Casamance: Contribution : Le Dr. Ahmed Apakéna Diémé démonte un à un les arguments de Yoro Dia
Réponse à Yoro Dia : la guerre n’est pas encore gagnée en Casamance- les projets de ruptures briseront le rêve de faire de la Casamance l’avenir du Sénégal.
« Depuis que les casamançais, en 1982, ont descendu le drapeau sénégalais pour le remplacer par un drapeau blanc, signe de paix, la Casamance posa un acte symbolique de la rupture irréversible par rapport au Sénégal. Par cet acte la lutte a déjà été gagnée » l´Abbé Augustin Diamacoun Senghor…. Car les Etats, leurs mythes fondateurs, la nation par son roman et ses narratifs, sont fondamentalement une affaire de symbole. Comme dit en substance Georges Dumézil.
J’ai choisi cette manière de répondre au texte de Monsieur Yoro Dia, qui consiste á formuler nos réactions en bas de ses analyses. Le lecteur serait mieux situé ; sa pensée et la mienne seraient mieux distinguées. Le format correspond à celui d’un débat ; donc invitation implicite d´en engager d´autres dans les médias lourds en d’autres lieux et moments.
Ainsi, a-t-il écrit et ai-je répondu :
Monsieur Yoro Dia;
« Saint-Louis est notre passé, Dakar notre présent, mais c’est la Casamance qui est notre avenir. Notre avenir est l’axe qui va de Ziguinchor à Kédougou et qui nous ouvre l’Afrique de l’Ouest. Nous avons tous appris à l’école primaire que le Sénégal est la porte de l’Afrique. Cette porte s’ouvrait sur l’Atlantique à cause de la logique de l’exploitation coloniale. Le colon est venu par la mer, s’est installé sur la côte et a procédé à la mise en valeur de la colonie, c’est-à-dire aspirer les biens de la colonie, les mettre dans un bateau pour la métropole. »
Apakena Diémé:
- Sénégal et mémoire d’auxiliaire colonial, relation sous régionale :
Puis s’est appuyé sur les élites collaboratrices sénégalaises pour étendre l’ordre colonial ailleurs à l’intérieur du continent où persistait, comme en Casamance jusqu’en 1962, un maquis nationaliste. Mieux, ces capitales sénégalaises du passé furent le socle des 4 communes, matrices politique, du Sénégal d’aujourd’hui. Ce qu’il faut préciser á propos de cette matrice, c’est qu’elle se distinguait par une citoyenneté française de seconde zone, á laquelle, on ne sait pas quelle alchimie, s’est superposée une « nouvelle ».
Celle fondée sur le nouveau contrat néocolonial consistant en l’institution de la communauté française. Le paradoxe réside dans le fait que cette « nouvelle citoyenneté » ne fut pas issue d’un nationalisme de rupture, mais se soit moulée dans l’ancienne. Il en est ainsi jusqu’ à ce jour. C’est pourquoi, la question de la Casamance révèle, dans une certaine mesure, (en tant qu´elle met en crise la trame ambiguë ayant conduit à l’indépendance du Sénégal) la problématicité de celle-ci.
Du coup, le Sénégal, son économie, son armée, son territoire, n’étaient pas des prérogatives souveraines du Sénégal. Cela est encore valable aujourd’hui. L’illustration éloquente, c’est la présence de base militaire française, la structure monétaire du CFA, le diktat diplomatique au niveau de l’ONU, etc. En effet, partout où la France envoie ses troupes, ses auxiliaires africains dont le Sénégal suivent comme des moutons. De plus, toutes les résolutions des nations unies concernant les africains francophones sont rédigées et décidées par la France.
Oui, toutefois, je concèderai que les Etat nations africains nés de la colonisation sont des créations occidentales, notamment ceux qui n’ont pas opéré les grandes ruptures de 1958 comme la Guinée, la Casamance où, (et l’histoire officielle ne le narre pas assez : le Non au Général De Gaulle était majoritaire, lors du referendum de 1958).
Nous élites nationalistes, peuple en lutte, voulons, au nom de la mémoire de la résistance, nous réapproprier ce Non et l’inscrire dans le continuum historique dont le réveil du MFDC en 19 47 et 1982 constituent des séquences ayant rythmé la vie politique des peuples de la Casamance.
