Casamance: ANRAC- PPDC : Comment un simple projet prévu pour cinq ans peut-il coordonner les activités d’une Agence Nationale fruit de négociations entre l’Etat du Sénégal et le MFDC ?
Suite à lecture d’un article comportant une interview de Monsieur Séckou SAMBOU président du comité de pilotage du Projet Pôle de développement de la Casamance dans laquelle il a soutenu que son Projet « a pour mission de coordonner toutes les activités en Casamance y compris celles de l’ANRAC », le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance a tenu à lui faire cette mis au point.
Depuis un certain temps, le MFDC est entrain de s’interroger sur les objectifs et les missions de ce qui est appelé Projet Pôle de Développement de la Casamance (PPDC) sans jamais avoir de réponses précises.
Par la grâce de Dieu, nous avons eu les informations recherchées à travers une interview de Monsieur Séckou Sambou publiée dans un journal de la place qui informe que le PPDC est un projet dont il est le président du comité de pilotage et qui a pour missions entre autres :
– d’informer le gouvernement sur le déroulement des projets en Casamance
– définir les orientations et stratégies des projets et programmes en Casamance
– et de coordonner toutes les actions de reconstruction y compris celles de l’ANRAC
En réaction à sa déclaration, nous tenons d’abord à préciser que ce qui est appelé PPDC ne peut pas coordonner l’ANRAC pour la simple et bonne raison que l’ANRAC est une agence et non un projet et mieux encore, elle n’est pas une agence comme les autres. Nous tenons également à rappeler les hautes autorités du Sénégal particulièrement à Monsieur le président de la république que l’ANRAC est un acquis du processus de paix en Casamance. Qu’il s’en rappelle bien puisqu’il était premier ministre en 2004 et rien que de par son statut à cette époque, il connait tout le processus ayant aboutit a la création de cette agence.
Nous pouvons comprendre le comportement de Sékou Sambou soucieux de se positionner politiquement et de vouloir se faire distinguer et remarquer comme la plus part des acteurs intervenants dans la reconstruction et la recherche de la paix en Casamance. La procédure est invariable et nous l’avons assimilée ; nous savons qu’à chaque fois qu’une nouvelle structure ou qu’un nouveau groupe est créé, ses responsables s’inscrivent dans une dynamique de propagande et de soit disant rupture par rapport à ce que font les autres.
À bien lire les propos de Sékou Sambou, nous lui disons de tout faire pour prendre connaissance des textes de création de l’Anrac puisqu’il a avoué ne les avoir pas encore lus. Nous croyons que c’était la première chose qu’il devrait faire aussitôt après sa nomination et non faire semblant d’ignorer l’existence de l’ANRAC pour mieux asseoir sa volonté d’être le président « de la reconstruction et relance des activités économiques et sociales » en Casamance comme il le laisse sous entendre dans ses propos.
Il a dit que le PPDC est crée par arrêté N° 8848 du 10/06/2013 ; nous lui disons en guise d’information que l’ANRAC est créée par décret n° 2004-822 du 1er juillet 2004 ; soit prés de neuf ans après son PPDC.
Au moment de sa création, il a été annoncé le montant non de 20 mais de 90 milliards pour relancer le développement économique de la Casamance. L’agence devrait être financée par l’Etat et par les bailleurs. A cet effet cette même Banque Mondiale qui aujourd’hui a financé le PPDC avait financé pour cinq ans un projet dénommé projet d’urgence de l’appui à la reconstruction de la Casamance (PARC). Tout comme le PPDC, il était prévu que les bailleurs devraient apporter leurs contributions pour permettre à ce projet de mener à bien ses activités. La suite on la connait, c’est que les autres partenaires n’ont pas respecté leurs engagements et le PARC qui a été le projet test de la banque mondiale en termes de reconstruction a clôturé quatre ans après. Nous précisons que ce projet a été exécuté sous la supervision directe de l’ANRAC et a fait de très bons résultats en Casamance. C’est pour dire à monsieur Sambou que le MFDC est entrain de suivre toutes les activités de l’ANRAC depuis sa création car nous avons nos représentants qui siègent à toutes les sessions de comité de pilotage du PRAESC. C’est pourquoi à travers deux communiqués, le mouvement a tenu à rappeler au président de la république que le MFDC a décidé de suivre de manière très rapprochée les activités de l’ANRAC parce qu’il la considère comme étant leur fille ; L’ANRAC encore une fois est la résultante d’un long processus de négociations entre l’Etat et le mouvement sous la houlette de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor.
