Italie: la presse dénonce le massacre de la honte à Lampedusa
La presse italienne a dénoncé vendredi matin « le massacre de la honte », « le cimetière des migrants » qu’est devenue l’île de Lampedusa. Le naufrage d’un bateau chargé de migrants a fait au moins 130 morts et 200 disparus jeudi.
« Le massacre de la honte » titrait en une la « Repubblica », rappelant qu’il s’agit de la « plus grande tragédie en mer des clandestins », avec des enfants et des femmes enceintes parmi les victimes.
Au-dessus d’une photo montrant les dizaines de cadavres recouverts de linceuls verts, le quotidien consacre huit pages à la tragédie. Le pape François, en visite vendredi à Assise , l’avait déjà qualifiée de « honte » la veille.
« Le massacre des migrants, l’Italie en deuil » titre le « Corriere della Sera ». Le quotidien milanais a choisi de ne pas mettre de photos de cadavres en Une, mais celle des survivants – quelque 150 – parmi les 450 à 500 Eyrthréens et Somaliens qui se trouvaient à bord de l’embarcation qui a pris feu au large des côtes de la petite île, située au sud de la Sicile.
De nombreux témoignages des pêcheurs ayant réussi à secourir les migrants parsèment les pages des quotidiens italiens. On y trouve aussi celui de cette jeune Erythréenne, donnée pour morte et sauvée par un garde-côte qui a entendu qu’elle respirait encore.
« Aujourd’hui est un jour où penser aux secours, un jour de pitié et de deuil. Mais une fois séchées les larmes et montrés du doigt ces criminels qui vivent de la traite de tels désespérés, entassant 500 personnes dans une embarcation de quelques mètres de long, il sera temps de dire ‘assez' », affirme l’éditorialiste du quotidien, Gian Antonio Stella.
La « Stampa », qui évoque « l’hécatombe de Lampedusa », met en première page les photos de famille récupérées par les secours « dans les sacs et les vêtements des survivants ». Des couples d’amoureux, des portraits de famille ou des groupes de copains souriants dont les vies ont été « brisées ».
Ibou Camara