Casamance: Boukout 2014 : Des centaines de jeunes Brinois et Djibonkerois sont entrés ce samedi dans le bois sacré.
Après 38 années d’attente, les villages de Brin et de Djibonker ont enfin organisé ce samedi leur cérémonie culturelle communément appelée «Boukout». Une manifestation qui est placée sous le signe de la recherche de la paix en Casamance. L’occasion a été saisie par les anciens pour exhorter les jeunes à perpétuer cette tradition très chère au peuple Diola.
Djibonker et Brin, deux localités situées à quelques 9 km de la capitale du sud ont organisé ce 19 juillet le Boukout, un rite dont l’existence est connu depuis le XIIe siècle. Et ce, pour avoir été avant l’ère coloniale la seule école de formation. Organisée par les Anciens qui détiennent le pouvoir sur les villageois et contrôlent tous les moyens de production, la cérémonie permet ainsi à une nouvelle classe d’âge d’accéder à l’indépendance politique, économique et religieuse. « Tant qu’ils n’auront pas satisfait à cette exigence, les jeunes gens ne pourront ni se marier ni recevoir de la terre et s’excluent de fait de la communauté » a souligné Mr Victor Sagna un des notables de Djibonker. Ce dernier a indiqué qu’un non initié dans un tel contexte n’est pas considéré comme un homme.
Le temps d’attente est long, il peut s’écouler une trentaine d’années entre deux cérémonies, voire beaucoup plus comme ce fut le cas pour ces deux localités qui abritent le peuple Baïnouck, où la précédente édition s’était déroulée il y a 38 ans. La périodicité n’étant pas connue avec précision, « il faut attendre que les sages annoncent l’événement, deux ou trois ans auparavant, après avoir constaté dans le village une série de phénomènes insolites qui constituent autant de signes » a soutenu Victor.
Les préparatifs ont duré plusieurs jours, alors que futurs initiés, proches et habitants des villages voisins convergés en grand nombre vers les villages ou une fine pluie a accompagné les futurs initiés dans le bois sacré. Les membres de la diaspora étant également concernés, ce rassemblement a drainé des centaines de milliers de personnes. L’événement s’est accompagné de danses masquées et de diverses démonstrations de bravoure et les crânes des futurs initiés étaient rasés ce qui d’ailleurs avec leurs accoutrements les différenciaient des autres. Brin et Djibonker ont vibré donc ce samedi dans la grande effervescence culturelle, une parfaite occasion pour les anciens et sages d’exhorter les jeunes à œuvrer pour perpétuer cette coutume qui à elle seule résume toute la fierté du Diola.
Les épreuves initiatiques proprement dites se déroulent depuis ce samedi dans le bois sacré à l’abri des regards. Autrefois les jeunes gens y séjournaient plusieurs mois, mais cette durée a été raccourcie de manière significative.
A noter que L’état du Sénégal a soutenu à hauteur de 10 millions de nos francs cette cérémonie, une somme remise le vendredi aux organisateurs des deux villages par Monsieur Abdoulaye Badji, ministre conseiller et chef de cabinet du président de la république.
Maléguène