Ainsi tout ce qui figure dans le décret créant l’ANRAC est le résultat d’un consensus. Nous avons les documents et nous avons nos représentants dans le comité de pilotage du Programme de relance des activités économiques et sociales en Casamance (PRAESC) qui après chaque session nous rapportent les documents tout en nous faisant un compte rendu fidèle des débats.
Donc attention à ce que vous dites. Vous êtes trop petit monsieur Sambou pour vouloir enterrer l’ANRAC ; Si ce n’est pas un excès de zèle ou une ignorance de votre part, nous jugeons que vous êtes trop petit monsieur Sambou pour prétendre remettre en cause toutes les prérogatives de l’ANRAC au profit de votre PPDC. D’ailleurs votre attitude nous pousse à vous demander si vous êtes simplement le président du comité de pilotage, ou le coordonnateur du projet ou encore le chargé de communication. Un président de comité de pilotage ne fait pas autant de tapage. Son rôle est de veiller au bon usage des fonds ainsi qu’au déroulement des activités. Il n’intervient même pas dans la mise en œuvre. C’est plutôt un organe de contrôle que vous diriger et non le projet en tant que tel.
L’ANRAC est la seule structure de reconstruction de la Casamance créée à la suite d’un accord entre l’Etat et MFDC et au sein de laquelle le mouvement est fortement représenté dans le comité de pilotage. Ce qui est loin d’être le cas pour le PPDC dont nous ignorons comment il est créé.
Selon ce qui a été convenu entre le MFDC et l’Etat et que nous avons retenu est que l’ANRAC est créée pour assurer la mise en œuvre du PRAESC qui est un programme plus vaste que votre PPDC et qui se chiffre a plusieurs milliards. L’agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance a pour mission de :
– coordonner et d’harmoniser l’ensemble des interventions faites en Casamance dans le cadre de la relance des activités économiques et sociales.
– de faciliter la restauration rapide d’un environnement économique et social favorable dans les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda, semblable à celle du reste du Sénégal et de poser les bases d’un développement durable à long terme dans les dites régions tout en respectant leurs spécificités.
– de réduire les frustrations des populations en Casamance
– et d’être garante des aspects techniques de l’accord général de paix signé le 30 Décembre 2004 entre le Gouvernement de la République du Sénégal et le MFDC.
Nous suivons tout ce que fait l’ANRAC et nous connaissons que cette agence est handicapée par la faiblesse de son budget. L’Etat n’a jamais voulu donner un budget consistant a cette agence pour la permettre de mener bien sa mission conformément aux clauses des négociations. Sur ce point, nous informons Sekou Sambou que le MFDC a adressé un communiqué aux hautes autorités pour leur demander de bien vouloir renforcer les moyens de l’ANRAC. Ce n’est pas une structure inutile, mais une structure sans moyens conséquents. Est-ce une politique délibérée pour tuer cet acquis du processus de paix ? Nous attendons de voir.
Pour terminer ; le MFDC réitère son attachement à l’ANRAC et la reconnait comme la seule structure de coordination des activités en Casamance parce que encore une fois, cette agence est née d’un accord entre les deux parties et parce que le MFDC est représenté dans le comité de pilotage. Ne chercher pas à compromettre cet acquis. Monsieur Sambou, essayez de fouiller l’histoire et vous comprendrez que votre PPDC ne peut en aucun cas se substituer à l’ANRAC.
Retenez que si l’Etat du Sénégal est le Papa de l’ANRAC, le MFDC et sa maman et vice versa.
Ainsi c’est avec une grande attention que nous suivrons le discours du président de la république le jour du lancement du PPDC pour savoir quel sort il va réserver à l’ANRAC.
Mais nous disons d’ores et déjà que le MFDC n’acceptera pas qu’un projet de cinq ans d’existence coordonne et soit mis au devant d’une agence fruit de négociations intenses entre l’Etat et le MFDC. C’est plutôt l’ANRAC vu son statut et son expérience sur le terrain qui pourra servir de conseillère et d’accompagnatrice au PPDC.
Kondiarama