Casamance: René Capain Bassène s’exprime sur le regain de violence en Casamance exclusivement pour le Journal du Pays
René Capain Bassène, en votre qualité d’observateur de la crise en Casamance, comment analysez-vous ce regain de violence noté sur le terrain ces dernières semaines ?
J’ai toujours insisté sur le fait que l’accalmie tant chantée ne repose sur absolument rien de concret. Qu’elle n’émane d’aucun processus de négociations et qu’à mes yeux elle n’annonçait nullement le début de la fin de la guerre. J’ai basé mon analyse sur un simple constat du terrain où rien n’a bougé par rapport aux dispositifs militaires du côté de Atika que de l’armée sénégalaise. Comme je l’ai dit dans une interview accordée à un quotidien national, chaque camp est resté militairement très concentré et vigilant et se prépare à sa façon à la contre offensive ainsi qu’à la guerre tout en observant tranquillement et minutieusement le comportement de son adversaire.
J’ai expliqué que c’est une situation qui me préoccupe et me tournante énormément parce qu’au moindre incident, les hostilités peuvent reprendre et de la pire des formes. Chaque camp a eu tout le temps nécessaire de se réorganiser à tous les niveaux.
J’ai toujours été choqué et j’ai toujours considèré comme un grand manque d’ambition de la part de certains acteurs, quand je les entendais se réjouir de cette situation d’accalmie dont ils se querellent à tort la paternité. Pour moi, l’idéal a toujours été d’arriver à une paix signée car l’accalmie tient tout le monde en otage parce que chacun en Casamance est conscient en son fort intérieur que le conflit n’est pas encore fini.
Vous n’aviez donc jamais cru en l’accalmie qui prévaut en Casamance ?
Jamais et je n’ai cessé de le répéter toutes les fois que j’en eu l’occasion. J’ai toujours soutenu et ceux qui ont l’habitude de me lire peuvent témoigner que j’ai invariablement clamé que l’accalmie est loin de signifier la fin de la guerre. Pour moi elle présente un contexte très propice pour entamer des négociations sérieuses. C’est pourquoi je ne cessais de dénoncer le comportement des messieurs Casamance qui selon ma conviction constitue un gros facteur bloquant l’entame du processus de négociations.
D’où puisez- votre scepticisme concernant l’accalmie ?
Il faut être à la fois aveugle et sourd pour ne pas voir et entendre ce qui se passe sur le terrain pendant tout le long de cette période qualifiée d’accalmie.
Pour ne pas voir ni entendre quoi par exemple ?
Pour ne pas savoir que cette même accalmie est incessamment perturbée par des opérations de braquages, des affrontements, des victimes par mines comme c’était le cas le mois dernier à Djondji dans la commune de Djibidione et récemment le mercredi 08 avril 2015 avec l’affrontement à l’arme lourde et pendant plusieurs heures entre combattants de kassolol et une patrouille de l’armée sénégalaise au niveau du parc de la basse Casamance. Je ne sais dans quel registre les « positivistes » ont rangé ces événements, mais pour moi ce sont des signaux très clairs que la guerre n’est pas finie, surtout qu’au même moment aucune démarche rassurante n’a été menée dans le cadre de s’engager vers des négociations sincères. J’ai toujours attiré l’attention de l’opinion qu’en au devenir ou si vous voulez à la fin de l’accalmie.
A propos de l’accalmie, on nous a informés que c’est le fruit de négociations menées par certains groupes d’acteurs, quel est votre point de vu ?
Je crois être revenu à maintes reprises sur l’origine de l’accalmie. C’est grandement étonnant que chaque acteur tente de faire croire à l’opinion. A les écouter, chacun d’entre eux a joué le rôle le plus déterminant dans l’instauration de cette accalmie. Mais jamais l’un d’eux ne vous brandira une copie des clauses conditionnant celle-ci. Ce qui est surprenant est que le rôle très « efficace et déterminant » de certains parmi eux ne s’est limité qu’à des déclarations à travers les médias. Chacun se réclame de l’accalmie comme si c’était la situation idéale pour la Casamance. C’est triste ; et ce tiraillement de la paternité de l’accalmie prouve finalement qu’ils n’en sont pour rien. S’ils persistent pour dire qu’ils y sont pour quelque chose, alors ils doivent être en mesure d’expliquer à l’opinion pour quoi ce soudain regain de violence noté ces dernières semaines. Où étaient –ils pour que tous ces événements les surprennent ?
On dit aussi que si les autorités sénégalaises se prononcent rarement par rapport au processus de paix, c’est parce qu’ils ont opté pour la discrétion et c’est cette discrétion qui explique cette accalmie.
