Contribution: La Casamance ne sera jamais la pute de la république du Sénégal encore moins son cobaye
Donner 35 millions d’euros (23 milliards de FCFA) pour un projet dénommé « Pôle de développement de la Casamance » démontre le caractère lunatique des autorités sénégalaises vis-à-vis de l’équation casamançaise. Ce n’est pas avec de l’argent pour un hypothétique développement que la Casamance va coucher et tendre un sein blanc à son occupant actuel. Le président sénégalais s’est baladé en Casamance sans parler aux casamançais, parce qu’il se croyait en territoire conquis. Ses « mercis » prononcés urbi orbi dans diverses langues casamançaises et son appel à la paix des braves où il n’y aurait ni vainqueur, ni vaincu atteste de sa sclérose intellectuelle ou d’une pathologie congénitale qui toucherait les différents chefs d’État sénégalais quand il s’agit de la Casamance. Abdou DIOUF en son temps et s’adressant aux nationalistes casamançais avait tenu à peu près ce mot « djibonket » (pardonnez en langue Diola). Pardonner quoi ou qui ? pardonner la colonisation de la Casamance par le Sénégal ou faire fie de la violence morbide et inhumaine qu’il lui fait subir ? C’est le Sénégal qui a imposé la guerre à la Casamance.
Comment Macky SALL peut passer trois jours en terre casamançaise sans parler du fond du conflit à savoir l’Indépendance de la Casamance ? Comment a-t-il pu éviter l’aile politique intérieure de la Casamance en lutte, pour s’exhiber à la face du monde comme un talibé de la paix, de la paix en Casamance ? Mais : quelle paix pour la Casamance ? Il ne donne pas d’ébauche sauf d’avoir choisi une partie de la Casamance comme cobaye pour l’application de l’Acte III de la Décentralisation.
Le conflit qui nous oppose n’est pas lié à un pseudo déficit de développement de la Casamance par rapport à des régions que le Sénégal continue de faire émerger depuis 1962. Nous n’avons jamais été et ne sommes pas des mal aimés d’ « un Sénégal uni et indivisible »parce que la Casamance n’a jamais fait parti du territoire du Sénégal et dépendances. Le lotissement litigieux de Ziguinchor ne doit pas servir non plus de prétexte pour expliquer la situation actuelle en Casamance.
La Casamance en lutte est cohérente dans son appréciation et son analyse du conflit qui l’oppose au Sénégal. Il s’agit là d’un conflit de territorialité et donc de nationalité qui relève d’une décolonisation mal faite ou mal aboutie des territoires coloniaux d’Afrique sous influence française au 20 ème siècle. Que les autorités du Sénégal et, à travers elles ses historiens, intellectuels et journalistes n’oublient jamais que la Casamance naturelle, revendiquée par le MFDC et dont l’intégrité territoriale n’est pas négociable est celle-là issue du décret du 12/10/1882 qui sépara définitivement le Sénégal de la Casamance, cette Casamance naturelle qui va de la Falémé à l’Océan Atlantique. Nous ne tomberons pas dans le piège sémantique que l’intelligentsia sénégalaise essaie de nous poser et concernant « la Casamance naturelle ». La paix durable entre le Sénégal et la Casamance c’est l’Indépendance de cette dernière dans toute son intégrité territoriale issue de la colonisation. Le Sénégal peut toujours continuer à diviser la Casamance, mais n’y régnera pas.
Ses prédécesseurs en Casamance (portugais et français) avaient eu la sagesse de comprendre qu’elle était et reste insoumise (invicta felix). Parce que cette Casamance belle et rebelle appartient tout simplement à elle-même. « Écrasons l’infâme » (tabous) et allons droit au but : la paix définitive en Casamance passe par son indépendance.
Kamongon