitarisation sénégalaise ambiante, patente et affichée qui prévaut en Casamance n’a pas fini de prendre de court les gouvernements de la région et, notamment, ceux de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la Guinée et du Mali même. Les militaires, gendarmes et policiers sénégalais, ont reflué en Casamance sous le coup de boutoir d’une offensive à grande échelle après la capture de 9 prisonniers de guerre sénégalais par les forces indépendantistes Atika du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC).
Ils se sont installés dans les écoles au milieu des villages, renvoyant les élèves à la maison et se servant de bouclier humain les populations civiles. Ils lancent leurs différentes offensives contre les différentes bases des forces Atika sans épargner des incursions dans les autres pays voisins. Au cas contraire ils s’en prennent aux populations civiles comme ce fut le cas à Affiniam et aux touristes étrangers. La disparition des familles Cave et Gagnaire restent dans la mémoire vivante de la majorité des Casamançais. Deux pays de la région, la Gambie et la Guinée Bissau, impliqués géographiquement et politiquement, viennent de renforcer leurs troupes sur les différentes frontières. L’un des premiers objectifs fixés et est de contrer toute velléité agressive de la part de l’armée sénégalaise.
Le président gambien Yahya Jammeh, en tout cas, est bien avisé des préparatifs de tentatives de coups d’Etats fomentées depuis Dakar. Il a pris des dispositifs militaires surtout au nord du pays. Depuis quelques semaines des militaires du camp de Kaolack convergent à la frontière de la Gambie. En Guinée Bissau la mort de Bacai Sanha a fait le vide politique mais l’armée est au qui-vive. La Casamance est déclarée comme une zone de guerre et cette situation rend toute la région fragile de prédilection, menaçant la sécurité et la vie des citoyens.
La région est devenue en effet le fief où prospèrent les réseaux mafieux venus du Sénégal et qui répandent l’idéologie islamiste radicale, programmant ainsi des coups de force dans le territoire gambien et bissau-guinéen.
Cette zone grise, jusqu’ici demeurée à l’abandon, est aujourd’hui le théâtre d’une activité débordante en termes de violences et d’agressions, de planification et de stratégies suicidaires. Nous n’avions cessé depuis la création de notre journal en 1998 , treize ans maintenant d’attirer l’attention des observateurs ainsi que des responsables sur les dangers que représente une absence de coordination entre les différents Etats de la région. La Casamance n’est pas un territoire isolé, elle est imbriquée dans cette région fragilisée, parce que les bandes armées, organisées et soutenues forcément par certains groupes ou même gouvernements, se déploient aisément et, plus que jamais, menacent la sécurité des Etats de la région.
Les puissances européennes, les Etats-Unis et les pays d’Afrique en sont d’autant plus conscients qu’ils s’inquiètent de la recrudescence régulière des violences dans la région. « Nous sommes en discussion avec des pays comme la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, le Portugal, le Canada, les Etats-Unis », a indiqué un haut responsable du MFDC. A vrai dire, ce qui compte aujourd’hui, c’est d’abord une ouverture de négociation entre le gouvernement du Sénégal et le MFDC , élargie à la Gambie et à la Guinée Bissau, parce que la sécurité collective est un impératif. Le Sénégal devrait revoir sa conception à ce niveau, acculé qu’il est, face aux pressions de la communauté internationale.
Bintou Diallo pour le Journal du Pays