Je ne crois pas qu’il suffit comme le font certains, de mettre en valeur le rôle de « chef » et de ramener l’histoire à des individus pour saisir ce qui s’est passé et ce qui va devenir.

Les hommes et femmes de la marche pacifique du 26 janvier 1982, s’ils eurent un mérite, ce fut précisément celui d’être parvenus à exprimer et à mettre en oeuvre ce qu’une grande masse de Casamançais pensaient et souhaitaient. Eux-mêmes furent le produit de circonstances, de luttes politiques et il est dangereux de pratiquer le culte des héros (même s’ils sont morts) car c’est là le meilleur moyen de nier le rôle du peuple.

Ces dernières années en Casamance, la corruption et les manipulations ont renforcé un courant « affairistes prédateurs » qui a infiltré et pris le contrôle de groupes de jeunes et d’institutions et qui transforme en outils de propagande au service des ambitions d’une personne guidée par l’appât du gain.

A ceux-là le Peuple a répondu au cours des derniers jours. Aux adeptes du culte de la personnalité, serviteurs du courant affairiste prédateur, il est encore temps de retrouver vos esprits si vous voulez que le peuple vous pardonne.

Cette dérive a négligé l’avenir de la Casamance en excluant, méprisant, écartant et réprimant des militants sincères, des responsables compétents, patriotes, indépendantistes animés du seul bonheur des Casamançais.

Ce faisant ils ont détourné de leur fonction les relais naturels des aspirations et revendications du peuple et ralentit le développement économique et social du pays des rivières.

Les Casamançais sont un peuple pacifique qui au cours de sa longue histoire, a toujours su, le moment venu, répondre à l’appel de la dignité, de la liberté et de la paix.
Il est temps de poursuivre la route sur le chemin trace par la lutte de libération de la Casamance et de l’Afrique. Il est temps que les militants, intellectuels et les associations présentent des solutions concrètes aux problèmes du pays et aux revendications légitimes du Peuple, dans le respect des idées de chacun, dans le calme et avec responsabilité.

Le Peuple souverain n’a nul besoin d’un nouveau « Maître Sénégalais » de polémiques stériles ou de slogans, il réclame des responsables sincères, patriotes et méritants, des solutions et une stratégie concrète qui tire les leçons des erreurs du passé et répondent à de vrais questions:

– Comment répondre aux aspirations de la Jeunesse de la Casamance ?
– Comment protéger le pays d’une dérive coloniale et autocratique à l’avenir ?
– Comment protéger l’engagement politique citoyen des forces de la corruption ?
– Comment restaurer les espaces d’expression politique
– Comment restaurer le principe de méritocratie ?
– Comment restaurer les institutions et instances de contrôle ?
– Comment lutter contre la bureaucratie ?
– Comment reformer la justice?
– Comment retrouver la culture du consensus?
— Comment protéger la Casamance du sectarisme, du tribalisme, et de la démagogie
– Comment préserver la justice sociale et engager la relance économique ?
– Comment préserver les ressources, de diamant, d’or, de pétrole, de gaz, de zircon, de pêche, de cajou, de riz, de forêts, … ?

Le Peuple Casamançais n’oublie pas le serment fait à tous ses martyrs pour la liberté et pour la paix.

Aujourd’hui comme hier et demain la seule CONTINUITE à préserver n’est pas celle d’un homme, c’est celle de la fidélité aux martyrs et aux ambitions légitimes du Peuple Casamançais à la paix, à la liberté, à la prospérité et à l’indépendance.

Vive la Casamance.

Félix Diédhiou