Casamance: Un humanitaire se confie: « L’aide aux réfugiés est nécessaire mais la solution est le retour des réfugiés chez eux »
« Le gouvernement sénégalais a la volonté d’empêcher de créer les conditions adéquates pour le retour des réfugiés Casamançais chez eux » a déclaré le représentant d’une organisation humanitaire travaillant depuis six années sur la question.
« Au début nos discussions étaient positives avec le Mouvement des Forces Démocratique de la Casamance (MFDC) et le gouvernement sénégalais. Ils nous ont affirmé qu’ils ne prendront aucune mesure contre les déplacés qui souhaitent rentrer. L’arrestation en janvier du chargé de Mission du MFDC, Oumar Ampoi Bodian, qui était notre interlocuteur et l’intervention de l’armée dans les villages a anéanti tout effort de retour des réfugiés. »
L’aide nécessaire offert aux réfugiés Casamançais en Guinée Bissau et en Gambie par les associations de la diaspora est bienvenue. Mais elle n’est pas la solution à long terme commentent les villageois.
Un plan commun pour un retour définitif des réfugiés vers les lieux où ils habitaient avant le début du conflit, déjà préparé par le MFDC et les chefs de villages, devrait être soumis aux autorités administratives des zones touchées. Mais voilà tout est remis à zéro.
C’est un processus de longue haleine. Pour l’instant, nous estimons que les conditions ne sont pas remplies pour un retour durable. C’est d’ailleurs le constat dans la zone du Balantacounda, de Bissine et du Parc de Basse Casamance.
Dans le plan détaillé fourni par le chef de mission du MFDC en novembre 2017, les soucis principaux mentionnés par les réfugiés sont d’abord la question de la sécurité (bombardements, mines anti-personnel, checkpoints, vols de bétails, mais aussi les arrestations) et la question de la propriété, ils se demandent s’ils vont retrouver leur maison, leur terre et comment ils vont survivre.
«Nous étions en pleine discussions sur ces points délicats. Le MFDC s’est engagé en collaboration avec le cadastre à demander à chaque famille s’ils ont un titre de propriété pour savoir quels seront les besoins pour soutenir ces personnes au retour. Tout le monde, y compris les réfugiés eux-mêmes, est d’accord sur l’idée que la solution est la possibilité pour les réfugiés de rentrer chez eux en toute sécurité et c’est très important que ces retours soient un succès, que ce soit un retour durable.»
« Le message est de dire et d’accepter que la crise n’est pas terminée et que nous sommes toujours dans une situation fragile en Casamance. Nous avons besoin de soutien humanitaire en Casamance, et bien sûr une solution politique, mettre un terme à la guerre en Casamance, car il est fondamental de résoudre le problème à la source. La solution au problème est politique, elle n’est pas humanitaire. »
Antoine Bampoky