Caraïbes / Europe: Les Caraïbes demandent à l’Europe le dédommagement pour l’esclavage
Les quinze pays membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont conclu mardi un accord pour demander des réparations aux Européens qui ont pratiqué esclavage, colonisation et traite négrière jusqu’au XIXe siècle. Le Royaume-Uni, la France et les Pays-Bas sont principalement visés.
La CARICOM, qui a approuvé un plan en dix points à l’issue d’un sommet de deux jours à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, accuse non seulement les gouvernements européens d’esclavagisme et de génocide, mais estime aussi qu’ils ont imposé pendant un siècle une forme d’exclusion aux anciens esclaves.
L’organisation réclame des « excuses sincères et formelles aux gouvernements européens », l’annulation de la dette de ses pays membres ainsi que la mise en place d’un « programme de rapatriement » permettant aux descendants de « plus de 10 millions d’Africains déportés » de revenir vivre, s’ils le souhaitent, dans leur pays d’origine.
Selon la CARICOM, les pays concernés « ont refusé de reconnaître de tels crimes ou d’apporter des compensations aux victimes et à leurs descendants ».
« La plainte va sans doute être adressée aux gouvernements britannique, français, néerlandais, et très probablement suédois, norvégien et danois », a déclaré Martyn Day, un avocat britannique qui a participé à l’élaboration du plan. Il a précisé que les plaintes seraient envoyées d’ici la fin avril.
L’Espagne et le Portugal ne sont pas concernés puisque leurs anciennes colonies ne font pas partie de la CARICOM.
Les opinions publiques des pays des Caraïbes sont divisées au sujet des demandes de réparations. Leurs partisans jugent qu’elles permettront de rétablir la justice avec de nombreuses années de retard, tandis que leurs opposants estiment qu’elles sont inutiles et permettent aux gouvernements de détourner l’attention des problèmes sociaux actuels.
Ibou Camara