Moustapha Diédhiou répond « Non » à Macky Sall
« Nous aurions préféré, à la limite de la stupidité, que le programme du Candidat Macky Sall pour notre Casamance se fasse appeler plan sale, mais non « Plan Marshall ». L’ignorance de l’histoire est assujettie aux fausses références. Heureusement, il est, dans chaque peuple et pour chaque nation, des fils dignes qui osent affronter l’indignation et redresser le discours politicien.
En offensant le 17 février 2012 sous les augures fantastiques et les applaudissements de l’électorat ou des spectateurs de Bignona, M. Sall a comparé, sinon, a traité les populations de la Casamance de pro communistes, voire de Communistes tout simplement. Vous pourriez sans doute mettre tout ceci sur le dos de l’imprudence, seulement je crois pour ma part que c’est une question d’ignorance de l’essence même de ce que fut le Projet du Président idéologue Georges Marshall.
Ceux à qui l’histoire a fait confiance de se confier se rappellent certainement que le « Plan Marshall » fût pour les États-Unis une bretelle didactique permettant de rallier l’Europe occidentale comme un pantalon entre les pattes de son maître ; mais aussi et surtout, il fut un outil de combat économique contre le Communisme. Or M. Sall qui prétend avoir un programme économique et de paix pour nous s’en prend à la dignité historique, sinon à la Casamance méprisée et méconnue.
Ne nous méprenons pas, notre Terroir s’est réveillé depuis des lustres, ce n’est pas en 2012 que nous permettrons des gens peu scrupuleux n’ayant rien à dire de venir nous blasphémer de si belle manière. Il nous faut être honnêtes et absolument clairs dans l’analyse de l’état actuel de ce qu’est la Crise Casamançaise que d’aucuns prennent comme une vache laitière. Qu’on semble assister à une promenade de quinquennat en Casamance est une chose, mais venir en terre foulée de mépris politiciens pour ne rien proposer de nouveau et de concret en est une autre. J’aimerais bien que M. Sall dise à toute la Casamance entière où est ce qu’il était durant les cent premiers jours de l’arrivée au pouvoir de Président Wade.
Si, au Sénégal, il y a encore des gens qui espèrent voir émerger en Casamance une jeunesse anxieuse de son destin qu’ils se détrompent. Nous sommes nombreux à être déterminés de défendre dans la droiture nos intérêts fondamentaux. Toute cette compromission n’a que trop duré, et face à une arène politique sénégalaise de flemmards intellectuels nous répliquerons mieux par les idées que par les théories inadaptées et folles.
M. Sall doit comprendre et retenir pour son discours politique, ou sa communication, que l’histoire est constituée de faits qu’il faut non seulement maîtriser, mais particulièrement être en mesure de discerner pour en déterminer une meilleure raison. Tout contraire mène à l’insanité et à la désolation totale pour un prétendant à la magistrature suprême d’un pays comme le Sénégal. Je ne fais toutefois pas du pays une exception comme pourraient le prétendre les moins prudents et les plus vaniteux d’entre nous. C’est maladroit et honteux pour l’Histoire. C’est aussi un outrage à la Casamance naturelle de proposer un soi-disant plan au nom qui rappelle le contexte politique des États-Unis des années 47, en pleine période froide, car au delà du contexte et des raisons idéologiques, il s’agit ici d’un pays : le Sénégal.
D’abord parce que la Casamance est pour l’heure partie intégrante d’un Sénégal où les infrastructures sont pour ainsi dire toutes assimilables et que sa situation humanitaire ne peut constituer en rien un rapprochement in extremis avec celle de l’URSS d’alors où la misère régnait. Je crois qu’on meurt de faim ailleurs, mais pas en Casamance. La seule gêne, c’est la situation ni guerre ni paix qui nous est insupportable et qu’aucun politique ne se montre enthousiaste à la solutionner par de simple compromis. Les investissements sacrifiés sont à la merci d’un lobbying qui, pour des raisons que je ne saurais évoquer, ont détourné toutes les motivations externes de développement économique dans notre si chère Casamance. La logique voudrait que nous mettions ce statu quo sur la longue liste des conséquences de l’instabilité. Moi j’ai choisi de m’interdire une telle vanne. Nous savons bien que nous sommes en politique et que le jugement de valeurs se fait souvent selon nos références et nos préférences. Que personne ne vienne me dire que si la politique touristique sur la petite côte est privilégiée par rapport à celle de la côte casamançaise c’est parce qu’il y aurait une Guerre. Oui, sûrement, mais en attendant que font les politiques pour rééquilibrer les tendances et donner sens à nos institutions par de simples réformes ?
