Afrique du Sud: Le plus grand procès anti-corruption démarre aujourd’hui
Dès ce lundi et jusqu’au 31 janvier 2014, 24 témoins vont devoir répondre aux questions de la commission d’enquête. Parmi eux, l’ancien président Thabo Mbeki, l’ex-ministre de la défense, Mosiuoa Lekota ou encore l’actuel ministre du plan, Trévor Manuel, à l’époque ministre des finances.
Tous étaient au pouvoir en 1999 dans le gouvernement de l’ANC quand environ 5 miliards de dollars avaient été débloqués pour du matériel de défense.
Les observateurs parlent du plus gros contrat d’armement jamais signé depuis la fin de l’apartheid et plusieurs hommes d’affaires et politiques haut placés sont soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin.
Jacob Zuma, le chef de l’état sud-africain, avait lui même été poursuivi pour fraude, blanchiment et racket. Il s’était débattu pendant huit ans dans des procédures contre des accusations, finalement levées in extremis avant son élection en 2009.
Son ex-conseiller financier, Chabir Shaik, avait lui été condamné à 15 ans de prison pour avoir négocié un pot-de-vin entre Zuma et le fabricant d’armes Thint, filiale sud-africaine de Thomson CSF, devenu Thales.
Il y a deux ans, beaucoup avaient été surpris par la décision de Jacob Zuma de rouvrir l’enquête. En fait, à l’époque le chef d’état avait devancé la Cour constitutionnelle qui aurait pu le forcer à rouvrir le dossier. Aujourd’hui le président sud africain n’est pas vraiment menacé personnellement et beaucoup jugent qu’il s’agit pour lui d’une manœuvre tactique pour blanchir son nom, à quelques mois des élections prévues en 2014.
Et puis, l’indépendance de la commission a été mise en doute à plusieurs reprises. Rien que ce dimanche, un article en « une » du journal Sunday Times, a rappelé que depuis la formation de cette commission, trois de ses membres ont démissionné, l’un d’eux remettant en question la crédibilité de son travail d’enquête.
Saliou Cissé