Casamance : Le pouvoir sénégalais criminalise l’héroïsme et la dignité des Casamançais
Treize militants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) ont été arrêtés le samedi 6 juin 2019 à Kagnobon (Bignona) pour avoir planifié une rencontre politique. Ils sont transférés manu militari par les gendarmes sénégalais le même jour à Ziguinchor.
Seront-ils inculpés pour « atteinte à la sureté de l’Etat du Sénégal » et passibles de la peine de mort ou à l’exécution sommaire comme ce fut les cas de Sarani Manga Badiane et du Professeur Malo ?
Pour faire peur en Casamance, le pouvoir sénégalais criminalise l’héroïsme et la dignité. Ces vagues d’emprisonnement depuis 1982 soulèvent l’indignation chez toutes les populations de Casamance. Certains villages viennent d’organiser des marches nocturnes pour exprimer leur colère contre le pouvoir colonial sénégalais et leur solidarité avec les prévenus.
La manœuvre de diversion tentée par les gendarmes de Macky Sall pour en finir avec le MFDC a consisté à déclarer la guerre au droit d’expression libre des Casamançais dans leur village et dans leur pays.
Même le drapeau de la Casamance, symbole de l’aspiration du peuple Casamançais à l’indépendance était interdit. Sa présence dans les manifestations, sur les T-shirts, sur les voitures, les vélos, les motos-jakarta et les charettes est si défiante pour le pouvoir autoritaire sénégalais que celui-ci avait fini par accepter à contre-cœur.
La popularité du MFDC ne fait aucun doute en Casamance, en Gambie et en Guinée Bissau. Plusieurs sénégalais sont d’ailleurs persuadés de la lutte légitime des Casamançais contre toute forme de colonisation à travers Aline Sitoé Diatta, Moussa Molo, Fodé Kaba Doumbouya et Victor Diatta. Faudrait-il rappeler aux politiciens et militaires sénégalais généralement incultes, la permanence de l’esprit d’indépendance de la Casamance ?
Dans une déclaration commune aux différentes tendances, le MFDC condamne l’arrestation depuis janvier 2018 de ses membres et exige la libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers politiques.
Le MFDC appelle la commission des droits humains de l’ONU, celles de l’Union européenne et de l’Union Africaine, à se saisir de ces graves atteintes aux droits des citoyens casamançais. Il alerte la communauté internationale et les instances de l’ONU sur les violations quotidiennes des droits du peuple de Casamance de s’exprimer librement et pacifiquement.
Pierre Coly