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Casamance: Douze ans après le naufrage, « Le Joola », aux sources d’une tragédie

Casamance: Douze ans après le naufrage, « Le Joola », aux sources d’une tragédie
Dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 septembre, le bateau « le Joola », mis en service en 1990, sombre au large des côtes gambiennes. Le bilan est lourd : sur près de 2.000 passagers, 1.864 sont morts, noyés dans les eaux. Seules 66 personnes sont sauvées par les secouristes. A Dakar, Ziguinchor et dans le reste du pays, c’était la consternation.  Pour rappel, le 10 septembre de la même année, après un arrêt technique de plus d’un an, le Joola, le célèbre navire qui faisait la navette entre Ziguinchor et Dakar depuis 1990, date de sa mise en service, reprend ses rotations. A priori, c’est une bonne nouvelle pour les populations de la Casamance et autres commerçants, contraints plus d’une année durant à prendre l’avion ou les véhicules de transport pour rallier la capitale et vice-versa. En tout cas, organisé à grands renforts de tapage médiatique, le fameux voyage inaugural de ce 10 septembre prend les allures d’une fête. A bord, outre la presse, il y a, les techniciens, chargés de vérifier l’état du navire, la marine marchande et les autorités politiques.
Au terme de ce périple en haute mer, pour le moins facile contrairement à la version officielle servie par les pouvoirs publiques, des couacs techniques avaient rythmé le voyage selon des sources renseignées, le Joola accosta enfin au large de Ziguinchor. Youssouph Sakho et Youba Sambou, deux ministres de la république d’alors, le succès en bandoulière, sont accueillis par une foule en liesse, ravie de cette reprise tant attendue des activités de leur moyen de transport préféré. Mission accomplie pour les deux ministres qui regagneront toutefois Dakar par avion. Pourquoi ? Nul ne sait. Toujours est-il que l’euphorie des autorités et la joie des populations de la Casamance, au lendemain de ce voyage inaugural contrastent avec la consternation qui s’en est suivie deux semaines  plus tard. En effet, attendu à Dakar le 27 septembre au petit matin, le Joola n’arrivera cette fois-ci jamais à bon port. Et pour cause, il a coulé quelques heures plus tôt, plus précisément aux environs de 23h, au large des côtes gambiennes. A son bord, près de 2000 passagers parmi lesquels, des familles entières, des étudiants revenant de vacances, des jeunes, des femmes, des touristes ; sans compter les membres de l’équipage au nombre d’une bonne quarantaine. Et la Casamance perdait ainsi plus d’une centaines de ses filles et fils, jeunes, emportés par la tragédie.
 Sur les ondes des radios, plusieurs explications sont fournies pour expliquer le drame. En plus de la surcharge-près de 2000 personnes étaient à bord  du bateau alors que celui-ci a une capacité de 480 personnes maximum-, l’un des deux moteurs du navire réparé à hauteur de 250 millions FCFA ne serait pas en bon état. Quant aux premières informations sur le nombre des victimes, elles filtrent au compte goutte ; tandis que l’espoir de sauver les passagers est encore entretenu par les autorités. Mais les familles des victimes dont certaines s’étaient bien avant le drame, très tôt, rendues au Port autonome de Dakar pour accueillir leurs proches, se rendent vite à l’évidence. Déclenchés plus de 11 heures après le naufrage, les premiers secours sont venus un peu trop tard. Et sur les 2000 passagers qui avaient embarqué à bord, seuls 66 personnes seront sauvés  par les secouristes. Les autres, 1864 selon les chiffres officiels, sont morts, noyés par les eaux.
Les rues de Ziguinchor et de presque toutes les localités de la Casamance sont  devenues, l’instant d’une journée, une sorte de mûr de lamentations, la tristesse et la consternation se lisent sur tous les visages. Frappée de plein fouet par la tragédie,  le président de la République Me Abdoulaye Wade monte au créneau et appelle à une « introspection collective ». Il insiste en même temps sur la nécessité de mettre fin au laxisme et au laisser aller  pour que dit-il, cette tragédie ne se répète plus jamais. 10 ans après, on n’est pas sûr que cet appel de l’ancien chef de l’Etat a été entendu par ses concitoyens. En Casamance, les autorités Sénégalaises sont entrain visiblement de laisser des situations pourrir notamment avec leur comportement face au pont de Tobor qui présente un visage hideux, éprouvé par la vieillesse, le pont Emile Badiane qui a été « bricolé » alors qu’il devait normalement avoir les mêmes traitements que celui de Saint Louis qui a été totalement réhabilité sans parler l’aéroport de la capitale du sud situé au cœur de la ville et dont le Sénégal voudrait transformer en aéroport international avec toutes les risques que cela va comporter pour les populations riveraines, de l’usine de la SUNEOR. Trop c’est trop, il est temps que tout cela s’arrête.
 Maléguène
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Commentaires (1)

  • alinou

    Zitat d´une rescapée du JOOLA

    « Ecrire! Vous parler des rizières si belles, vous faire des descriptions dignes de figurer sur les dépliants touristiques, vous raconter la verte Casamance des profondeurs.

    J’aurais aimé mais le cœur n’y est pas. Ma Casamance porte le deuil de ses enfants et de ceux qui, venus d’horizons lointains l’ont visitée et aimée. Je ne sais plus décrire la beauté, ni chanter la douceur de ma région. Mes yeux ne voient plus les mêmes choses. L’invisible me tourmente. J’aurais voulu, O comme j’aurais aimé pouvoir vous dire les rites, les bois sacrés, les villages, la forêt… Je ne vois plus que plaies et cauchemars.

    Paix Sitoe Joola, paix… Dis leur, DIS LEUR TOUT…

    Devoir de mémoire. Perler, exorciser les démons, faire le travail de deuil. Plus jamais ça a hurlé tout un peuple uni devant la souffrance. Mais après…

    FAUT IL DESEPERER DES VIVANTS? DITES…

    Triste et émouvant , la CASAMANCE n´oubliera jamais cette tragédie.RIP
    Zitat eine Überlebende der JOOLA‏

    VIVE la CASAMANCE qui souffre dans la dignité.

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