France: Hollande en Israël sur fond d’intransigeance à l’égard de l’Iran
Le président François Hollande sera de dimanche à mardi en Israël et dans les Territoires palestiniens, au moment où la France, qui espère peser sur le processus de paix dans l’impasse, apparaît au côté des Israéliens face à l’Iran.
Pour cette longue visite à l’étranger, le chef de l’Etat tentera aussi de relancer des relations économiques et commerciales jugées à Paris guère à la hauteur de la qualité de la relation politique.
Les flux commerciaux entre les deux pays s’élevaient en 2011 à 2,3 milliards d’euros, la France n’étant que le 11e fournisseur d’Israël. Israël est un pays riche, à la pointe de l’innovation mais nos échanges sont médiocres, déplore un haut responsable français sous couvert d’anonymat.
Une quarantaine de dirigeants d’entreprises comme Alstom, Arianespace ou Vinci seront du voyage, au cours duquel François Hollande, Benjamin Netanyahu et le président Shimon Peres inaugureront, mardi à Tel Aviv la 2e Journée de l’innovation Israël-France.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait savoir cette semaine qu’il attendait impatiemment M. Hollande, qualifié d’ami proche d’Israël. Son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, à la manoeuvre pour hausser le niveau d’exigences dans les négociations multilatérales avec Téhéran sur son programme nucléaire, est également attendu les bras ouverts.
Pour l’Elysée, si l’approche tactique de la France peut différer de celle d’Israël, les deux pays s’accordent pour estimer que le volet militaire du programme nucléaire iranien doit cesser. Téhéran affirme de son côté ne poursuivre avec ses activités controversées qu’un objectif civil d’acquisition d’énergie nucléaire.
La position de la France sur l’Iran n’est pas pour plaire à tel ou tel Etat, souligne-t-on à Paris. C’est une proposition claire découlant du principe: nucléaire civil oui, bombe atomique non, ajoute-t-on.
Sur le dossier israélo-palestinien, François Hollande entend encourager les deux parties à réaliser les compromis et efforts nécessaires pour surmonter leurs dissensions, selon l’Elysée où l’on reconnaît que l’engagement personnel du secrétaire d’Etat américain John Kerry est déterminant dans les fragiles négociations de paix rouvertes il y a trois mois.
C’est cet esprit d’encouragement et d’espoir qu’il fera valoir dimanche, lors de ses rencontres avec les dirigeants israéliens, lundi à Ramallah avec le président palestinien Mahmoud Abbas ou mardi devant la Knesset, le Parlement israélien.
Persuadé de l’influence de la France dans la région, le président français, accompagné d’une demi-douzaine de ministres, plaidera pour une solution à deux Etats avec des garanties de sécurité pour Israël et de viabilité pour le futur pays des Palestiniens. Il devrait à nouveau dénoncer la poursuite de la colonisation juive des Territoires palestiniens qui menace les pourparlers de paix.
A Israël, a-t-on précisé dans son entourage, il adressera cependant un message d’amitié, fort et sans retenue mais aussi de soutien au développement économique, culturel ou scientifique et à son insertion dans la communauté internationale.
Alors que Benjamin Netanyahu a promis de dérouler le tapis rouge au président français, Paris assure aussi que tout a été fait pour que l’ensemble de la visite se déroule sereinement, loin du coup de colère de Jacques Chirac s’agaçant en 1996 de la pression des services de sécurité israéliens.
Cet incident s’était produit dans l’enceinte de l’Eglise Sainte Anne des Croisés, l’un des quatre domaines de Jérusalem placés sous la protection de la France, où se rendra également François Hollande.
Le président français multipliera les visites symboliques. Il se recueillera sur les tombes du fondateur du mouvement sioniste Theodor Herzl et de l’ex-Premier ministre assassiné Yitzhak Rabin, visitera Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, et déposera une gerbe au mausolée de Yasser Arafat, à Ramallah. Au dernier jour de sa visite, il se recueillera sur les tombes de quatre victimes de l’attentat perpétré par Mohamed Merah du 19 mars 2012 à l’école Ozar Hatorah de Toulouse dans le sud-ouest de la France.
AFP / Ibou Camara