Egypte: quatre mois après le coup-d’état, Mohamed Morsi à la barre
Le procès pour « incitation au meurtre » de Mohamed Morsi s’ouvre aujourd’hui en Egypte, un pays dans la tourmente depuis la déposition il y a quatre mois de son seul chef d’Etat démocratiquement élu. Le président islamiste déchu encourt la peine de mort ou la prison à perpétuité.
Ses partisans, emprisonnés ou décimés par l’implacable répression des autorités installées par l’armée dès le 3 juillet, appellent à la mobilisation au moment où M. Morsi doit faire sa première apparition publique depuis sa mise en détention au secret, faisant craindre de nouvelles violences.
Un général de la police a assuré qu' »un plan a été mis en place pour sécuriser le tribunal et le transport de M. Morsi jusqu’à la salle d’audience » installée dans une académie de police de l’est du Caire. Les autorités vont déployer 20’000 hommes au Caire, mégalopole de 20 millions d’habitants, se disant prêtes à répondre à toute violence.
Dès dimanche soir, deux policiers égyptiens ont été tués et un troisième blessé dans une attaque près d’Ismaïliya, sur le canal de Suez, ont annoncé des sources des services de sécurité, bilan confirmé de source médicale.
Contrairement au président déchu Hosni Moubarak, également jugé pour meurtre de manifestants, M. Morsi a déjà prévenu qu’il ne coopérerait pas avec la justice dont il ne « reconnaît pas l’autorité », selon l’Alliance contre le coup d’Etat, la coalition chapeautée par les Frères musulmans qui organise la mobilisation de ses partisans.
Quatorze personnes, dont des membres de sa garde rapprochée et plusieurs dirigeants de la confrérie des Frères musulmans à laquelle il appartient, comparaissent également dans la même affaire.
Ce procès risque d’attiser un peu plus les divisions dans un pays où plus d’un millier de pro-Morsi ont péri dans la répression et où plus de 2000 islamistes ont été emprisonnés, dont la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans.
Ibou Camara