Egypte: au moins une centaine de pro-Morsi tués par l’armée et la police
Plusieurs manifestants, plus d »une centaine, ont été tués, dont certains par balles, mercredi au Caire quand la police a dispersé deux rassemblements de partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, selon des témoins qui a pu compter les cadavres, tous des hommes.
Les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, évoquent de leur côté plus de 250 morts, mais il n’est pas possible de confirmer l’ampleur de ce bilan de sources indépendantes.
La police, soutenue par l’armée, a donné l’assaut en début de matinée sur les deux places que les pro-Morsi occupent depuis plus d’un mois avec femmes et enfants.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé moins de deux heures après l’assaut que la place Nahda, la plus petite des deux, était totalement sous contrôle de la police, assurant que deux membres des forces de l’ordre ont été tués quand la police a essuyé des tirs des manifestants.
Sur la grande place Rabaa al-Adawiya, les manifestants ont dépêché des centaines d’hommes sur les barricades de sacs de sable qui barrent l’accès principal, tandis qu’à l’arrière, près de la mosquée Rabaa al-Adawiya devenue le QG des leaders des Frères musulmans et de l’Alliance contre le coup d’Etat, les grenades lacrymogènes pleuvaient sans discontinuer, a rapporté le journaliste de l’AFP sur place.
Des tirs d’armes automatiques ciblaient également les manifestants, apparemment visés par des snipers embusqués dans les immeubles résidentiels qui entourent la place Rabaa, selon ce reporter qui a pu compter 43 cadavres alignés sous une tente servant de morgue de fortune, non loin d’un hôpital de campagne où des médecins s’affairaient à soigner de nombreux blessés.
M. Morsi, le premier président égyptien élu démocratiquement, a été destitué et arrêté par l’armée le 3 juillet, après des manifestations monstres réclamant son départ. Les protestataires lui reprochaient d’avoir accaparé les pouvoirs au profit des seuls Frères musulmans et achevé de ruiner une économie déjà exsangue.
Le gouvernement mis en place par l’armée a promis des élections début 2014 mais est paralysé depuis plus d’un mois, ses membres étant partagés entre la volonté de recourir à la force pour disperser les sit-in pro-Morsi et celle de négocier une sortie de crise pacifique avec les très influents Frères musulmans.
AFP/Ibou Camara