Monsieur Yoro Dia:
« La logique atlantiste explique que toutes nos grandes villes soient sur la cote. Ce phénomène historique a ensuite été économique avant de devenir une réalité géographique avec la macrocéphalie de Dakar. Aujourd’hui, il urge de repenser cette logique atlantiste et regarder plus vers le continent, notre avenir qui est plus vers la Guinée-Bissau, la Guinée et le Mali, que vers le large. « Chaque fois que nous devions choisir entre le continent et le grand large, nous avons choisi le large », disait Sir Winston Churchill.
Il avait raison, parce que l’Angleterre est une île. Le Sénégal doit avoir la logique stratégique inverse, parce que nous ne sommes pas une île. Donc, en Casamance qui est notre avenir, Macky Sall a investi 450 milliards mais nous n’avons pas encore l’essentiel : un accord pour sortir de la guerre. C’est fort dommage, parce que la paix n’a jamais été aussi proche et nous avons un contexte exceptionnel. »
Apakena Diémé:
- L’indépendance du Sénégal n´a opéré aucune rupture majeure digne de souveraineté :
Le Sénégal aura du mal à voir vers le continent, car sa diplomatie des 4 axes n´ inclut presque pas un Etat noir. Il nourrit, depuis sa collaboration à l’œuvre coloniale, le complexe de supériorité, consistant en l’idée et au sentiment selon lesquels, sa docilité face au français lui confère plus d’intelligence et plus de sens de l’état, par rapport aux « Niaks ».
Je me suis toujours demandé pourquoi certaines élites sénégalaises aiment se targuer d’avoir été les bons et dociles élèves du français, alors même que les grandes ruptures nationalistes ne nourrissent pas ses narratifs. Aucune guerre de libération, aucune économie indépendante, aucune armée souveraine (car un Etat vraiment indépendant avec son armée ne doit pas avoir une base militaire étrangère dans ses murs) aucune voie libre et indépendant à l’ONU, etc.
Les seuls enjeux mémoriels de l´Etat Sénégalais, c’est d’exposer dans ses défilés du 4 Avril, sans âme, ses pauvres anciens combattants colonisés mais s’étant battus pour la liberté de la France, pas pour la leur. Il faut que les africains célèbrent plus les résistances que les actes administratifs abolissant l’esclavage ou transférant les compétences de Paris à Dakar ou Abidjan, par exemple.
Au niveau sous régional, ses relations actuelles avec la Gambie sont des relations de mise sous tutelle sécuritaire, de népotisme anti diola, de mise à l’écart dans la distribution des positions régaliennes des élites originaires de cette communauté, de briser l’ambition de la Casamance visant á créer un espace économique et commercial, qui lui procure plus d’avantage en termes de croissance avec la Gambie nationaliste et la Guinée Bissau dans la vision stratégique d’un grand Gabou ou la fédération des 3 B.
Avec la Guinée d’Alpha Condé, c’est le soutien ethno politique de Macky à Cellou Dalein Diallo qui exacerbe les tensions internes à ce pays où la logique ethno politique constitue le facteur déterminant de la conquête, de l’acquisition et de la gestion démocratique pouvoir.
Avec la Guinée Bissau, l’enjeu pétrolier casamançais rend ses relations peu sereines. Ce pays réclamant plus de part dans le partage des ressources, et la Casamance en lutte exigeant son droit de regard sur l’exploitation pétrolière et aurifère et du fer. La Guinée Bissau a une dette morale vis-à-vis de la Casamance, en raison du soutien de notre peuple, lors de sa lutte héroïque de libération. Elle sait que son avenir réside dans une Casamance libre et maitresse de ses ressources.
Qui plus est, la Guinée Bissau et la Casamance ont les mêmes communautés, les mêmes langues, les mêmes coutumes, les mêmes affinités : Balante, Peulh, Diola, Mandiak, Mancagne Mandingue furent les principales societes qui ont construit, il y a des siècles, la formation politique du Gabou, celle Bainouck, les Républiques Jamat. Sous ce rapport, de par l’histoire et la géographie, le Sénégal s’arrête au Centre et au Nord de votre pays. La Casamance ayant symboliquement posé la limite et la scansion qui n’est pas près de se disloquer, contrairement à votre prédiction.
