Casamance: Un communiqué des intellectuels et universitaires du MFDC sur le référendum au Sénégal
Objet : que les sénégalais fassent leur référendum en épargnant la Casamance
Depuis plusieurs semaines, les opinions sénégalaises et casamançaises sont tenues en haleine par le référendum sur quelques points de la constitution.
Alors, un schéma binaire du Oui et du Non semble offrir une belle occasion au Sénégal, non pas de faire des « réformes consolidantes » de sa démocratie, mais de redonner, par l’événementiel et le communicationnel, une vitalité et un rythme à une démocratie plus bavarde et tape à l’œil qu’efficace sur le plan de la transformation socio-économique des conditions de vie des populations.
Le Sénégal a toujours, vis-à-vis des autres pays africains un complexe : celui de montrer au blanc que «nous sommes une spécificité politique à travers le droit de vote depuis le début du 19ème siècle. Un siècle pourtant sous le joug colonial dont on est paradoxalement fier, lorsqu’on dit que « nous sénégalais, on vote depuis des siècles », en étant français, c’est-à-dire après avoir été défait et assujetti, assimilé.
On oublie de rappeler que ce sont les 4 communes françaises citoyennes de seconde zone qui votaient. Et que ce sont ces mêmes citoyens de seconde zone qui étaient envoyés pour administrer, en bons auxiliaires coloniaux, les autres frères africains.
Dans un contexte de menace sur les valeurs républicaines de laïcité, de micro déstabilisation des Etats du Sahel à dominante musulmane, le Sénégal crée un contre-feu, à travers son bruyant, mais faible en enjeux de révolution démocratique, référendum.
Il y a une stratégie conçue au plus haut niveau des intelligences stratégiques visant à barrer la route, par une redynamisation démocratique, y compris avec le référendum récréatif, du Sénégal, à des insurrections politico religieuses.
Parmi lesquelles, il y a les courants fortement politisés des familles confrériques du Sénégal, qui appellent même, au nom d’un farfelu rang de « Général de Bamba » à prendre le pouvoir pacifiquement pour le compte de Touba. Comme mouride et en dépit de son appel aux forces armées sénégalaises, lui ne sera jamais arrêté, ni emprisonné, ni exécuté extrajudiciairement, comme des dizaines de casamançais depuis plus de 30 ans.
Des voix en Casamance se lèvent pour informer l’opinion que l’intangibilité de la laïcité dans les réformes constitutionnelles, n’est plus à l’ordre du jour, comme si les élites africaines à dominante musulmane commençaient manifestement à baisser la culotte face à la poussée politico religieuse de l’islam politique.
Le Mfdc et la Casamance en lutte tiennent à la laïcité, en tant que valeur seule susceptible de conférer à toute communauté politique un vivre-ensemble démocratique et républicain. Si de nouveaux leaders, comme Monsieur Ka à Ziguinchor, ont peur des Khalife Généraux des Mourides ou Tidianes, comme le PM Boun Abdoulaye Dionne (qui s’est rendu chez le deuxième « chef d’Etat mouride » du Sénégal pour assurer que l’intangibilité de la laïcité est exclue des réformes), le Mfdc informe, son peuple et l’opinion en général, que dans son projet de société politique, la laïcité sera intangible. C’est une évidence et une fermeté.
Mieux, nous aspirons à constitutionnaliser la synthèse culturelle entre toutes les valeurs casamançaises, qu’elles soient animistes, musulmanes, chrétiennes, non confessionnelles, etc.
Sous ce rapport, que les Sénégalais n’importent pas en Casamance les germes de l’intolérance, du fanatisme, de la confusion entre le politique et le religieux, source de totalitarisme.
Voilà que la différence culturelle et civilisationnelle entre la Casamance et le Sénégal est urgemment, fortement rappelée.
Avec l’espoir qu’aucun amalgame entre la récréation référendaire sénégalaise et la question de la Casamance ne sera fait,
Vive la lutte pour l’indépendance et la construction d’un modèle politique démocratique casamançais original.
Le Cercle des Intellectuels et Universitaires du Mfdc
Fait en Europe le 20-03-2016