Les femmes casamançaises pour la défense des « Najiba »
L’exécution barbare d’une femme de 22 ans du nom de Najiba, sous prétexte d’adultère, près de Kaboul, les coups de fouet sur une autre au Nord du Mali, confirme le besoin pressant de mieux soutenir la progression des droits des femmes et démontre l’inefficacité choquante de l’aide internationale en Afrique et dans le monde. C’est dire l’état affligeant dans lequel se trouve encore la condition féminine, et ce, malgré des avancées notables depuis la chute des régimes totalitaires et fanatiques.
Une présence internationale depuis 1960 en Afrique n’a pas réussi à infléchir de manière significative le système de lois ni, surtout, à fracasser une culture d’enseignement de l’infériorité des femmes casamançaises, entretenue par ailleurs au Sénégal de manière ambigüe.
Dans le conflit de Casamance elles sont persécutées, violées et humiliées.
Selon des données colligées par des associations casamançaises de villageois à Dakar et Rufisque, quelque 50 femmes et filles croupissent dans les prisons de ces villes pour des « crimes moraux ». Parmi elles des domestiques qui ont refusé de coucher avec leur employeur, et d’autre qui refusent de vendre leur chair.
À partir d’entrevues effectuées dans la prison des femmes à Rufisque, nos sources ont constaté que les histoires de ces « bonnes à tout faire » rimaient avec mariages forcés ou à un trop jeune âge, sévices physiques, viols, prostitution, enlèvements et menaces de mort. Ces femmes ont abouti en prison pour avoir tenté de fuir la violence domestique. En tournant le dos à ce sort familial, elles sont tombées dans les pièges tendus par le système.
Un système qui criminalise ces femmes en fuite, plutôt que de les soutenir. Un système où les procureurs transforment des victimes de viol en coupables, le crime moral le plus puni, avec la fuite du domicile. Ces femmes sont victimes une première fois dans l’intimité et une seconde fois par le système qui les condamne au moment de leur fuite, offrant ainsi en prime à l’agresseur sénégalais l’impunité absolue.
Aline Sitoé Diatta n’avait-elle pas quitté ce statut de domestique pour mener haut le flambeau de la résistance casamançaise ? Aujourd’hui une plateforme des femmes casamançaise est née pour s’activer dans la recherche de la paix.
En Casamance, les futurs dirigeants doivent d’abord faire un grand pas de géant pour la scolarisation des filles. Ensuite, le respect de la femme et de ses droits doit être garanti.
Ce soutien est indispensable ne serait-ce que pour protéger les femmes.
De son côté, la communauté internationale doit exiger avant toute aide pour ces pays ne garantissant pas le droit des femmes, d’adapter les lois et les conditions des femmes aux normes humaines, c’est à dire que l’homme n’est pas fondamental et la femme secondaire, mais que les deux sont fondamentaux et complémentaires.
Bintou Diallo pour le Journal du Pays