« En Casamance, dans la division du travail, l’Armée a fait son boulot. L’Armée a gagné la guerre et il appartient aux politiques de gagner la paix. L’Armée, c’est pour faire la guerre, créer un rapport de forces favorable, qui permet aux hommes politiques de gagner la paix. Toutes les conditions sont réunies aujourd’hui pour gagner la paix et sortir définitivement de la guerre. La première condition est que le Mfdc est tellement affaibli que même ses radicaux les plus fous sont convaincus que l’option militaire est impossible. Or, une guérilla ou une rébellion ne négocie sérieusement que si elle est convaincue que l’option militaire est impossible. Avant d’en arriver à ce constat, pour toute rébellion, la négociation n’est autre que la continuation de la guerre par d’autres moyens. »
- Aucune guerre ne sera gagnée en Casamance tant que l’aile arme du MFDC existera :
L´armée n’a gagné aucune guerre en Casamance. D’abord ce qui sévit en Casamance n’est pas proprement une guerre, mais une guérilla. Or, celle-ci introduit le caractère asymétrique au conflit qui oppose les jambar á Attika depuis plus de 34 ans. La temporalité de la guerre asymétrique est celle de l’oscillation ou de l ´ alternance entre accalmie et escalade. C’est celle, de la micro action contre la macro action, de la sédentarité contre la mobilité, du rhizome, pour parler comme Deleuze, contre les rigidités de commandement vertical, etc.
La guerre n’est pas gagnée, parce que, comme vous l’avez intelligemment saisi, aucun accord n’est signé entre les belligérants. Accord susceptible d’offrir le cadre politique requis, en vue de basculer du militaire au politique. Même quand on capitule dans une guerre, on le consigne dans un texte.
Il n’y a pas de guerre gagnée parce qu’il y seulement 6 mois, l’armée sénégalaise avait bombardé dans le plus grand silence des intellectuels et autres droits de l´hommistes des villages situés le long de la frontière entre la Casamance et la Guinée Bissau de manière indiscriminée, commettant ainsi des crimes de guerre, poussant á l´exile plus 3000 refugiés casamançais. Ces derniers s’ajoutant aux 40 000 casamançais refugiés depuis plus de 30 ans en Gambie et en Guinée Bissau.
Elle entreprend actuellement, suite au massacre de Boffa, la traque des villageois, l’arrestation massive et la torture des détenus comme Rene Capain Bassene écrivain et journaliste, Oumar Ampoi Bodian, subissant la pression des tortionnaires moraux, pour qu’il participe au démantèlement des leaders politiques exilés, comme Ousmane Tamba, Mamadou Nkrumah Sane, Dr. Ahmed Apakena Dieme. Enfin, la guerre ne peut jamais être gagnée contre un peuple sur son territoire, sur le territoire de ses ancêtres. Car l’armée prétendant prendre le dessus sera toujours perçue comme envahisseur et occupante. Or, c’est le cas, tant que le texte d’accord n´y mette pas un terme, á la faveur d’un vrai processus de négociations politiques.
Il est évident que dans la mesure oú Attika existe encore, avec ses milliers d’hommes, avec ses recrues, avec son aile politique libre de ses mouvements à l’étranger et donc capable d’y organiser la lutte, on ne doit pas logiquement décréter la fin de la guerre. J’aimerais bien vous faire visiter le maquis pour que vous réalisiez la ferveur et la ténacité, qui animent les combattants du MFDC. Mais en étant un intellectuel curieux, pas espion-mouchard.
Monsieur Yoro Dia:
« Et le Mfdc a usé et abusé de cette stratégie dans les années 90, mais aujourd’hui il est convaincu qu’il a perdu la guerre. Mieux encore, dans les années 90, l’Armée était obligée de combattre le Mfdc sur deux fronts, avec des régimes pyromanes en Gambie et en Guinée-Bissau, mais aujourd’- hui non seulement le Mfdc n’a jamais été aussi faible militairement, mais nous avons deux régimes amis en Gambie et en Guinée-Bissau. C’est le moment de faire la paix. Mais sortir de la guerre, faire la paix, ce n’est pas le travail de l’Armée, mais la responsabilité politique et historique du président de la République. Chaque Président a eu sa stratégie et chacun à sa manière, a contribué à mettre le Mfdc à terre. »
Apakena Diémé
La Gambie et la Guinée Bissau n’ont jamais été pyromanes. Au contraire, c’est le Sénégal qui, á cause de sa guerre imposée á la Casamance, a toujours pollué et sapé, par tous les moyens les liens de parenté, les affinités culturelles, les solidarités entre les ethnies du Gabou.
