Se libérer d’abord du cadre constitutionnel sénégalais
La perspective de l’indépendance de la Casamance revendiquée par le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance depuis sa création en 1946, attise bien aujourd’hui encore les appréhensions de la communauté sénégalaise affairiste vivant en Casamance. Plusieurs Sénégalais évoquent même en privé ou en public la possibilité de prendre leurs cliques et leurs claques si les troubles continuent et que le gouvernement de Macky Sall et le MFDC ne trouvent pas une solution négociée de la crise.
Le futur programme politique du MFDC en matière d’identité casamançaise préoccupe grandement plus d’un sénégalais.
« Je pense qu’un exode important nous attend, des Sénégalais qui sont effectivement restés depuis 1960et acquis des terres et des biens ne souhaitent juste pas vivre cette histoire prochaine, ils risquent de perdre tout. Mais cela est aussi valable avec les Casamançais qui vivent au Sénégal. C’est en fin de compte un choix difficile à trancher » a dit Malamine B.
instituteur de profession qui suit le dossier de la Casamance depuis les événements de 1982.
« Les Casamançais sont indépendants dans beaucoup de sens sauf pour la couleur de leur carte d’identité. Et j’en connais beaucoup d’entre eux qui ne souhaitent pas en avoir. J’ai toujours dit, si la Casamance est votre maison alors vous devriez y rester avec la garantie de tous vos droits » conclut-il.
Construire la Casamance de demain ne sera pas une tâche facile pour les indépendantistes du MFDC. Une discussion sur la Charte de la laïcité, sur la xénophobie, sur la tolérance, et d’autres questions sensibles consacrerait la maturité politique des dirigeants.
Mais pour en arriver là, il faudrait que les Casamançais se libèrent du cadre constitutionnel dans lequel le Sénégal les a emprisonnés depuis 1980.
Emile Tendeng