Casamance: Accusations graves contre l’Etat du Sénégal par le comité d’initiative pour le déminage
Eusébio Dasylva, le coordonnateur du comité d’initiative pour le déminage de la Casamance homme a publié un mémorandum explosif qui accuse de la mauvaise volonté de l’Etat du Sénégal sur les opérations de déminage au point de décourager les bailleurs de fonds.
Dans ce document, on peut lire ces graves accusations: « C’est en 2012 qu’une entreprise sud-africaine et une organisation non gouvernementale (ong) norvégienne ont démarré leurs activités de déminage au bénéfice des populations des régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda. Ces organisations sont venues renforcer le trvail de Handicap International qui était dans la zone depuis 2007 ».
La Suite enfonce le Clou: « Les opérations de déminage ont permis d’enlever des engins explosifs et de lever le doute sur des milliers de mètres carrés de terre dans plusieurs localités de la Casamance. Avec plus de 850 victimes, la Casamance a payé un lourd tribut à cause de ces engins de la mort. Il a été constaté que que beaucoup de zones minées ont perdu leur caractère stratégique aussi bien pour le Mfdc que pour les forces armées sénégalaises. Ces zones sont sous contrôle de l’armée sénégalaise pour la plupart (Djirack, Santhiaba Manjacque, Couring). Quoi de plus facile alors de déminer ces zones sans mettre en péril ni le processus de paix ni la sécurité des mineurs. Ce manque de volonté politique ajouté au non-respect par le centre national d’actions antimines (CNAMS) du Sénégal des normes internationales de l’action antimines ont fini par lasser les principaux bailleurs de fonds qui commencent à perdre patience (l’Allemagne et l’Union européenne) et sont désormais réticents à injecter des fonds. »
Un peu plus loin nous lisons: « L’opérateur norvégienne NPA a pris la décision de quitter la région en fin avril et il n’y a pas perspectives crédibles au-delà de cette date pour les autres opérateurs. Tout se passe comme s’il y avait une chape de plomb qui interdit qu’on évoque la mauvaise volonté des autorités sénégalaises quant à la reprise des activités de déminage. Pendant ce temps, les accidents continuent à endeuiller des familles et à semer la désolation dans les villages, le dernier accident par mine est survenu en janvier 2014 au village de Diégoune. Le droit pour les populations casamançaises à un environnement sûr ne saurait faire l’objet d’un quelconque compromis ou compromission au vu des engagements internationaux pris par le Sénégal. La question de mines ne devrait-elle pas être érigée au rang de priorité nationale et requérir toute la Nation une mobilisation sans faille ? Avec le retrait des bailleurs de fonds qui avaient accepté de financer le déminage, il n’y a l’ombre d’un doute sur le fait que le conflit nourrit son homme et que beaucoup d’individus n’ont aucun intérêt à ce qu’il y ait une paix définitive en Casamance. C’est pourquoi nous dénonçons l’attitude de l’Etat du Sénégal qui a fini par décourager et faire quitter les bailleurs de fond qui financent le déminage. Nous exigeons que le dialogue avec ces derniers soit rétabli dans les meilleurs délais et que l’armée sénégalaise soit partie prenante dans le processus tout comme le Mfdc afin que le déminage puisse reprendre au bénéfice de la population du Sénégal ».
Voilà donc que ces constats confirment ce que le Journal du Pays et tous les avisés de la scène politico-militaire en Casamance savaient déjà depuis 1998. Les mines antipersonnelles sont en toute évidence posées pour réduire la mobilité des combattants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance et donc il ne faut pas chercher loin les ennemis de la paix en Casamance.
Balanta Mané