- Y en a marre de vos injonctions confrériques moyenâgeuses, y compris pour un casamançais prétendant á la présidence du Sénégal : l’islam, c’est la démocratie, la république et l’égalité entre humains. C’est l’aversion aux castes au Djebelou et autre Ndiguel
Mieux il s’évertue à répandre même son modèle confrerico wolof. Je préfère le composant confrérie pas celui Islam. Car l’islam des sénégalais, des Tarika est un islam de Shirk. Or le shirk est le plus grand péché. Un islam où on vénère les marabouts, où le savoir religieux n’est pas démocratisé comme l’a souhaité le Prophète Mouhamed PSL, où il y a une reproduction des structures des castes dans votre système confrérique, où il faut faire du Djebelou pour être un bon musulman, (en le demandant même á un diola, comme Ousmane Sonko). Or un vrai diola ne connait ni le Djebelou ni les castes pour qu’on le lui demande. A moins qu’il vende son âme.
Pour vous sénégalais, toute personne prétendant à la présidence de la République, doit répondre aux fondamentaux socio culturels qui sont : ethnie wolof ou sérère ou un peu toucouleur- appartenance á une des principales confréries wolofs reproduisant les structures anthropologiques verticales consistant au système des castes- acceptation du modèle confrérico wolof consistant au « Djebelou » et au « Adiya ». Ahmed Khalifa Niass, dans sa haine etho religieuse ne fait que dire tout haut ce que bien des Sénégalais, y compris élites, pensent tout bas
De même le système de confréries implique le conservatisme socio religieux donnant à son tour lieu à des aristocraties wolofs, du moins à leurs répliques. Ce qui est contraire à l’islam que le prophète Mohamed a prôné devant les royaumes arabes. Le caractère révolutionnaire de l’islam au 7 e siècle réside dans sa capacite de remettre en cause les féodalités, les aristocraties arabes, qui étaient aux antipodes de l’idée de république contenue, entre autres, dans cette Sourat du Coran : « Kul huwa allahou ahad Allahu Samad Lam yalid Walam Yulad walam Yakun Lahu Kufuwan Ahad. »
La grande modernité révolutionnaire de l’islam, comme du christianisme et du judaïsme, c´est d’avoir décrété et institué l’egalite entre les êtres humains devant Dieu ; c’est d’avoir rendu immatériel, abstrait et incorporelle, non représentable, l’idée de Dieu. Si Dieu de Mois, á titre d’illustration, face au pharaon, n´était pas dématérialisé, l’incarnation corporelle du pouvoir aurait persisté et donc la révolution monothéiste n´aurait pas eu lieu. Dans son livre la « Dogmatique de l’Occident » Pierre Legendre montre merveilleusement comment l´Etat moderne est issu de la matrice de cette modernité monothéiste. Veuillez le lire pour mieux comprendre ce que je veux dire.
Monsieur Yoro Dia:
« Le Tout militaire de Diouf a brisé les reins du Mfdc. La volonté de Wade d’acheter la paix en injectant de l’argent dans le maquis a amené des scissiparités au sein du mouvement, ce qui l’a affaibli et décrédibilisé, et la stratégie du dépérissement de Macky Sall a entrainé une si longue accalmie, qu’il a fallu le massacre de Boffa pour nous rappeler que nous avions une drôle de paix en Casamance, après une vraie guerre.
J’ai toujours pensé que plus les infrastructures nous rapprocheraient de la Casamance, plus l’idée et le sentiment d’indépendantisme s’éloigneraient. C’est dialectique. Aujourd’hui, Ziguinchor a deux vols d’avions par jour, 3 bateaux et bientôt le pont de Farafegny. Nous avons fait le plus dur mais il reste le plus important : une paix définitive. Ce ne sont pas les 450 milliards qui vont l’amener même s’ils y contribuent. Il faut du courage politique pour faire la paix et c’est ce qui manque.
