Afrique du Sud: Le musicien Johnny Clegg est décédé
Le chanteur sud-africain Johnny Clegg est décédé mardi d’un cancer à l’âge de 66 ans, a annoncé son manager à la chaîne de télévision publique SABC. Surnommé le « zoulou blanc », il avait connu le succès dans les années 1990.
« Johnny est décédé paisiblement aujourd’hui, entouré de sa famille à Johannesburg, après une bataille de quatre ans et demi contre le cancer », a déclaré son manager Rodd Quinn.
« Il a joué un rôle majeur en Afrique du Sud en faisant découvrir aux gens différentes cultures et en les rapprochant« , a-t-il ajouté dans un communiqué.
Longtemps victime de la censure en Afrique du Sud, l’artiste a connu le succès à l’étranger avant d’accéder au statut de star dans son pays.
Johnny Clegg a puisé dans la culture zoulou son inspiration pour concevoir une musique révolutionnaire où les rythmes africains endiablés cohabitent avec guitare, clavier électrique et accordéon.
Si avec son album « Scatterlings of Africa » en 1982 il s’est propulsé en tête des hit-parades en Grande-Bretagne et en France, « Asimbonanga » (« Nous ne l’avons pas vu », en langue zoulou) est devenu le tube planétaire dédié à Nelson Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid alors emprisonné à Robben Island (Afrique du Sud). En ce temps, la seule évocation du chef du Congrès national africain (ANC) est alors strictement interdite. Le régime raciste de Pretoria bannit le titre dans le pays.
Né en 1953 au Royaume-Uni d’un père britannique et d’une mère zimbabwéenne, chanteuse de jazz de cabaret, Johnny Clegg débarque à l’âge de 7 ans dans une Afrique du Sud où la minorité blanche règne en maître absolue sur la majorité noire.
Initié aux cultures locales par son beau-père journaliste, Johnny Clegg assure que son refus de l’apartheid n’a rien de politique.
« Je n’étais pas motivé politiquement mais culturellement. J’aime la musique et la danse », expliquait-il simplement.
Les yeux ouverts dans un pays borgne, il se glisse dès 15 ans dans les foyers de travailleurs noirs, au mépris des interdits. Là, il découvre les danses et les mélodies zoulou et s’invite secrètement pour danser avec les troupes traditionnelles.
Quand l’apartheid tombe définitivement en 1994, « c’est comme si nous étions tous nés une seconde fois« , confiera-t-il.
Les médias casamançais rendent hommage au courage, à la détermination et à l’engagement du Zoulou blanc contre toute forme de ségrégation raciale et de colonisation. Les musiciens comme G.FandeneJah et Fafadi s’inspirent de Johnny Clegg pour faire un bras d’honneur à la mainmise du Sénégal sur la Casamance.
ARDiallo