Casamance : 42 ans après la Marche Pacifique du 26 Décembre 1982, la quête d’indépendance reste vive et douloureuse
Le 26 décembre 1982, un acte de bravoure et de résistance marquait l’histoire de la Casamance. Ce jour-là, plus de cent mille Casamançais, unis au-delà de leurs ethnies, ont manifesté pacifiquement pour revendiquer leur indépendance sur les rues de Ziguinchor. Loin de se laisser intimider par la répression brutale des forces sénégalaises, ces courageux citoyens ont fait descendre le drapeau sénégalais des bâtiments officiels et l’ont remplacé par un drapeau blanc, symbole de paix et de liberté. C’était un appel retentissant à la fin de l’occupation et à l’auto-détermination. Mais 42 ans plus tard, cette quête de paix et de justice reste largement inachevée, et le peuple casamançais continue de se battre pour ses droits.
Le sacrifice des martyrs et la répression
Les manifestants de 1982 ont payé un lourd tribut pour leur courage. Des centaines ont perdu la vie dans cette lutte pour la liberté, et des milliers d’autres ont été emprisonnés dans des conditions déplorables. Mais ce qui reste gravé dans la mémoire collective des Casamançais, c’est l’instrumentalisation politique du conflit par les autorités sénégalaises. En dissimulant la dimension véritablement nationale de la lutte, le gouvernement de Dakar a cherché à réduire la rébellion à un mouvement diola, une ethnie majoritaire en Basse-Casamance, pour mieux isoler la cause et diviser les populations. Pourtant, la lutte pour l’indépendance de la Casamance ne se résume pas à un conflit ethnique. Elle est l’expression d’une résistance historique, qui va des rizières de Kafountine aux collines de Kédougou, de Bakel aux rives de l’Atlantique à Thionk-Essyl.
L’aveuglement des dirigeants sénégalais
Ce 26 décembre 1982 a fait éclater au grand jour l’arrogance des autorités sénégalaises face à la revendication légitime du peuple casamançais. Les présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall et Bassirou Diomaye Faye ont tous, à différents moments, minimisé la portée du conflit, souvent en désignant les Casamançais comme des séparatistes irrationnels. Leur déni de la souffrance du peuple casamançais s’est traduit par une gestion violente de la rébellion, des bombardements, des assassinats de civils, et une oppression systématique des populations locales. Les mots de l’abbé Diamacoune Senghor résonnent encore aujourd’hui, rappelant que « tant que le Sénégal se refusera à rechercher et à suivre le chemin de la paix en Casamance », la paix sera impossible à atteindre, non seulement pour le Sénégal, mais pour l’ensemble de la sous-région.
La Casamance : un territoire oublié et sacrifié
Dans cette lutte pour l’indépendance, la Casamance a été sacrifiée sur l’autel de la politique, abandonnée à son destin par un pouvoir central qui a longtemps refusé d’admettre ses responsabilités. 42 ans après le massacre de 1982, les promesses de paix et de développement faites par les dirigeants sénégalais n’ont abouti à rien de concret. L’éducation, l’économie, les infrastructures, la santé… rien ne va. Les militaires continuent de mener des opérations répressives contre les civils, comme en témoigne l’attaque du 11 décembre dernier à Kanfounda au nord de la Casamance, à la frontière gambienne causant la mort de plusieurs militaires sénégalais.
Le Sénégal, aveuglé par une obstination politique aveugle, a étouffé la Casamance dans une chape de silence. Le discours de la paix et du développement, sans cesse répété, se heurte à la dure réalité des Casamançais qui, pour la plupart, ne voient que la guerre, la misère et la répression. Ce paradoxe ne fait qu’accroître la défiance entre les deux entités, créant une fracture profonde et irréversible.
La complicité de la France : un poids sur la conscience
La France, ancienne puissance coloniale, porte une lourde responsabilité dans le conflit casamançais. La Casamance, comme d’autres régions de l’Afrique, a vu ses fils donner leur sang pour la libération de la France pendant les deux guerres mondiales. Mais depuis, elle a été abandonnée par Paris, qui, dans sa volonté de maintenir ses relations privilégiées avec le Sénégal, s’est faite complice du statu quo. La France officielle doit aujourd’hui regarder en face sa part de responsabilité et son rôle dans l’isolement de la Casamance. Un devoir moral s’impose, celui de réparer le tort fait à ce peuple qui a été sacrifié sur l’autel des intérêts géopolitiques.
Le défi de la mémoire et de la justice
Les Casamançais ne demandent pas seulement la paix ; ils exigent la reconnaissance de leur souffrance, la vérité et la justice. Ils réclament que leurs martyrs ne soient pas oubliés, que leur lutte pour la dignité et l’indépendance soit respectée, et que la communauté internationale, y compris la France, assume ses responsabilités. Le 26 décembre 1982 ne doit pas être qu’une date symbolique ; il doit être un jour de mémoire, un cri de ralliement pour tous ceux qui croient en la justice et en la liberté.
Aujourd’hui, alors que la Casamance commémore ce triste anniversaire, il est urgent de lever le voile sur une réalité longtemps occultée : celle d’un peuple qui n’a jamais cessé de lutter pour sa liberté, de revendiquer son indépendance et de faire entendre son droit à la paix. L’histoire de la Casamance est encore en train de s’écrire, et c’est à nous tous de faire en sorte que, bientôt, cette terre puisse vivre en paix, dans la dignité et le respect de ses droits.
Vive la Casamance libre !
Emile Tendeng
Commentaires (3)
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Balla Moussa
Le Sénégal a provoqué cette sale guerre contre la Casamance, il en souffrira pendant des siècles et des siècles. La Casamance est invaincue Invicta Felix. Vive la Casamance
Safi
c’est un moment historique et inoubliable. les casaçais ne renonceront pas à la liberté et c’est clair.
je rends un grand hommage au marcheurs de l’indépendance et de la paix.. bonne commémoration et la lutte continue jusu’à la victoire finale.
Awagna2000
GLOIRE AUX MARTYRS ET VIVE LA CASAMANCE INDEPENDANTE
LIBEREZ LES PRISONNIERS POLITIQUES
PRIONS POUR LES MILLEIRES DE MORTS