Contribution: Le cas Ayxsilié Manga, comme un âpre accent de falsification politique
« Ce n’est certainement pas sous le régime âpre du Président Macky Sall que nous pourrons enrichir l’histoire de l’évolution politique de la femme sénégalaise. Car le débat est mal engagé et les actes posés nous tirent vers le bas. Au moins, en tout cas pas en ce qui concerne la Femme Casamançaise. Ceci dit, ne minimisons pas le rôle de la Femme et Mère Ajamaat qui n’a jamais subi l’histoire ! »
« Elle est consciente d’être la bâtisseuse d’une société résiliente et durable et ne peut être cataloguée par le féminisme agité. Féminisme qui permet d’accéder aux hautes sphères de la gestion en usant de perfides manipulations langagières et une fois là-haut, on étale une certaine platitude qui témoigne d’une incompétence jamais égalée quand il s’agit de défendre ses congénères. N’est-ce pas que la Nouvelle Héloïsesaura toujours transformer son pouvoir fictif en solide instrument de concurrence vitale ?
Quo non ascendent ?
Mais voilà une interrogation que les femmes casamançaises ont dépassé depuis bien longtemps, elles qui cherchent aujourd’hui à trouver comment la modernité laïque va accepter une culture qui la dépasse.
En effet, les missionnaires en fin observateurs sous le témoignage de la foi chrétienne soutenaient au début du 20e siècle, que les femmes Ajamaat conservaient toutes les prérogatives de la femme libre. Pour ces religieux présents dans l’ensemble de la colonie française du Sénégal, la femme Casamançaise vivait une situation qui était à l’encontre de ce qu’ils voyaient chez des populations plus ou moins influencées par des réalités non africaines et où les femmes étaient plutôt sous la dépendance des hommes.
Les matérialités historiques pour corroborer de telles assertions existent aussi du côté du pouvoir militaro-administratif colonial qui a eu à estimer des figures de la résistance locale comme Kouyito, Alan Di-So, Aline Sitoé, et autres Sibet.
On ne se tromperait pas en parlant d’exception civilisationnelle casamançaise, partant Ajamaat. Elle réside dans le fait que le droit traditionnel Ajamaat, droit négro-africain par excellence, y est encore vivace. Les Américains si pointus dans le respect de l’autre, l’ont bien compris et n’ont pas hésité à se renseigner sur le calendrier traditionnel. Ce qui leur a ainsi permis d’être témoins des pré-initiations de 2014 où aucune autorité sénégalaise n’a été vue [à quoi servent les ministères de la culture, de l’intérieur et autres affaires sociales ?].
Merci The USA ! (Nous y reviendrons plus largement dans un autre texte).
Dans cette exceptionnalité civilisationnelle ajamaat, la Femme ne dépend pas de l’homme, vu le caractère inaliénable de la terre qui est l’activité productrice principale. Elle va se marier avec ses terres, et au nom du principe de séparation des biens, elle participe au même titre que son époux à la vie du foyer.
Ainsi, dans les traditions Ajamaat authentiques, pas celles perverties par les idéologies modernes et folkloriquement prises en charge par de supposés spécialistes du [Joola/Diola], il n’y a pas un cadre ou l’homme serait privilégié devant la femme. Chaque partie détient une sphère qui lui est exclusivement souveraine. Les temps ont changé certes, mais la mentalité s’est adaptée aux réalités actuelles.
Quand on a donc une certaine connaissance de ces manifestations concrètes séculaires, on ne peut que fustiger le comportement du régime actuel qui, alors qu’il ne cesse de louer les efforts des femmes dans la recherche d’une solution à la « crise de la République du Sénégal en Casamance » (Atépa), s’autorise des choix politiques plus que fautifs à Ziguinchor.
Sinon, comment comprendre qu’au moment où on évoque partout la question de la parité, l’APR consente à casser l’élan de confirmation de la liberté de la femme Casamançaise ? Quelle est cette parité où l’on est incapable de mettre une femme à la tête d’une municipalité ?