Le Mfdc a apporté une mauvaise réponse à une vraie question : l’enclavement. Les 450 milliards, les avions, les bateaux, le pont, c’est le début de la bonne réponse à la vraie question. Le courage politique consiste à reconnaître et à accepter que le combat du Mfdc n’a pas été vain, parce qu’il nous a permis de repenser le contrat social sénégalais. Grâce au Mfdc, tous les Sénégalais sont convaincus que même si la Nation est indivisible, elle est plurielle. Ce conflit nous a permis de sortir du danger que représente l’idée d’une Nation une et indivisible, en dépassant le modèle hégémonique « islamo wolof ».
Nous sommes indivisibles mais pluriels. Aux Etats-Unis, pour sortir de la guerre de sécession, le Président Lincoln a reconnu qu’avant la guerre, il y avait deux Amériques juxtaposées, que le sang versé a rapprochées et soudées. On n’est pas loin de la même situation en Casamance, mais nous n’avons pas encore un Lincoln et son courage politique, qui a offert une porte de sortie honorable aux chefs de la rébellion, à savoir le Président des Etats du Sud Jefferson Davis (mort dans son lit des années après la guerre) et le Général Lee.
Le Mfdc qui a perdu la bataille militaire et celle de l’opinion, ne cherche qu’une porte de sortie honorable. Monsieur le Président, cela ne coûte pas grand-chose et rapporte gros car, comme disait Churchill, «la magnanimité envers un adversaire vaincu est non seulement morale, mais c’est un bon investissement pour l’avenir ». La Casamance notre avenir, vaut bien cet investissement politique après la pluie des milliards. »
Apakena Diémé:
Face aux milliards de Macky Sall, de Diouf et de Wade, le MFDC n’a jamais vendu son âme. Les régimes précédents, celui en cours, ont dépensé mille fois plus pour imposer la paix en Casamance, en vain. Sinon il ne serait pas lui aussi en train d´injecter davantage de milliards. Les centaines de milliards qui n´ont pas ramené la paix sont justement la preuve de l´échec de Macky Sall.
L’investissement pour l’avenir en Casamance, signifie pour nous l’attribution á ou l’acquisition par la Casamance d´un nouveau statut juridique ; puis elle aura la charge, de le définira selon son échelle de priorités socioéconomiques. Déjà, retenez que notre projet de société aura entre autres pour axes sur lesquels je ne vais pas m’étendre de peur d’être plagié, (car c’est la mode) :
5) Esquisses de projet de société
L’agriculture modernisée, mécanisée, s’appuyant sur des coopératives qui seront les forces socio-économiques du plan alternatif que le MFDC proposera en détails, le moment venu.
Sur cet axe, nous inventeront ce que nul n’a tenté, á savoir la création de banques paysannes, l ´institution d´un salariat paysan et la connexion entre la production paysanne et le contrôle du secteur tertiaire plus précisément, le maillon de la captation financière. L´ enjeu c’est qu´aucun étranger ne viendra se placer, paresseusement tel un parasite, sur le maillon de la captation financière, afin que sur l’ensemble de la chaine de production, de transformation et de commercialisation, les autochtones aient le contrôle prioritaire de l’ensemble du système économique.
Ceci implique ou aura pour effet positif, l’éclosion d’un entreprenariat casamançais populaire et paysan qui permette de briser la chaine de la longue fonctionnarisation de nos populations. Une fonctionnarisation qui l’a rendu toujours serviable pour les autres, en bon casamançais. C’est justement cette fonctionnarisation qui a suivi la longue déstructuration coloniale néo et endo coloniale des structures agricoles de la Casamance de Alinsitoe Diatta, défendant au prix de son exile à Tombouctou, son autonomie économique via la philosophie de l’autosuffisance alimentaire, notamment rizicole, au détriment de l’économie arachidière.
Dans cet axe du projet de société l’agro business s´appuiera sur le dispositif bancaire, politique et sociale, en vue de créer la chaine des valeurs allant de la production réelle, á la transformation industrielle ou artisanale et á l’écoulement. Le rempart pour cet axe sera le protectionnisme, autour du marché qui nous serait le plus compétitif et plus rentable dans de la sous-région.
Sur la base de cet axe, s’articuleront ceux de la mise à contribution intelligente des ressources minières. En faisant en sorte que, la formation scientifique et technique pratique et connectée á la vie économique, remplace les interminables et inefficaces études de nos jeunes, loin de la vie pratique.