Ensuite, puisqu’il nous parle de « Plan Marshall », quels indicateurs justifieraient les motivations de M. Sall à trouver une ouverture de marché pour des supposés produits de Dakar à destination de la Casamance ? Et, comment M. Sall pourrait permettre Dakar de financer par des « prêts » la Casamance pour faciliter une telle ouverture de marché comme si nous étions officiellement deux pays, deux marchés distincts, et donc deux destins liés mais séparés ? Où que la reconstruction de la Casamance serait-elle passible d’une réelle discrimination positive comme il le prétend ? Et si je comprends bien, selon M. Sall – même s’il ne le dit pas haut ou qu’il le pense bas – la Casamance aurait un Statut particulier dont nous, fils de la Casamance, n’avons pas encore dit la bienvenue. Est-ce pour venir après nous dicter des conditions d’un tel plan et nous y contraindre par des règles parce que nous serions ruinés, affamés et outrés ? Le projet de la reconstruction de la Casamance de Wade avec ses chaumières, cette ruse qui nous a détourné dans les années 2000 de la réalité, semble avoir son double avec M. Sall. Je crois qu’il faut arrêter les abus d’imprudence ; il faut s’offusquer devant une telle blague de mauvais goût car nous ne sommes pas des primitifs qui n’auraient jamais cerné un tel rabattage de théories et d’expressions loin de s’acclimater à nos consciences ni à nos jeunes États et indigne d’un Homme d’État. Le « Plan Marshall », c’est un fait rendu possible par une nation pour d’autres États, non par un pays pour ses propres régions. Pourrait-il sans doute être adapté à l’intérieur d’un pays sur certains aspects, mais attendons les détails du béni Sall pour définir le degré d’aberration.
Enfin, M. Sall et son plan sale qui n’est d’ailleurs défini que d’expression empruntée pourrait-il craindre que la Casamance n’agonise au profit de la Bissau voisine ou de la Gambie ? Ce qui n’aurait pas de sens. Que donc, avec son plan d’aide vains de sens, éviterait-il présomptueusement la situation ni guerre ni paix dont pâtit notre chère Casamance depuis 30 ans sans qu’un seul soit capable de mettre sur table le véritable obstacle ? Où que cette situation est causée par la pauvreté, la faim et le désespoir d’une seule partie du pays ?
Je suis déçu et dégouté, car tout à ses débuts j’ai pris le risque de lui accorder ma modeste attention dans un espoir aujourd’hui contaminé de vices. Nous sommes vraisemblablement confrontés à une époque où nos vrais oppresseurs sont ceux là qui sollicitent notre attention et notre soutien juste pour nous traiter de cons. Chaque présidentielle le même-discours plagié de l’idéal politicien.
Toutefois, c’est aujourd’hui le plus grand défi qu’ait connu notre Casamance, je le crois bien, dans toute sa pernicieuse situation ni guerre ni paix. Je suis favorable à la défense de nos intérêts les plus fondamentaux pour dignement préserver nos populations d’une catégorie de politiciens qui ne savent et n’espèrent que s’en prendre aux plus faibles pour asseoir le pourtour nécessaire à l’accommodement de leurs égos. M. Sall, en évoquant le « Plan Marshall », a comparé la Casamance à un pays (pourquoi pas) et ses populations à de bêtes communistes pourquoi pas. Idem quand le Candidat Wade nous à traité d’affamés lors de sa tournée à Ziguinchor, à la place Aline Sitoé Diatta, en déclinant son « projet à pains ». Et, d’aucuns ont applaudi, même M. Baldé, Maire de Ziguinchor privé de parole, à l’idée de voir demain toute une région ziguinchoroise – d’Oussouye à Bignona – où les pains beurré, chocolaté ou huilé détermineront les indicateurs socio-économiques d’évaluation de politiques publiques. C’est encourageant, afin pour les plus optimistes, nous passerons toutes nos journées à manger du pain. Merci Wade !
À vrai dire, les causes de cette déferlante sont connues : beaucoup de nos politiques ne répondent pas, ou plus maintenant, aux exigences réelles de la compétitivité politique. Je crois qu’un politicien (sens propre) comme on ne l’a rarement vu au Sénégal, ne doit jamais manquer une occasion de se voir intelligent, se sentir gratifié, et s’assurer une force de proposition d’idées concrètes. De toute façon – toute chance semble tirer vers ce champ d’idées – dans un futur très proche, une nouvelle génération (la notre je le crois bien) saura poser un débat de fond, enfin. Autrement dit, qu’il ne s’agira plus d’avoir juste moyens financiers et audace facile pour se prévaloir dirigeant, mais surtout qu’il faut avoir l’audace certaine et les moyens intellectuels capables de proposer un choix de projets de société aux populations. Nous n’aurons plus la malchance de voir n’importe qui régner en inconditionnel.
Les gouvernants ont laissé se creuser des déséquilibres entre les différentes parties du pays depuis les indépendances, particulièrement en Casamance et c’est à tous les fils casamançais de s’unir pour réparer la donne avec ou sans soutien des plus minables. C’est seulement une telle dynamique commune, qu’ignorent M. Sall et Cie, que je propose, et juge de bonne foi, pour assurer aux fils de la Casamance d’être acteurs de la résolution propre de cette crise humaine, institutionnelle et politique.
Face à des politiciens insouciants, il ne faut plus avoir peur de dire NON. Saurais-je vous assurer davantage que notre seul but est d’éviter le chaos. Nous avons plus que jamais besoin de promouvoir notre unité nationale, puis régionale, et y parvenir sûrement avec des mesures pas les plus commodes, mais certainement les plus raisonnables devant cet état de faits. Il faut désormais apprendre à s’appliquer dans une perspective de se faire respecter.
Nous n’avons que notre Casamance, alors puisse Dieu nous donner la force et le sens des valeurs afin de défendre loyalement et de protéger nos biens et nos populations de toutes formes d’injustice.
Que la Paix nous revienne, vite.
Moustapha G. DIEDHIOU Étudiant en Master Science politique, Relations internationales, Sécurité et Défense. Université Jean Moulin Lyon III, France.