Pour une première fois que la jeune élite féminine qui a souffert des erreurs de 1980, imbue des valeurs traditionnelles d’équité veut les manifester en revendiquant la possibilité de donner à la capitale de la Casamance sa première mairesse ; voici que ceux-là même qui sont incapables d’imposer les lois républicaines ailleurs se permettent de venir s’essuyer les pieds de leur régalisme odieux et contradictoire sur l’esprit de liberté de la femme casamançaise. Et ce, en sacrifiant Ami’Ange Manga de manière « inélégante et irresponsable » – comme l’ont fait savoir les politiciens casamançais qui pour une fois ont fait montre de solidarité telle qu’on l’attend d’eux au nom de notre cher pays.
Chères élites politiques, on aurait cherché à insulter une énième fois encore les Casamançais et la femme casamançaise en particulier, on ne ferait pas autrement. Aussi, devriez-vous aller plus loin dans votre soutien à notre sœur en renvoyant le régime Macky Sall à l’équation de ses turpitudes politiques en Casamance.
Ami’Ange Manga devant un certain Sambou, Ka ou Diawara n’est pas moins proche de nos réalités casamançaises qu’eux tous réunis. D’ailleurs, qu’est-ce que ces noms représenteraient pour la Casamance que ne saurait symboliser Ami’Ange ? Savent-ils au moins que cette jeune dame est le symbole d’une Casamance debout ? Et que quand la Casamance est debout, c’est d’abord parce que ses Femmes sont debout !
Face à une telle impertinence politique, il serait juste d’appliquer le principe Ajamaat dans toute sa rigueur adaptée à une situation politique moderne. Rien n’empêche que partout où il y aurait une femme Ajamaat, il lui soit demandé de ramener chez elle le bulletin de vote APR pour renvoyer au parti au pouvoir l’ÂPR-eté de la falsification politique dans laquelle elle baigne les casamançais.
M’enfin, y aurait-il une honte à signifier la vérité aux « casamanqués » ?
Comme aurait pu dire l’illustre Abbé Diamacoune Senghor, ces dégénérés qui cherchent leur propre survie politique en exploitant sans cesse la mystique casamançaise. Il faudrait les combattre en soutenant les enfants authentiques de la région. Ceux-là qui méritent d’être considérés comme « dignes héritières et héritiers des vertus et qualités de nos valeureux et glorieux ancêtres ». Ceux-là qui souffriront dignement mais n’accepteront jamais les décisions lâches et avilissantes des systèmes étatiques sénégalais. Et nul n’a le droit de jouer au naïf, si ce n’est en réalité que pure bassesse devant ce qui est devenu une habitude du système.
Dans l’histoire politique de la République du Sénégal, c’est toujours en Casamance qu’on a trouvé le prétexte de faire une démonstration du caractère républicain du système. C’est pourquoi, ils n’ont pas hésité à tenter d’humilier une femme d’origine casamançaise – même si l’on nous vendrait l’idée qu’on est en politique – : le Sénégal se permet tout en Casamance, n’est-ce pas ?
Aussi, il serait juste et adéquat d’informer les APR-istes que dans la Casamance Naturelle où les noms ne trahissent pas parce qu’ils portent une certaine corrélation renseignée par le choix expérimenté des ancêtres, Aminata Angélique s’appelle en réalité : Ayxsilié Manga.
Par son prénom, les ancêtres ont voulu (entre autres interprétations), nous dire que ce n’est pas le passage bruyant d’un troupeau de bovins ou d’équidés qui vont la perturber, pas plus que la corpulence de l’adversaire ne la terroriserait.
En plus, de par son nom familial Manga, Ayxsilié est d’une lignée de prêtres dans le Moff-ewwi. Manga étant un des noms du clan [Batendeng] qui partage alternativement avec les [Bassène] la gestion du grand autel du Moff-ewwi.
