Négocier: mais où, quand, comment ?
Après le « Show Time » du conseil des ministres du gouvernement sénégalais à Ziguinchor, le débat continue de faire rage dans les villes de la Casamance et dans les antichambres du MFDC comme dans les salles de rédaction et des questions se posent : « le dialogue oui, mais où, quand, comment et avec qui ».
L’issue de ce conseil dépendait de la manière dont le Sénégal devrait répondre à la disposition du MFDC de passer à la table de négociations. Cette ligne du MFDC n’a pas changé, à ce que je sache, depuis les premiers appels d’Augustin Diamacoune Senghor. Aujourd’hui, la capacité du MFDC à rapprocher les points de vue des Casamançais et de beaucoup de Sénégalais autour du dialogue et de la paix, soutenue par la pression d’Atika sur le terrain militaire avec des prisonniers de guerre, des victoires lors des batailles d’Effock et du Fouladou, ont eu raison des déclarations tempérées de Macky Sall et de ses ministres. Le dos au mur, Macky Sall promet 360 milliards. Ces prédécesseurs ont aussi promis des milliards en Casamance et la suite nous l’avons jugé sur le terrain. Entre promesse politique et réalité sur le terrain, les Casamançais restent réalistes et concrets.
Du concret, nous voulons savoir où, quand et comment se dérouleront ces négociations. Macky Sall ne veut pas donner de date ( Wade avait promis 100 jours ), pire il n’y a pas de feuille de route. C’est dans un interview qu’il demande au MFDC un préalable d’une libération des prisonniers de guerre. Le Sénégal de Macky Sall se retrouve donc une nouvelle fois en embuscade. Tant que ces questions ne seront pas répondues par le président sénégalais, la tergiversation et le rafistolage le conduiront devant le précipice. Les Casamançais ont toujours appris des politiciens sénégalais, mais ils ne peuvent plus s’abriter derrière des faux-fuyants.
Le mérite, le MFDC a changé la conscience vive en Casamance en une mutualisation de la cause casamançaise. Je ne me souviens pas depuis ma naissance, de voir et de percevoir autant de débats, autant d’implications et autant d’interventions sur la Casamance. L’objectif des Casamançais n’a pas changé : être libre dans un pays libre et indépendant.
Bintou Diallo pour le Journal du Pays