Mali: l’Etat veut à accélérer la décentralisation
Le gouvernement malien s’est engagé à accélérer la décentralisation afin de répondre aux aspirations au développement des minorités, dont les Touareg, qui se sentent marginalisés dans le nord du Mali.
Bamako s’est engagé à assurer un transfert effectif des compétences ainsi que des ressources financières indispensables à une politique efficace de décentralisation, selon un document adopté mercredi soir à l’issue d’une réunion sur ce thème.
Les états généraux de la décentralisation, l’une des premières phases d’un dialogue censé pacifier le nord du Mali, ont rassemblé pendant trois jours quelque 600 participants, en majorité des représentants de l’Etat et des régions, dans la capitale malienne.
En ouvrant les travaux lundi, le président malien Ibrahim Boubacar Keita avait estimé qu’il fallait apporter des réponses définitives aux frustrations qui alimentent l’irrédentisme de nos frères touareg.
Le MAA, un mouvement rebelle arabe du Nord, a catégoriquement rejeté la tenue de ces états généraux ainsi que l’organisation d’élections législatives et municipales, avant qu’un accord de paix global et définitif ne soit signé.
Le MAA, qui réaffirme son attachement à un système d’autogestion du Nord, a par ailleurs dénoncé les arrestations arbitraires et la non libération de prisonniers par Bamako, dans un communiqué reçu jeudi par l’AFP à Ouagadougou.
Le gouvernement mettra tout en oeuvre pour que les résolutions, les décisions de la rencontre soient respectées et mises en application, a affirmé le Premier ministre malien, Oumar Tatam ly, en clôturant les états généraux.
Le nord du Mali a connu en 2012 une rébellion touareg suivie d’un coup d’Etat militaire à Bamako. Des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda ont ensuite pris le contrôle de la région. Une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 et toujours en cours, les en a délogés, mais des éléments jihadistes restent actifs dans la région.
Si elle doit s’appliquer à l’ensemble des régions maliennes, une décentralisation plus poussée concerne plus spécifiquement le nord du pays, vaste région désertique qui occupe les deux tiers du territoire et où les infrastructures de base (eau, électricité, santé, éducation, routes) sont déficientes, voire inexistantes.
Les populations de ces régions issues de diverses communautés – Songhaï, Peul, Arabe, Touareg – se sentent abandonnées par l’Etat central. La pauvreté a servi de terreau depuis plusieurs années à divers groupes armés aux motivations politiques, religieuses et/ou criminelles, qui s’y sont livrés à toutes sortes de trafics et de violences.
Leurs activités ont atteint leur paroxysme en 2012, avec le lancement d’une nouvelle rébellion touareg, après celles des années 1960, 1990 et 2000.
Saliou Cissé