A propos d’ailleurs du Moff – Ewwi, nous devons préciser ici que dans sa géographie traditionnelle, cette région s’étend entre l’affluent Kajinol/kamobeul et le marigot de Guidel. Jadis, l’autel de sacralisation se situait à « gureng éjeffaye » à l’endroit où le pouvoir colonial a établi son Escale, une future ville et sa Gouvernance. C’est aussi là, où en 1982 une manifestation pacifique animée par le Mouvement des Forces Armées de la Casamance a été réprimée dans le sang.
Pour un dernier paragraphe historique, rappelons que les femmes de la Casamance, telles qu’Ayxsilié Manga et les jeunes figures intellectuelles et politiques les représenteraient aujourd’hui, ont utilisé l’arme du dénuement devant des forces armées sénégalaises. La suite nous la connaissons ; elle a jeté nos parents à l’image de Léopold Sagna, Salif Sadio, Atoute Badiate et bien d’autres dans le maquis où en exil. Ils sont devenus Attika, soldats de la Femme Casamançaise !
On chercherait à lancer une énième chasses aux sorcières pour débusquer une nouvelle rebelle politique embarquée dans le régime APR, on n’emploierait pas d’autres procédés. Mais les nouveaux Attika, à l’image de ceux qui défendirent Alandiso, Aliin Sitoé et tout dernièrement nos mères en 1982, n’auront pas des arcs et autres Kalachnikovs au bout des bras. Ils vont choisir le poids des voix électorales ad-référendum et par principe démocratique.
Aux Casamançais qui se reconnaitront sans exception dans ce propos, ce serait trahir nos ancêtres et tous ceux qui sont morts pour la vérité et la justice en Casamance si devant une telle tentative d’humilier une énième fois la Femme Casamançaise, nous nous enfermions dans une forme de collaboration par un silence complice.
Notons d’ailleurs et pour l’excuser, qu’Ami’Ange ne manquait pas de partis politiques où elle pouvait militer. Dans la seule région de Ziguinchor, au moins trois fils de la Casamance ont créé leurs propres organes en plus de la présence du plus vieux mouvement politique régionaliste encore en activité (MFDC). Mais elle a choisi de cheminer avec un parti au pouvoir partageant certainement l’idée politique en vogue qui suppose que la Casamance n’a pas besoin d’être dans l’opposition. Si la prémisse du premier citoyen de Ziguinchor se voulait logique, elle aurait comme proposition mineure que le Maire actuel himself étant un membre de l’opposition, qu’il faille en conclure qu’il devrait partir.
Ainsi, rien n’empêchait Ayxsilié de militer dans l’APR à la veille d’une élection qui porte le sceau de la parité. D’ailleurs, tout parti politique doté d’un instinct de la victoire ne saurait se priver de l’opportunité en ce siècle de la Femme d’avoir des Femmes à l’image d’Ayxsilié comme tête de liste. Il serait bon aussi de donner à la ville sa première mairesse en mémoire de la singularité de leurs combats multiples entre 1914 – 1918, quand le pouvoir impérialiste vidait la Casamance de ses hommes au nom de ses guerres.
Que l’APR puisse ignorer cela, ne nous étonnerait plus guère.
Ceux qui représente ce parti en Casamance, n’ont ni la culture historique, mémorielle ou intellectuelle de la région. A cela, un message clair : nul n’est dupe. La Casamance entière de Bignona à Oussouye est une terre Ajamaat. C’est-à-dire, éternellement mâture pour ne pas se laisser berner par des hommes politiques qui ne connaissent rien de l’histoire d’une ville et qui viennent tous azimuts demander sa gestion.
Prenez garde, car en Juin quand toute la région enivrée de la pluie et de l’amour de ses enfants revenus pour les rizières, s’organisera pour mettre en application le Principe Ajamaat, à ce moment-là la force politique d’Ayxsilié Manga a.k.a Ami’Ange ne sera plus mise en doute ! »
Bonne fête aux Mères Casamançaises, heureuses et invaincues.
Dr. Pape Chérif Bertrand, Akandijack, Bassène
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