Tunisie: Assassinat de l’opposant Mohamed Brahimi à Tunis
Le dirigeant tunisien d’opposition Mohamed Brahimi a été abattu jeudi de plusieurs balles devant son domicile à Tunis. Cet assassinat a provoqué manifestations et incidents dans la capitale tunisienne et à Sidi Bouzid, dans le centre du pays.
Selon des témoins, M. Brahimi, leader du Mouvement populaire (Echaâb) a été abattu par deux hommes à moto devant chez lui alors qu’il descendait de voiture. « Il a été tué devant sa maison alors qu’il était avec sa fille handicapée », a déclaré Mohamed Nabki, membre lui aussi d’Echaâb.
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le ministère de l’Intérieur à l’annonce de l’assassinat en exigeant la démission du gouvernement dominé par les islamistes.
« A bas le pouvoir islamiste! », criait la foule. « Ce gang criminel a tué la voix libre de Brahimi », a déclaré sa veuve Mbarka Brahimi. Elu à l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mohamed Brahimi, âgé de 58 ans, était fondateur et ancien secrétaire général du Mouvement populaire, une formation laïque et nationaliste.
Bureaux d’Ennahda incendiés
A Sidi Bouzid, des bureaux du parti islamiste Ennahda, au pouvoir ont été incendiés par des manifestants.
Des milliers de personnes « très en colère » sont descendues dans les rues, ont bloqué plusieurs artères de la ville et mis le feu à des pneus.
« Jour de deuil national »
Membre de l’assemblée chargée d’élaborer la nouvelle Constitution, Mohamed Brahimi n’avait pas ménagé ses critiques envers le parti islamiste Ennahda au pouvoir. Le président de l’ANC, Mustapha Ben Djaafar, a déclaré que vendredi serait « un jour de deuil national ».
Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahda, a estimé que l’assassinat de Mohamed Brahimi avait pour but de « stopper le processus démocratique en Tunisie et de tuer le seul modèle réussi dans la région, particulièrement après les violences en Egypte, en Syrie et en Libye ».
Le 6 février, un autre responsable de l’opposition laïque, Chokri Belaïd, avait déjà été abattu devant son domicile dans la capitale tunisienne, probablement par un membre d’un groupe salafiste radical, selon la police. Son décès avait provoqué à travers le pays les plus importantes manifestations depuis la chute de Zine el Abidine Ben Ali.
Condamnations à l’étranger
La Suisse et la France ont condamné « avec la plus grande fermeté » cet assassinat.
La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a condamné l’assassinat et demandé « une enquête rapide et transparente » sur ce crime, soulignant qu' »il s’agit du troisième assassinat de cette nature au cours des dix derniers mois ».
Saliou Cissé /ats