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Casamance :  Ce que retiennent les jeunes sur l’histoire de la Casamance et pourquoi une passerelle pour les négociations de paix (Contribution Awagna)

Casamance :  Ce que retiennent les jeunes sur l’histoire de la Casamance et pourquoi une passerelle pour les négociations de paix (Contribution Awagna)

Le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) a été créé en 1947 comme un parti politique à Sédhiou par des casamançais parmi lesquels Victor Diatta, Edouard Diatta, Ibou Diallo, Dembo Koita etc. Un an après Victor Diatta a été assassiné à Dakar.

Par la suite certains responsables du MFDC rejoindront Léopold Sédar Senghor au sein de son parti le BDS qui deviendra le BPS. Mais le MFDC a été créé avant le BDS. Mais beaucoup de jeunes responsables et cadres du MFDC avaient refusé ce ralliement à Senghor. Par la suite les responsables qui avaient rejoint Senghor l’aideront à gagner la Casamance au cours des différentes élections. Ce soutien des élites casamançaises renforcera Senghor au détriment de Lamine Guèye. Après l’indépendance du Sénégal certains cadres du MFDC qui ont rallié Senghor ont obtenu des postes dans le gouvernement du Sénégal. Mais avant 1980 les différents responsables du MFDC qui avaient rejoint Senghor mourront. Mais une grande partie des membres du MFDC qui avaient refusé de rejoindre de BDS étaient encore en vie. Senghor quittera le pouvoir en 1980 et deux ans après éclateront les premiers soulèvements contre l’état du Sénégal sous la direction du MFDC qui fera surface à nouveau. Mais de tout son vivant Senghor n’acceptera jamais de parler de cette crise en Casamance.

Seul Mamadou Dia acceptera de l’évoquer à plusieurs reprises et il parlera de trahison de la Casamance.

En 1980 une grève des élèves à Ziguinchor est violemment réprimée et au cours des échauffourées un jeune lycéen est tué par balles. Il s’en suivra un soulèvement général de la population mais avec l’implication des femmes du «  BOIS SACRÉ » le calme reviendra et les cours reprendront. A l’époque la Casamance n’avait qu’un seul lycée pour toute la région naturelle de Ziguinchor à Vélingara.

En 1982 un soulèvement armé éclate en Gambie dirigé par Koukoy Samba Sagna. Le pouvoir du président Daouda Kairaba Diawara est renversé. Ce dernier qui se trouvait à Londrès pour assister au mariage du Prince Charles sollicite et obtient l’intervention de l’armée sénégalais e pour reprendre le pouvoir. L’intervention aura lieu avec le soutien matériel et logistique de la France et la participation discrète mais très active des forces spéciales anglaises. Au bout d’un mois le pays est pacifié avec un bilan très lourd. Près de cinq mille personnes tuées mais Koukoy Samba Sagna est introuvable en Gambie. Il a réussi à rejoindre la Guinée Bissau pour aller ensuite vers une autre destination. C’est le début d’une série de violences armées dans cette zone méridionale qui fait partie de l’ancien empire du Kabou (Gabou).

Le 26 décembre 1982 une marche pacifique est organisée à Ziguinchor par le MFDC. Cette manifestation est violemment réprimée avec plusieurs morts et arrestations. Un an plus tard un soulèvement armé aura lieu en pleine ville de Ziguinchor et se soldera par plusieurs morts civils et parmi les forces de sécurité. Ce sera le début d’un long cycle de violences qui se transformera à partir de 1990 par une véritable guerre opposant l’armée sénégalaise aux indépendantistes du MFDC. Entre 1982 et 1990 il y aura beaucoup d’arrestations de tortures de procès des violations graves des droits humains des actes pouvant être qualifiés de crimes contre l’humanité. A partir de 1990 c’est la guerre qui va s’installer en Casamance avec son lot d’atrocités et de crimes graves dont certains pouvant être qualifiés de génocide.