Je considère cette information comme une rumeur qui circule, je n’ai encore entendu aucun acteur impliqué dans la recherche de la paix en Casamance ni une autorité officielle faire une telle déclaration. Ce sont des thèses que soutiennent sans conviction certains petits politiciens à l’occasion des débats médiatisés soucieux d’apporter une réponse au silence notoire des hautes autorités sur l’évolution du processus de paix en Casamance. Donc je ne vais pas m’attarder sur ce point. Je veux juste préciser que contrairement à toutes ces allégations, rien n’est entrain d’être négocié en douce concernant le retour de la paix en Casamance.
Il ne faut pas que les populations continuent à être trompées. La vérité est que rien n’est entrain d’avancer concernant la recherche d’une paix véritable en Casamance. Le processus de paix n’a jamais connu une avancée.
Le président Maky Sall dés son accession au pouvoir a déclaré faire de la Casamance une sur priorité, à cet effet, il a mis l’accent sur le développement économique et le désenclavement. Comment appréciez-vous tout cela ?
Je crois avoir déjà donné mon point de vu sur cette question au lendemain du lancement du PPDC en mars 2014. Je ne suis pas contre le développement. La Casamance a besoin d’être boostée pour qu’elle puisse décoller car la crise a eu des conséquences à tous les niveaux de la vie. Mais je suis de ceux qui soutiennent que le développement ne peut se faire sans la paix. Je ne partage pas le concept de « développement pour la paix », mais suis favorable au concept « paix pour un développement durable ». C’est pourquoi, je suis pour que l’accent soit mis sur les négociations sincères. Comment peut on parler de développement au même moment où il est impossible de construire des pistes de production et de désenclavement dans certaines localité, au même moment où des mines demeurent toujours enfouis sous terre avec leur lot de victimes en augmentation annuelle, au même moment où certaines populations ne peuvent pas accéder à leurs vergers et rizières et où des villages entiers sont encore abandonnés parce que inaccessibles.
En plus claire vous ne semblez pas vous inscrire sur la même dynamique que les autorités qui ont opté de miser sur le développement pour arriver à la paix, c’est bien cela ?
C’est vous qui m’apprenez que c’est la démarche adoptée par les autorités, celle qui consiste à développer la Casamance pour calmer les frustrations afin de parvenir à la paix. Je ne suis pas un opposant et jamais je n’ai songé m’inscrire contre une option des hautes autorités. Mais puisqu’il s’agit ici d’une question relative à la recherche de la paix, je crois pouvoir donner librement mon humble avis. Je crois que c’est les activités de développement qui devraient accompagner le processus de paix et non l’inverse. Il ne faut pas perdre de vue que la crise casamançaise a comme soubassements primaires des revendications politiques aux quelles sont venues se greffer de manière progressive tout un ensemble d’autres griefs qui se résument autour du mot développement. Le président Macky Sall vient d’une tournée économique en Casamance au cours de laquelle il a gratifié les populations d’un hôpital, d’un stade, de deux bateaux, etc. mais cela n’a pas empêché quelques jours après l’affrontement de Djondji suivie de celle au niveau du parc de la basse Casamance. Il serait plus intéressant et logique d’activer à la fois ces deux leviers à savoir le développement, mais surtout les négociations si on veut arriver à un résultat concret dans le cadre de la recherche de la paix.
Quelle est selon vous la solution au retour d’une paix durable en Casamance ?
Il n’y a pas de solutions miracles. C’est uniquement par les négociations sincères qu’on pourra arriver à une solution pacifique, durable et consensuelle en faveur de la paix. C’est pourquoi il faut et il est grand temps que les autorités prennent toutes les dispositions pour pouvoir déclencher le processus de négociations qui présentement se trouve dans l’impasse totale.
Propos recueillis par Abdou Rahmane Diallo exclusivement pour le Journal du Pays.
Nianthio
Bien dit et bien vu Alinou et tous les autres. L’analyse est bonne pour aussi le Sénégal mais en ce qui concerne la Casamance c’est aller vers la solution pour l’unité et l’indépendance de la Casamance. C’est cela l’essentiel, La théorie est bonne mais la pratique est meilleure.
Merci pour JDP et son team.
alinou
Bravo Mr. Capain et merci encore pour l´objectivité et la clartée de ton Argumentation.
Vraiment on ne peut pas mieux analyser cette Situation que TOI..
Merci le JDP d´avoir donner enfin aux CASAMANCAIS(SES) cette execellente oprtunité.
De nous informer, donner nos Points de vus et Analyses sur la Situation en casamance,
de pouvoir nous exprimer librement sur ce SUJET considéré y´a quelques années TABOUT.
Cet échange riche en argumentations et en informations ne fera qu´avancer cette crise dans le bon sense.
Merci ULIWO d´avoir mis le Point sur cette tournée politique de Maky , je trouve très important que la Population casacaise soit informée de la provenance de tout ces soit disant « réalisations de Maky » n´importe quoi.
Comme l´a dit René en Casamance le problème n´est pas économique en premier.
C´est D´abord politique/ historique alors oui à la paix pour un développement durable , et pas l´inverse. .
