Nigeria: Muhammadu Buhari remporte la présidentielle
L’ancien putschiste Muhammadu Buhari a remporté la présidentielle au Nigeria contre le sortant Goodluck Jonathan, lors de l’élection la plus serrée de l’histoire du pays. Cette victoire constitue la première alternance démocratique au Nigeria.
Le scrutin marque ainsi un tournant majeur dans l’histoire politique agitée du pays le plus peuplé d’Afrique. Il a connu six coups d’Etat militaires depuis l’indépendance, en 1960, et a été gouverné par le même parti depuis la fin des dictatures militaires il y a 16 ans. Avec l’annonce tard dans la soirée de mardi de sa victoire écrasante dans l’Etat de Borno (94% des suffrages), épicentre de l’insurrection islamiste de Boko Haram, M. Buhari remporte 21 des 36 Etats que compte la fédération nigériane. Il compte 2,57 millions de voix d’avance sur Jonathan. Sans tarder, l’Union européenne a « chaleureusement félicité » la victoire de M. Buhari.
M. Jonathan a pour sa part félicité son adversaire et reconnu sa défaite dans un communiqué, un geste salué par les politiciens de tous bords. Dans un pays où les dissensions politiques attisent souvent des tensions ethniques et religieuses, entraînant de sanglantes émeutes post-électorales, le vote n’a pas donné lieu à des violences majeures.
Le Nigeria, première économie du continent, compte 69 millions d’électeurs inscrits sur 173 millions d’habitants. Ils ont voté en masse, voulant faire entendre leur mécontentement, notamment sur les questions de sécurité et sur la corruption. Militaire âgé de 72 ans, natif du Nord, le général Buhari a dirigé la junte militaire de 1983 à 1985 avant d’être chassé du pouvoir par un autre putsch dirigé par le général Ibrahim Babangida.
Candidat malheureux à la présidentielle en 2003 et 2011, il a fait de la lutte contre le groupe islamiste Boko Haram l’un de ses grands thèmes de campagne. Sa réputation d’homme à poigne a séduit une large partie de l’électorat, qui accuse le gouvernement sortant de n’avoir pas su les protéger du groupe islamiste radical. M. Buhari s’est aussi appuyé sur sa réputation d’intégrité. Les cinq années passées au pouvoir par Goodluck Jonathan ont été marquées quant à elles par divers scandales de corruption.
Saliou Cissé / AT