Casamance : Le bilan macabre d’un mois après l’offensive armée de Macky Sall en Casamance
Depuis le 13 mars 2022, le président sénégalais Macky Sall a lancé ses troupes contre les combattants indépendantistes du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Son Etat-Major des armées expliquait dans un communiqué du 14 mars : « Dans le cadre de leurs missions régaliennes de sécurisation des personnes et des biens, les armées ont lancé le dimanche 13 mars 2022 une opération dont l’objectif principal est de démanteler les bases de la faction MFDC [Mouvement des forces démocratiques de Casamance] de Salif Sadio situées le long de la frontière nord » avec la Gambie.
Exactement trois semaines après, dans son allocution du 3 avril, le Président Macky Sall n’a pas atteint son objectif d’annoncer sa victoire contre les indépendantistes. Il sera contraint de s’adresser en ces termes aux Sénégalais sans donner de bilan : »J’ai donné ordre à nos forces de défense et de sécurité de poursuivre sans répit ces opérations jusqu’à ce que tous les objectifs assignés soient atteints« .
Quel est le bilan après un mois d’offensive militaire de Macky Sall en Casamance ?
Aujourd’hui un mois après, les troupes sénégalaises font face à une résistance acharnée de la part des forces indépendantistes Attika du MFDC. Au-delà des fantasmes, à l’exception de la récupération d’un dépôt de ferraille, de métaux et de déchets appartenant jadis à des unités sénégalaises, aucune base du MFDC n’a pu être prise.
Si les raisons d’un tel fiasco militaire sont multiples, l’impossibilité pour l’armée sénégalaise de s’imposer sur le terrain est gravement pointée du doigt.
Au moment où les troupes sénégalaises pénètrent sur le territoire nord casamançais, peu de personnes sont en état d’évaluer l’efficacité des premières frappes. C’est dans les jours suivants que des éléments significatifs vont aider à mieux comprendre la situation.
Plus de dix tonnes d’obus largués ont fait fuir 12 000 Casamançais à l’intérieur et à l’extérieur de la Casamance pour une opération dite « de sécurisation des personnes et des biens« . Une centaine de militaires sénégalais ont été tués et une cinquantaine de véhicules détruits dans différentes embuscades ou par des explosions de mines.
Des experts éminents, sans doute surpris par l’ampleur des soldats sénégalais tués et de véhicules détruits, s’accordent à parler du bout des lèvres de la « suprématie du terrain » des indépendantistes casamançais. Ceci explique la nervosité des militaires sénégalais dans leur logique de s’attaquer aux civils, à s’adonner à la razzia des villages et à emporter tous les biens des habitants même les animaux, des bœufs et des moutons.
Pourtant dans les faits, l’intention et l’objectif sont clairs : terroriser les populations casamançaises et vider les villages.
Une réalité est toutefois incontestable et constante après 40 années de guérilla, le MFDC possède toujours des ressources et de leurs nombreuses méthodes de défense et de résistance restent performantes.
Quoi qu’il en soit, les forces Attika du MFDC, toujours actives, continuent à poser un problème de taille à l’armée sénégalaise, 30 jours après le début de l’invasion coloniale de Macky Sall.
Emile Tendeng
Ansou Coly
Cette défaite de Macky Sall et de son armée est tout d’abord l’illustration d’un défaut de moral et de combativité de certaines opérations militaires et le refus de passer à la stratégie de sortie. Pour Macky il y a toujours une excellente raison pour rester. Ce n’est pas que la stratégie de sortie n’a pas été réfléchie ; elle n’a pas été mise en œuvre. L’erreur n’est donc pas de partir maintenant, mais de ne pas avoir décidé de partir avant. La tête haute. De son propre gré. Pauvre Macky. VIVE LA RESISTANCE DE LA CASAMANCE INVAINCUE DEPUIS L’ETERNITE
Anonyme
La Casamance est une espèce de ventre mou des opérations, où l’armée est assez fragile mais garde une volonté de pousser. Chers africains réflechissez un peu…. Cette guerre affaiblit notre continent. Nous avons besoin de tous les fils pour développer l’Afrique qui est trop en retard.
Anonyme
La guerre n’est que la continuation de la politique, selon la célèbre maxime de Clausewitz. Un mois après le début de l’invasion, la guerre en Casamance atteint un tournant. Quels sont les rapports de force sur le terrain aujourd’hui et que dit Macky Sall d’une possible sortie de crise? Telles sont les vraies questions à poser à Macky qui a envoyé l’armée. Je remercie le JP qui au moins a donné un bilan. Notre gouvernement reste muet et ne rend compte à personne. Quel pays de merde…
Carlos
Questions pertinentes! J’essaie d’apporter mon analyse:
Aujourd’hui l’offensive sénégalaise tend à stagner. On est au point culminant de l’opération militaire, c’est-à-dire le point de bascule entre l’impossibilité pour l’attaquant de poursuivre l’offensive, par manque de troupe, matériel et capacités, et l’incapacité du défenseur de faire des gains territoriaux, reprendre des positions ou lancer des contre-offensives efficaces.
Il y a deux solutions. Soit c’est une impasse militaire, ce qui impliquerait que Macky Sall gèle les attaques de son armée et reconnaisse qu’elle ne peut pas remporter la victoire, au niveau tactique et opérationnel.
Et si ce n’est pas une impasse, ça devient une attrition, c’est-à-dire un conflit qui s’éternise. Avec des positions qui continuent à bouger mais aucun adversaire qui peut prendre le dessus.
Pour moi, aujourd’hui, nous allons entrer dans une phase d’attrition parce que Macky a besoin, pour des raisons de politique intérieure, de transformer cette culmination de défaites en victoire militaire. Macky a besoin d’une victoire, même au rabais. Parce qu’on est très loin des objectifs initiaux. Ce sera très difficile au moment où les indépendantistes se regroupent autour de l’idéal de lutte.
NoPinthia
Désolé. Moi je ne vois pas de solution et comment M.S pourrait sauver la face. Faire fuir de la Casamance plus de 12000 familles ne peut être considéré une victoire égal quelle sera l’issue militaire. Senghor, Diouf et Wade ont mordu la poussière, ce sera le tour de M.S
Mafousse SANE
Macky a mérité ce qu’il voulait, 106 morts et 153 blessés et 13 amputés. Et cette guerre n’est pas finie! Comment peut-il expliquer ce gâchis aux Sénégalais ?