Et Meme le développement dont le Sénégal nous raconte j´ai rien vue de concret jusqu´à présent, alors cette tournée n´est qu´une coutume des présidents sénégalais qui consiste á venir plus mentir au casacais pour etre réelus que pour tenir leurs Promesses déjà faites depuis leur 1er élection, très dommage qu´il y´ait tjrs et encore des casacais qui contribuent à leur réelection .
La meilleure des élections pour un Casamancais est d´opter pour la séparation, rien que la séparation d´avec le Sénégal pour espérer un jour voter et élire un président CASAMANCAIS.
Un Président d´origine Casamancais au Sénégal est une UTOPIE car c´est un autre Pays.
Tout le monde sais que les Mr. et Mrs. Casamance ne faisaient que remplir leurs poches et qu´ils n´avaient le controle que de leurs portes monaies alors ils ne peuvent rien expliquer sur la recrudescence de la Situation..
Aidons ATTIKA à se réarmer de mieux en mieux et préparons nous à tout.
La paix c´est soit par les armes ou de sérieux négociations sur les conditions de la séparation.
Le Sénégal ne veut pas de paix et nous en avons marre d´attendre dans la passivité d´autres 33 ans. Ces pauvres combattants ont droit aussi à une vie normale un jour, alors la Situation doit etre éclaircie une fois pour Toute.
Unissons nous, nos Forces , énérgique et financière nous qui sommes « libre » pour soutenir nos vaillants combattants qui sacrifient leur vie sans salaire et dans des conditions parfois atroces
pour la LIBÈRATIONS de NOTRE PAYS.
Vive ATTIKA que DIEU te protège.
Vive la guerre de libération dans la solidarité et l´unité.
Merci le JDP , merci René
Vive la CASAMANCE LIBÈRÈE
samboune
Qu’on l’aime ou qu’on le deteste, Rene Capain Bassene a incontestablement contribué a changer la façon d’informer sur la crise en casamance; on apprend toujours quelque chose a chacune de ses sorties et jamais une voie ne s’est élevée pour le dementir, sauf que helas c’est des gens qui le traquent et qui veule sa mort parce qu’ils veulent lui fermer la bouche.
le vendredi 10 avril, il a accordé un article au journal le quotidien intitulé » La guerre est encore loin de finir ». un article dans lequel il a décrypté l’accalmie qu’il a qualifié de double tranchant. chercher cette article dans le net a travers google, vous comprendrez et a coup sur admirerez la pertinence et le grand courage de ce jeune car il osé dire avec arguments à l’appui qu’il n’existe pas encore de processus de paix.
l’interview a été faite le 2 avril, mais son contenu est tellement vrai qu’il a été entiérement confirmé par les evenement du 8 avril avec l’affrontement au niveau du parc de la basse casamance et celle du 12 avril a Emaye.
capain est entrain de rendre un grand service a tout le monde et meme aux autorités senegalaises car il leur permet indirectement d’avoir une idée sur l’etat des lieux de l’avancement du processus de paix.
Capain est le meilleur observateur. c’est toujours un plaisir de lire. Que le bon Dieu le garde longtemps parmi nous.
CANADA
Gros merci à René Capain, pour ta clairvoyance sur le processus de paix en Casamance. Nous savions que tu avais raison. Ton point de vu était sans ambigüité et clairement explicite sur ce qui se chantait en Casamance. Aujourd’hui, les faits viennent rattraper tes détracteurs et réconforter ta vision. Nous espérons qu’ils auront le courage de reconnaitre la portée objective et véridique de tes propos sur le processus de paix en Casamance. Merci encore pour le service d’information, au bénéfice du public, de l’opinion nationale et internationale. Que le bon Dieu te bénisse.
À la question : Quelle est selon vous la solution au retour d’une paix durable en Casamance ?
Je répondrai qu’en dépit de tout ce qui s’est passé dans ce conflit, la seule solution d’une paix durable ne peut être que la libération de la Casamance pour mettre fin au malheur des peuples sénégalais et casamançais. Le Sénégal a trop fait de mal à la Casamance pour espérer une autre issue.
Vive la Casamance Libre!!! Vive ATIKA
Wandialanka
Capain – Notre Capain – Que la Casamance te protège et que tu continues de nous apprendre des choses sur la Casamance. Toi tu es un vrai. Pas ces cadres baise-pieds des sénégalais. Bonne continuation.
Uliwo
Mon frère René, je te remercie pour la clarté et la richesse de l’argumentation.
Cette phrase me paraît pas conséquente: « Le président Macky Sall vient d’une tournée économique en Casamance au cours de laquelle il a gratifié les populations d’un hôpital, d’un stade, de deux bateaux, etc. » En effet les bateaux sont le don à la Casamance par la Corée du Sud, le stade a était rénové 100% par la Chine et l’électricité par la Suede et les Pays-bas.
Macky Sall n’a rien fait de bon et je rappelled aux lecteurs que les bus distributes à Ziguinchor sont des bus à occasion.
Vive le rassemblement autour de la liberation de la Casamance