Plusieurs accords seront signés entre le gouvernement du Sénégal et le MFDC. Ces accords ne seront jamais définitifs et la guerre reprendra son droit. En juin 1998 l’armée sénégalaise intervient en Guinée Bissau à la demande du président légal pour mater une mutinerie. Cette intervention fera près de deux mille tués et en mai 1999 les mutins prendront le pouvoir à Bissau après le retrait des troupes sénégalaises remplacées par un contingent de la CEDEAO. Aujourd’hui l’armée sénégalaise est présente aussi bien en Guinée Bissau qu’en Gambie où elle assure la sécurité du pouvoir des alliés politiques de Maky Sall dans ces deux pays. Malgré cette présence dont le but inavoué est d’affaiblir le MFDC la situation n’a pas évolué positivement vers une paix définitive acceptée par tous.

C’est pourquoi il ne sert à rien de s’agiter après avoir regardé des coupures d’interviews vidéos sur TIK TOK postées par des personnes inconnues ou des commentaires d’activistes qui sont nés hier et qui se prennent pour des spécialistes en tout ou qui voient la main de la France partout au lieu de mener des enquêtes de fouiller les archives ou d’interroger les anciens dont certains sont des protagonistes des évènements. Il apparaît de plus en plus que cette mouvance patriotique sénégalaise est devenue un fourretout où chacun peut prendre son appareil et raconter ce qui lui plaît. Depuis 1991 plusieurs rencontres de négociations entre l’état du Sénégal et le MFDC ont eu lieu. D’abord en terre africaine dans les pays voisins puis de plus en plus en Europe principalement en Italie. Il est donc inutile de s’agiter pour rien car les nouvelles autorités seront au parfum des dossiers puisque c’est le même état qui est là. Mieux les deux généraux qui sont désormais à la tête des ministères de l’intérieur et des armées sont des fins connaisseuses de cette crise. Il est temps pour toute cette mouvance de jeunes patriotes de comprendre que ce ne sont pas eux qui ont inventé la politique au Sénégal encore moins la géopolitique.

L’histoire c’est comme le mouvement de la terre autour fu soleil. Pourtant beaucoup d’ouvrages ont été écrits par d’éminents chercheurs sur la situation en Casamance. Le seul handicap c’est que tous ceux qui s’agitent sur les réseaux sociaux ne lisent jamais et sont toujours habités par l’émotion. L’absence de modestie, de sang-froid de rationalité dans la démarche et du sens de la mesure est un grand handicap chez un homme politique. Cette critique devrait aussi être adressée à la mouvance panafricaniste qui se caractérise par une totale absence de discernement et qui a tendance à faire croire que ce sont eux qui ont inventé le panafricanisme.

Désormais les militants de PASTEF doivent changer de comportement et comprendre qu’une équipe gouvernementale existe et son rôle est de régler les problèmes. Parmi ces problèmes il n’y a pas que l’économie car ce serait une catastrophe de croire que les problèmes du Sénégal sont seulement économiques et financiers. Depuis l’investiture du nouveau président sénégalais BDF il y a beaucoup de surenchère sur les réseaux sociaux et certaines informations sont diffusées par les militants de la mouvance PASTEF sans filtre. On a même vu circuler des listes du nouveau gouvernement toutes fantaisistes.

Chacun fabrique sa liste de gouvernement grâce à son imagination personnelle. Cela conduit à la pagaille. Il serait irresponsable de faire trop de communication sur cette crise en Casamance une crise qui a fait beaucoup de monstruosités que beaucoup de sénégalais découvrent avec les événements qui secouent le Sénégal depuis 2021 événements au cours desquelles la Casamance a payé le plus sanglant et mortel bilan.

Et pourtant les tirs à balles réelles contre les manifestants pacifiques les tortures et exécutions sommaires ont toujours existé au Sénégal et la Casamance a été d’ailleurs le laboratoire de toutes ces atrocités.

Aujourd’hui grâce aux nouvelles technologies il est possible de diffuser tout cela. Nous souhaitons bonne chance aux nouvelles autorités et nous les encourageons à trouver une passerelle pour parler au MFDC.

En attendant nous conseillons aux activistes d’arrêter de faire de la surenchère et de sortir de cette paranoïa consistant à se fabriquer un ennemi pour justifier un ralliement à la Russie pour satisfaire le
business de certains africains qui encaissent de l’argent russe au lieu d’aller chercher du travail comme tous.

AWAGNA

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