Vu le niveau bas de maitrise de la science et de la technique, nous conditionnerons tous contrats d’exploitation de nos ressources au transfert systématique et pragmatique des savoirs- faire dans tous les domaines, ainsi qu’au réinvestissement de revenus sur place en Casamance. Ce, au grand bénéficie de la transformation infrastructurelle et sociale de notre peuple. Evidemment, les savoir-faire dits traditionnels gagneront en revitalisation, par leur entrée dans les centres de formation.
A cote des champs et des usines, il y aura des centres de formation. La barrière douanière entre la Casamance et la Gambie ainsi que la Guinée Bissau sauteront. D´ailleurs, lorsque nous entreront dans un processus de paix, notre aile armée, de concert avec le peuple, expérimenteront l’économie alternative de la rupture dans les zones frontalières, mettant à rude épreuve le jacobinisme prédateur de Dakar. L’objectif d’une telle expérimentation, c’est d’amener le peuple à voir si son intérêt socioéconomique se situe dans ce jacobinisme de Dakar ou dans un espace du Gabou. Ainsi irait le processus de paix.
Sur le plan monétaire le MFDC œuvrera, contrairement aux auxiliaires néo coloniaux sénégalais qui ont expulsé Kemi Seba, à la grande rupture qui s’impose. Sortir du CFA et battre sa propre monnaie, en faisant en sorte que la valeur monétaire corresponde objectivement au niveau de l’économie.
Car nous sommes convaincus que le CFA fait partie des instruments d’appauvrissement de nos peuples, par le fait simplement qu’on entretient l’illusion que nous sommes connectés au monde, alors même que nous ne constituons que des marchés passifs pour la France. De plus, la forte monnaie qu’est le CFA en tant qu’il est arrimé á l’euro, est en déphasage avec le niveau économique réel de nos populations. Alors, notre économie est pour la France ou bien elle est pour nous !!!
Avoir sa propre monnaie est un acte de souveraineté. Il suffit donc de le décider, de se donner les moyens techniques, d’avoir un marché et un tissu industriel léger, pour qu’une monnaie se définissant comme instrument de mesure de l’échange et de la valeur circule et fluctue, irrigue les processus de production des richesses.
- La réhabilitation des systèmes spirituels africains :
La dernière condition sera le recours aux valeurs ancestrales, socle d’une écologie avant la lettre, que nos sociétés actuelles ont tendance à abandonner, à cause de l’assimilation religieuse.
Qui est plus écologique que celui qu’on appelle animiste, qui n’a pas eu besoin d’attendre Ali Aidar, pour savoir et pour considérer qu´ en l’arbre et en l´herbe, qu’en chaque élément de la nature git une âme ? L’animisme signifie justement la conception systémique et holistique du monde. Ce n’est pas du Shirk.
Scandale, apologie du paganisme ! S´écriront les cons. Les animistes ne sont pas des polythéistes, comme on nous l’a fait croire, y compris dans nos esprits les plus aux aguets de la résistance culturelle. Par cette contre vérité, bien des vagues d’invasions culturelles ont sapé les fondements spirituels des systèmes religieux anté islamiques set anté chrétiens. Il faudrait penser à les réhabiliter, à créer les conditions de leur aggiornamento. Une bonne partie de la renaissance africaine dont on parle tant en dépend.
J’ai laissé exprès de cote le chapitre sur les grandes lignes institutionnelles et politiques du projet de société de la Casamance lutte. Elles feront un jour l’objet d’un document officiel du MFDC, lorsque le projet actuellement en débat interne concernant la mise en place d’un gouvernement casamançais libre en exil, arrivera á terme.
En résumé :
La guerre en Casamance n´est gagnée par personne, étant donné qu’il est créateur de statuquo dont les casamançais sont les seuls perdants – le PSE de Macky Sall n’est pas à la hauteur du projet de société du MFDC et de la Casamance en lutte – Attika dispose encore de ressources humaines pour poursuivre la lutte de libération nationale – la seule solution pour laquelle nul ne perdrait la face, c’est celle de la signature d’un accord politique de paix après d’âpres négociations politiques inclusives et larges.
Dr. Ahmed Apakena Dieme, CIU du MFDC Consultant Bonn/RFA
Zeus
Bien fait et bien dit. Yoro réfléchira prochainement mille fois avant de s’attaquer aux casamançais.