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Casamance : 18 décembre 1983, une marche pacifique réprimée dans le sang

Casamance : 18 décembre 1983, une marche pacifique réprimée dans le sang

Le 18 décembre 1983 reste une date sombre dans l’histoire de la Casamance, province ouest-africaine connue pour sa résistance face à l’oppression. Cette journée tragique a marqué la deuxième marche pacifique des Casamançais, brutalement réprimée par l’armée sénégalaise, après celle du 26 décembre 1982.

Contexte historique et motivations

Près d’un an après une première marche pour réclamer l’indépendance, les tensions entre les Casamançais et l’État sénégalais étaient à leur comble. En décembre 1982, des leaders du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) avaient été arrêtés et condamnés à dix ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Parmi eux figuraient l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, Mamadou Nkrumah Sané, Sanoune Bodian, Edmond Bora et Mamadou Diémé. Ces arrestations ont galvanisé la résistance, et de nouveaux leaders à Dakar, tels que Landing Diédhiou, Bountoung Badji, Siaka Dédhiou, et Ousmane Tamba ancien élève de Diamacoune aux collèges Sacré-Cœur et Charles Lwanga de Ziguinchor, ont organisé une seconde marche pour dénoncer cette oppression et demander l’indépendance de la Casamance.

Une mobilisation massive et une répression violente

Le 18 décembre 1983, vingt mille Casamançais se sont rassemblés à Ziguinchor, venant de villages et villes de la région. Traversant des quartiers emblématiques tels que Colobane, Santhiaba et Boucotte, ils avaient pour objectif de rejoindre la gouvernance de Ziguinchor et de remplacer le drapeau sénégalais par un drapeau blanc, symbole de paix. Cette marche faisait écho à l’événement similaire du 26 décembre 1982.

Pris de panique face à l’ampleur de la mobilisation, les forces de l’ordre – police, gendarmerie et armée – ont ouvert le feu sur les manifestants non armés, tuant des dizaines de personnes. Les rescapés de cette fusillade ont trouvé refuge dans le maquis, où ils ont formé la première branche militaire du MFDC, appelée Atika, sous la direction de Sidy Badji.

Cependant, une semaine avant la marche, la tension était montée d’un cran avec l’embuscade à Djabir, où le capitaine Amadou Tidiane Gadio et cinq gendarmes avaient été tués.

Conséquences humaines et politiques

La répression a été extrêmement brutale : plus de 2 100 arrestations, des disparitions forcées, et des assassinats ciblés. Le régime d’Abdou Diouf a été accusé de violations massives des droits humains, marquant un tournant dans la lutte de la Casamance.

Au fil des années, les conséquences de ce conflit se sont aggravées : des centaines de milliers de déplacés et réfugiés vivent aujourd’hui dans des conditions précaires en Gambie et en Guinée-Bissau. Les mines antipersonnel continuent de faire des victimes, illustrant la persistance de ce drame.

Un conflit irrésolu : appel au dialogue

Malgré les décennies passées, aucune solution durable n’a été trouvée pour résoudre le conflit casamançais. Les livres relatant cette histoire sont bannis au Sénégal, et le dialogue entre les parties reste au point mort. Pour espérer une paix durable, une stratégie inclusive et des garanties solides devront être mises en place.

La résistance de la Casamance perdure, alimentée par la mémoire des martyrs et l’espoir d’une libération totale. Cette lutte, ancrée dans l’histoire et la culture du Pays des Rivières, témoigne de la volonté indéfectible des Casamançais à défendre leurs droits et leur identité.

Antoine Bampoky

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