Nigeria: au moins 20 morts dans des violences dans le centre
KANO (Nigeria) – Au moins vingt personnes ont été tuées vendredi dans de violents affrontements au Nigeria entre chrétiens et musulmans dans l’Etat de Taraba (centre), a indiqué un secouriste samedi à l’AFP.
Nous avons découvert 20 corps jusqu’à présent dans la localité de Wukari, à 200 km de Jalingo, capitale de l’Etat de Taraba, a précisé cette source, ajoutant qu’un couvre-feu de 24 heures a été imposé à Wukari.
Nous continuons à parcourir la ville pour rechercher des corps, a ajouté le secouriste.
Les affrontements ont éclaté lorsque les participants au cortège funèbre d’un chef traditionnel de l’ethnie Jukun, à majorité chrétienne, ont traversé un quartier musulman en criant des slogans que des musulmans ont jugé provocants, ont expliqué des habitants.
Les porte-parole de la police et du gouverneur de l’Etat de Tabara ont confirmé les incidents, sans fournir de précisions sur le nombre de morts.
Il y a eu des accrochages hier (vendredi) entre des chrétiens et des musulmans à Wukari lors des funérailles d’un chef traditionnel, mais la situation est sous contrôle et nous attendons un rapport complet sur les évènements, a indiqué le porte-parole de la police Joseph Kwaji.
Le gouverneur de l’Etat a imposé un couvre-feu de 24 heures à Wukari en attendant le retour au calme, a pour sa part affirmé le porte-parole du gouverneur Kufas Sule.
Les tensions entre les deux communautés se sont avivées à Wukari, une ville majoritairement chrétienne, depuis février dernier. Des violences meurtrières avaient alors éclaté entre chrétiens et musulmans à la suite d’une querelle sur l’utilisation d’un terrain de football par des équipes des deux communautés, faisant plusieurs morts.
Les affrontements de vendredi sont intervenus au lendemain de la mise en place par le gouvernement de l’Etat d’une commission pour enquêter sur les violences de février.
Le Nigeria, divisé entre un Nord à dominante musulmane et un Sud majoritairement chrétien, fait face notamment à une insurrection de la secte islamiste Boko Haram, très active dans le nord et le centre du pays.
L’ancien ministre nigérian du Pétrole, Shettima Ali Monguno, 87 ans, a été enlevé vendredi par des hommes armés à l’extérieur d’une mosquée dans la ville de Maiduguri, fief du groupe islamiste Boko Haram, dans le nord-est du Nigeria, selon sa famille.
Dans ce contexte de recrudescence de la violence, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a réclamé mercredi l’ouverture d’une enquête par la Cour pénale internationale (CPI) sur le bain de sang survenu le 19 avril dans la localité de Baga (nord-est), où l’armée a affronté des membres présumés du groupe islamiste radical Boko Haram.
HRW a notamment publié des images satellite de destructions massives dans cette localité, soupçonnant l’armée nigériane de chercher à masquer l’ampleur des abus qu’elle aurait commis.
L’ONG, qui estime que l’armée nigériane s’est rendue coupable de crimes contre l’humanité dans sa répression de l’insurrection lancée en 2009 par Boko Haram, estime que l’incident de Baga devrait être ajouté à l’enquête préliminaire du procureur de la CPI ouverte en 2010.
L’armée nigériane a reconnu la mort de 37 personnes, tandis que la Croix-Rouge a mentionné un bilan de 187 morts et qu’un sénateur de la région a parlé de 228 morts.
L’armée a démenti les accusations de HRW.
Donnant un nouveau bilan des violences incluant les victimes des islamistes comme celles de la répression, HRW estime le nombre de morts à 3.600 depuis 2009. Le précédent bilan s’établissait à 3.000 morts.
En début de semaine, le président nigérian Goodluck Jonathan a affirmé que son pays connaissait actuellement une période éprouvante au plan sécuritaire.
AFP/Saliou Cissé