Ethiopie / Suisse: le copilote détourne un avion de la compagnie nationale pour demander l’asile
Le pirate de l’air qui a détourné le vol d’Ethiopian Airlines Addis Abeba–Rome sur Genève lundi à l’aube était le copilote de l’avion. Cet Ethiopien de 30 ans s’est immédiatement rendu à la police genevoise. Il comptait déposer une demande d’asile politique en Suisse.
Le copilote a profité d’un moment où le pilote était aux toilettes pour s’enfermer dans le cockpit et prendre le contrôle de l’appareil, a indiqué Eric Grandjean, porte-parole de la police genevoise. Il n’était pas armé et la vie des 202 passagers et membres de l’équipage n’a pas été mise en danger.
Le Boeing 757-300 avait quitté la capitale éthiopienne peu après minuit et devait atterrir à Rome à 04h40. Selon les premiers éléments de l’enquête, le copilote a d’abord annoncé vouloir faire le plein de kérosène à Genève, où l’aéroport n’ouvre qu’à 06h00. Puis, via le transpondeur, il a annoncé au contrôle aérien italien que l’avion était détourné.
Le Boeing a été escorté par des appareils militaires italiens, puis français, jusqu’à son atterrissage. Les forces aériennes suisses ne sont pas intervenues. Elles ne sont opérationnelles que dans les heures de bureau, soit entre 08h00 et 12h00 et de 13h30 à 17h00.
Après avoir tourné plusieurs fois au-dessus de la région lémanique, l’avion s’est finalement posé à 06h02. Le copilote a ouvert la fenêtre du cockpit pour descendre de l’appareil au moyen de la corde d’urgence, « à la surprise de tout le monde », a commenté Xavier Wohlschlag, directeur des opérations à l’aéroport. Aucune négociation n’a été nécessaire.
L’homme a précisé être le seul pirate à bord. « J’ai préparé mon coup et je demande l’asile politique en Suisse », a-t-il indiqué à la police. Se disant menacé dans son pays, l’Ethiopien risque jusqu’à 20 ans de prison pour prise d’otage, le détournement d’avion n’existant pas dans le Code pénal suisse, a fait savoir le procureur général de Genève, Olivier Jornot.
L’avion a commencé à être évacué dans le calme à 07h25, entouré de dizaines de troupes d’élite. Les passagers ont été fouillés une première fois, puis à nouveau dans le terminal, où une prise en charge sanitaire, psychologique et consulaire leur a été proposée.
AT / Ibou Camara