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Tchad: Election présidentielle du premier tour ce dimanche

Tchad: Election présidentielle du premier tour ce dimanche

Le premier tour de l’élection présidentielle au Tchad se tient  ce dimanche 10 avril 2016.Treize candidats briguent la magistrature suprême dont l’actuel chef de l’Etat, Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis vingt-cinq ans.

Les explications de Christophe Bois bouvier, spécialiste de l’Afrique.

Le Tchad occupe une position géopolitique très importante en Afrique, situé aux confins du Nord et de l’Afrique centrale, dans une zone de confluence du monde musulman et du monde chrétien. Depuis les années 1940, ce pays représente un bouclier contre toute menace venant du nord comme de l’est du continent (soudan, lybie). Sa position, sa posture (protectrice), constitue un atout majeur pour le développement des pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.

Le futur président du Tchad de par ses objectifs politiques et géostratégique est un président qui va être observé par tous les pays voisins.

Alors, est ce qu’il y a des enjeux géopolitiques de ce point de vue ?

J’ai envie de dire Non car, depuis trois ans, le Tchad est l’un des pays clef dans le dispositif SERVAL puis BARKHANE que la France et les pays de l’Afrique de l’Ouest ont mis en place pour arrêter l’avancée des Djihadistes au Sahel. Non seulement, par ce que le Tchad a envoyé des troupes au Nord Mali dès 2013 mais aussi parce que aujourd’hui N’Djamena est devenue le quartier général du dispositif militaire BARKHANE.

De ce point de vue, quand vous écoutez les discours des quatorze candidats Tchadien, aucun ne remet en cause cette décision géopolitique prise par le Tchad. Il faut d’ailleurs rappelé en 2013, quand Idriss Deby a décidé d’envoyer les militaires Tchadiens au Nord Mali pour aider les Français et les Maliens à repousser les Djihadistes, il a consulté l’assemblée nationale Tchadienne et il y a eu un vote à l’unanimité en faveur de ce déploiement au Nord Mali. Ce qui veut dire que les leaders de l’opposition Tchadienne ont votés pour ce déploiement. Il en a été d’ailleurs de même quand le président Deby a décidé d’envoyer l’armée Tchadienne au Nord Cameroun et au Nord Nigéria pour aider à la lutte contre Bokk haram. Aujourd’hui, vous avez une sorte d’unanimité politique « pouvoir-opposition » à Ndjamena sur l’idée que le Tchad est une figure de proue dans la lutte contre les Djihadistes. N’oubliez pas que Ndjamena a été frappée, que les Tchadiens ont été frappés par plusieurs attentats en 2015 et vous avez l’unanimité dans la classe politique et parmi les quatorze (14) candidats pour dire : le Tchad doit rester un bouclier à la fois pour son peuple et pour les peuples alentour.

Alors le bilan tirer des « années Déby » ?

Quand vous écoutez les Tchadiens, le bilan est très contrasté avec des points forts et des points faibles. Pour les populations Tchadiennes, il n’y a que deux points forts.

L’un soutenu par les anciens et qui est le fait d’avoir chassé Hissène Habré du pouvoir. Pour ces derniers ce n’est pas rien, le fait de chasser Habré du pouvoir, ils jugent que son régime a tué des dizaines de milliers de personnes hostiles à son pouvoir. L’avènement au pouvoir d’Idris Deby, a constitué un ouf de soulagement pour ces derniers.

Le deuxième point fort que mettent en avant un certain nombre de Tchadiens, s’est le fait que depuis 2008, la paix est revenue au Tchad et le pays peut se reconstruire surtout avec l’exploitation du pétrole.

Pour les points faibles, les populations fustigent, le manque de dialogue politique qui, pour eux, est trop limité. D’ailleurs ils donnent comme exemple le fait que le numéro 1 de l’opposition Ibnou Mouamar Mahmath Salekh a été enlevé à son domicile en février 2008 par des militaires Tchadiens et depuis, il a disparu, personne ne sait ce qu’il est devenu. Ils en veulent pour preuve aussi, le fait qu’il est très difficile de manifester quand on est opposant. Au Tchad, les manifestations politiques sont régulièrement interdites et à l’heure qu’il est, il y a quatre représentants de la société civile qui voulaient appelés à des manifestations et qui sont en prison.

L’autre point faible que relève un certain nombre de Tchadiens, est la corruption galopante au Tchad malgré que des actions soient menées par la justice pour poursuivre un certain nombre d’élus et de responsables qui commettent des malversations et des détournements de derniers publics. D’ailleurs pour beaucoup de Tchadiens, il y a un clan autour du pouvoir qui a profité du boum pétrolier des quinze dernières années pour ramasser des fortunes sans que les Tchadiens de la base ne puissent en profiter. Les secteurs de l’éducation, de la santé sont moribonds, alors cers derniers pensent que 25 ans au pouvoir, cela suffit, il y a usure du pouvoir.

Voilà un peut l’un des enjeux de ce premier tour des élections, les points forts et les points faibles.

L’opposition a-t-elle ses chances ?

Retenons que pour cette élection présidentielle, différemment des précédentes (2006-2011), elle n’est pas boycottée par l’opposition. Aujourd’hui, vous avez Idris Deby, le président sortant, mais également deux vétérans qui avaient participé en 1996 et en 2001, s’est à dire Saleh Kebzabo n°1 de l’opposition, président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) et Nouredine Delwa Kassiré Koumakoye, l’ancien premier ministre sans oublier les autres figures politiques nationale qui se présentent pour la première fois ; le député Galigatan Gotté, Mahama Talabo ancien ambassadeur à Paris, Joseph Djimrangar Dadnaji ancien premier ministre,  président du Cadre d’action populaire pour la solidarité et l’unité de la République (CAP-SUR), le très populaire maire de Moundou Laoukein Kourayo Médard et d’autres. Tout cela prouve que cette année, les opposants Tchadiens espèrent vivre le changement avec la présence du système biométrique qui devra empêcher d’agir comme auparavant (vote multiple, électeurs fantômes). Néanmoins, l’effectivité et l’efficacité de ce système laisse à désirer et certains candidats soutiennent encore leur peur des fraudes surtout au moment de la centralisation des résultats.

Une dernière question que se posent les candidats, Est-ce qu’il y aura un deuxième tour lors de ces élections ?

Baba

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