Pour Amadou Danfa, mécanicien à Ziguinchor, « cette libération ne concerne qu’eux entre eux ! Les Sénégalais sont solidaires entre eux et s’entraident quitte à faire intervenir les marabouts. Ce qui me regarde c’est l’incarcération arbitraire et inhumaine de vingt-quatre Casamançais qui croupissent pendant 20 mois sans jugement dans les prisons sénégalaises. Ils subissent un traitement très différent donc discriminatoire. »

Salimatou Bâ, étudiante à Bordeaux en France, en vacances à Ziguinchor, dénonce de manière générale toutes les détentions liées aux tragiques événements de Boffa de janvier 2018. « Près de deux ans, des innocents jaloux de leur pays et de leur forêt sont arbitrairement incarcérés pour avoir, pour certains, défendu la coupe illégale des arbres par des trafiquants, et pour d’autres pour avoir exprimé simplement une opinion politique contraire à la bonne humeur des tenants du pouvoir Sénégalais », souligne-t-elle. « Je considère que le prolongement de la détention, sans base légale, des détenus d’opinion par une justice soumise n’est pas de nature à assurer un dénouement heureux pour la paix en Casamance. Pire, tout indique que ces derniers sont pris en otage par un pouvoir décidé à plonger la Casamance dans le chaos ».

Tombong Sagna, proche du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) souligne que : « Les valeurs et les fondements d’un Etat démocratique et de droits exigent la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus d’opinion, à commencer par prononcer des non-lieu en faveur des détenus qui vont comparaître prochainement devant le juge instructeur pour des chefs d’inculpation infondés et injustes. L’arrestation de Oumar Ampoi Bodian, chargé de mission du MFDC et l’écrivain-journaliste René Capain Bassène est la preuve que tous ces valeureux prisonniers sont pris en otage par une justice qui continue à violer toutes les lois humaines. »

Samsidine Badji (SAM)