Casamance: Contribution de Georges Toupane: « Si dialogue il y a, c’est avec la France »
Je rejette dans le fond et dans la forme l’initiative du chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, qui consiste à dialoguer avec le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). C’est une énième parade politique puisqu’elle émane d’un pouvoir autoritaire et illégitime et parrainée par la France décrié et non reconnu par l’opposition sénégalaise mais aussi par les Casamançais dans leur presque intégralité qui ont voté contre Macky ou qui se sont simplement abstenus de voter lors des dernières élections.
La thérapie de groupe à laquelle sont conviées le Mfdc, personnalités nationales et autres organisations à caractères multiples constitue une vraie fausse issue à une vraie crise multidimensionnelle et de décolonisation.
Le pouvoir est en panne depuis 37 ans de perspectives et de visions politiques à même de répondre aux urgences de l’heure. Cet aveuglement chronique a été empiré par une absence criarde de toute volonté politique nécessaire à éviter à la Casamance une situation plus difficile à résorber à moyen et à long terme avec la disparition des ressources naturelles.
Pour les milliers de Casamançais qui se sont révoltés pacifiquement et massivement en 1982 et 1983 avec une détermination inégalée à en finir avec le Sénégal au prix de leur sang et de leur vie, à ne pas reconnaître ses institutions et à terrasser le symbole de drapeau à la gouvernance de Ziguinchor, il est grand temps que la Casamance soit prise en charge par ses propres filles et fils.
Un peuple comme le nôtre ne peut se suffire d’un simple colmatage historique. Il veut un changement radical et rejette toute option politique qui ne prenne pas en charge cette indépassable condition de l’indépendance.
Le peuple Casamançais qui, depuis des décennies, a subi les affres de la colonisation, du dédain, du mépris, de l’oppression, de l’injustice, de l’excès de pouvoir dont les sénégalais font preuve en toute impunité à l’égard des populations et de la misère multiforme ne veut plus délivrer de sursis au régime despotique sunugalien. Aujourd’hui la quasi-totalité de nos concitoyens contestent au pouvoir sénégalais toute forme de confiance ou de réceptivité.
Puisque des pans entiers de la société casamançaise furent méprisées et décriées par les pouvoirs autistes et arrogants du Sénégal alors l’unité des Casamançais autour des Casamançais est la solution indéniable pour construire des compromis consensuels et incontestables pour notre avenir. Si dialogue il y a, c’est avec la France.
Georges Toupane, Consultant en économie sociale et solidaire