Casamance : Deux ans après le massacre de Boffa-Bayotte la justice sénégalaise piétine, les commanditaires et les tortionnaires courent toujours
Le 14 avril 2017 vers 3 heures 30 du matin, une semaine après la tuerie dans la forêt de Boffa-Bayotte, l’équipe de la gendarmerie sénégalaise commandée par le lieutenant-colonel Issa Diack a procédé à l’arrestation musclée de l’écrivain journaliste René Capain Bassène chez lui à Ziguinchor.
Selon les informations dont disposent le Journal du Pays, les noms des gendarmes qui ont torturé René Capain Bassène mais aussi sa femme pour l’obliger à signer un protocole qu’il n’a jamais lu et pour admettre qu’il est un membre du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance, sont connus.
Il s’agit du capitaine Mbodj, de l’adjudant George Mbengue, de l’adjudant Adama Niang qui a frappé René Capain Bassène jusqu’à faire couler le sang de ses oreilles, de l’adjudant Diédhiou originaire du village de Baïla, du commandant Diallo de la brigade de recherche de la gendarmerie de Ziguinchor qui lui a adressé plusieurs coups de pied au ventre alors qu’il était menotté et d’un autre commandant de même nom Diallo, chef de la brigade mixte de Ziguinchor.
Le procureur sénégalais de Ziguinchor, Alioune Abdoulaye Sylla accompagné du colonel Issa Diack, chef de la section de recherche de la gendarmerie sénégalaise ont tenu un point de presse le 25 janvier 2018 à Ziguinchor.
Le procureur Sylla avait déclaré : « Il résulte que l’attaque du 6 janvier a été planifiée et exécutée par une personne pour le compte de deux villages » et qu’elle « a été menée sous les ordres d’un lieutenant d’une faction » sans citer de nom.
« Celui qui avait planifié l’opération a été placé en garde à vue avec 15 personnes ayant pris une part active. » a-t-il ajouté. Le procureur a ainsi trouvé ses coupables.
Parmi les personnes arrêtées figurent quatre jeunes membres d’un comité villageois de surveillance des forêts, condamnés puis libérés en octobre 2017, le journaliste René Capain Bassène et Oumar Ampoi Bodian le chargé de mission du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance.
La réaction du MFDC était prévue : « La conclusion hâtive de l’enquête sur le massacre de Boffa-Bayotte a épargné les commanditaires de la destruction de nos forêts et les propriétaires des scieries. S’ils ne sont pas arrêtés alors la tâche nous reviendrait ».
Depuis sa création en mars 1947, le MFDC lutte pour l’indépendance de la Casamance.
Samsidine Badji (SAM)
Fouladou2
Je ne cherche pas à me justifier, mais je tiens à apporter quelques éclaircissements. Dans ma position politique relative à la lutte populaire d’indépendance totale, il n’y a aucune contradiction. Comme dans tout soulèvement de masse, l’évolution d’un mouvement évolue en fonction des rapports de force entre les deux principaux antagonistes (Mfdc Casamance et Etat Sénégal). Après une longue période d’apathie, le resurgissement d’un soulèvement populaire massif en Casamance suscite en nous de grands espoirs et une extraordinaire adhésion. Mais au fil de la maturation des événements, on prend conscience des carences du mouvement de soulèvement. En ce qui concerne le Mfdc, quoique populaire, j’avais d’emblée souligné sa nature paysanne bien ancrée, son défaut de radicalité politique, sa cruelle absence de revendications sociales, économiques, en un mot sa défaillance en matière de perspective révolutionnaire. Mais on garde toujours l’espoir d’un retournement de situation impulsé par le prolétariat et la petite bourgeoisie naissante. Néanmoins, en dépit de son immaturité politique, corollaire de plusieurs de décennies de dépolitisation forcenée et d’islamisation amollissante, le Mfdc a remis sur le devant de la scène historique la nécessité de la lutte. Cette fois-ci, les conditions objectives et subjectives n’étaient pas encore réunies pour impulser une authentique révolution. Mais, ce n’est que partie remise. Car la crise économique systémique et l’instabilité politique au Sénégal, en Gambie et en Guinée Bissau acculeront la Casamance de tout bord à se défendre, à riposter. Et la prochaine manche sera autrement plus radicale et subversive, car ravitaillée des enseignements et expériences actuels. Vive la Casamance indépendante et fière. Invicta Felix!
Uliwo
Mes pensées et mes prières vont d’abord aux victimes et à leurs familles, mais aussi aux prisonniers injustement détenus sans jugement. Je prie Dieu Tout Puissant d’apporter la paix dans les coeurs et dans les âmes pour que la Casamance soit enfin elle-même libre et prospère. Uliwo. L’union fait la force.
Balla Moussa
Le transfert des prisonniers politiques casamançais de Dakar à Ziguinchor n’a pas permis d’apaiser la grogne des Casamançais et les familles des victimes qui ont du mal à avoir les permissions nécessaires pour visiter les détenus.
Cette année s’annonce particulièrement tendu avec les élections législatives et la reprise ou non de négociations entre le Mfdc et le Sénégal ou une reprise des hostilités.
Safi
Il ne faut pas être un inspecteur Colombo pour savoir que les coupables se cachent derrière des autorités sénégalaises.
Katakalousse
Rien, n’indique que la justice coloniale sénégalaise ne laisserait pas croupir en prison les innocents jusqu’à la mort. Ils sont capables. N’est pas le chef de village de Toubacouta est mort il y a un an ?
Depuis quand les Casaçais battent le pavé pour réclamer leur indépendance et un changement radical du système de gouvernance, d’éducation et le départ de ces autorités et symboles sénégalais.
Les jeunes qui sont dans le village voisin ont quitté en masse pour le maquis et ils ont raison. Notre village suivra dans quelques mois après les bénédictions d’usage. Inschallah, la Casamance sera indépendante Manomann.