C’est avec tristesse que le Journal du Pays a appris le décès du Professeur Ansoumana Abba Bodian, survenu le mercredi 22 avril 2015 à Mampalago, à l’âge de 75 ans, alors qu’il recevait des soins palliatifs au terme d’une éprouvante maladie.

Né à Kaparan, Ansoumana Abba Bodian a fait ses études à Ziguinchor, puis à Saint Louis du Sénégal, enfin au lycée Van Wo (actuel Lamine Guèye) de Dakar avec ses frères casamançais qui sont Moctar Kébé et Jikor Diop de Kolda.

Après ses études grandement couronnées, il enseigne à Dakar à l’école normale William Ponty, puis au lycée de Rufisque et de Gaston Berger de Kaolack avant d’être affecté au lycée Djignabo de Ziguinchor.

L’homme faisait partie des grands penseurs du Mouvement de Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), qu’il a rejoint dès sa création en mars 1947.

Témoin des grandes tractations politiques entre le MFDC et Léopold Sédar Senghor, ses interventions politiques étaient susceptibles de faire dérailler n’importe quel débat notamment avec ses frères de lutte que sont Victor Diatta, Assane  Seck ,Emile Badiane et Abbé Diamacoune.

Partout où il passait, Ansoumana Abba Bodian faisait preuve d’une grande courtoisie envers ses opposants et ses bourreaux sénégalais témoignent ses gardiens en prison.

Considéré par les autorités sénégalaises comme un empêcheur de la sénégalisation de la Casamance, il a été déguerpi par la force avec toute sa famille de sa propriété pour la construction de l’hôtel Néma Kadior de Ziguinchor.

Le 26 décembre 1982, Ansoumana Abba Bodian était devant les manifestants de la liberté pour réclamer l’indépendance de la Casamance. Dans son dernier entretien vidéo que le Journal du Pays a reçu la copie, Ansoumana Abba Bodian montre comment une balle de l’armée a traversé sa main gauche, alors que les indépendantistes avaient les mains en l’air. Il a était arrêté, torturé et jeté en prison à Dakar pour plus de deux ans.

« C’est une page du MFDC qui se tourne aujourd’hui avec le départ de cet homme intelligent, brillant et cultivé qui s’est beaucoup impliqué dans la vie politique d’une Casamance de paix, de liberté de justice et d’indépendance», nous confie un des leaders du MFDC.

Ne craignant ni la lourdeur de la tâche, ni la confrontation, doté d’une grande aisance d’expression, il a fait vivre ses convictions au travers un slogan simple la « Casamance aux Casamançais. »

Ansoumana Abba Bodian a été inhumé le mercredi dernier à Kaparan son village natal au nord-ouest de la Casamance. Des milliers de Casamançais ont accompagné le corps jusqu’à sa dernière demeure.

Père de plusieurs enfants dont Moussa, Bacary et Yacine qui vivent en France, Khady et Fatima au Canada, Ansoumana Abba Bodian a laissé toute la Casamance défunte.

Le Journal du Pays, s’associe à toute la Casamance pour présenter ses condoléances à la famille et rend hommage au grand penseur.

ARDiallo