Casamance: Le message de « chasser les oiseaux dévastateurs de récoltes «
Divisée, éclatée au sujet de la déforestation et de la crise en Casamance, le Sénégal cherche désespérément un bouc émissaire qui puisse l’aider à sortir de cette grave impasse de 35 ans qui a fini par dévoiler la fragilité de cet édifice tant mythifié qu’est ce pays de Lat Dior.
Le Sénégal se découvre tout d’un coup, malgré toutes les professions de foi et le donquichottisme de Macky Sall, dans la même logique de règlement de conflit qu’Abdoulaye Wade, Abdou Diouf et l’académicien français Léopold Sédar Senghor.
Face à la Casamance résistante et debout, les dirigeants sénégalais tentent de justifier leur incurie ou leur politique inhumaine par un manque lamentable de stratégie de sortie de crise.
La priorité réside dans la militarisation avec la multiplication des checkpoints, la détention indigne de prisonniers politiques, l’appropriation des terres et la spoliation des ressources naturelles. Une façon de rejeter toute forme de négociation ou de dialogue avec le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), la société civile et la diaspora casamançaise.
Tous les ingrédients pour juguler les efforts d’unité des Casamançais et de paix sont savamment concoctés à Dakar et exécutés à Ziguinchor.
Lors de mon dernier passage dans le village de Bagadadji du Fouladou au sud de Kolda, un sage Peul m’a bien confié : « Il faut seulement réveiller les gens qui dorment pour partir très tôt le matin dans les champs et chasser les oiseaux dévastateurs de récoltes ».
Ce message est en tout cas bien accueilli à la direction du Journal du Pays.
Pierre Coly