Casamance : De la lâcheté aux crimes des présidents sénégalais
En cette année de 2024, pour les Chrétiens, la période du Carême a débuté le 14 février avec le mercredi des Cendres et s’achèvera au soir du Samedi Saint, le 30 mars.
Pour la communauté musulmane, le Ramadan a commencé le soir du dimanche 10 mars et le premier jour du jeûne a démarré dès le lendemain lundi 11 mars.
Les cœurs des croyants, habitués à puiser dans les enseignements de la Bible, du Coran et des leaders spirituels la force d’agir pour le bien, sont brisés par le poids de l’inaction et de la complaisance des institutions religieuses et de ses dirigeants face à une des grandes tragédies de notre siècle : le drame de la Casamance meurtrie mais invaincue. Les paroles de compassion et de solidarité semblent s’effacer devant le mutisme effroyable émanant de certaines hautes autorités religieuses et politiques rodant comme des vautours autour de Macky Sall.
Dans les regards troublés des simples gens, on peut décerner la confusion et l’incrédulité devant cette faille béante dans les fondements mêmes de leur foi. Comment concilier la grandeur de l’amour divin avec la lâcheté de l’indifférence humaine ? Comment continuer à croire en la justice et en la miséricorde, lorsque celles-ci semblent si cruellement absentes ?
La déception s’est muée en colère, et de nombreux fidèles ont vu leur foi ébranlée par cette rupture entre les paroles sacrées et les actes temporels.
Les atrocités perpétrées par les présidents sénégalais en Casamance sont sans fin.
Léopold Sédar Senghor, en assassinant le professeur Victor Emuhemba Diatta, premier Secrétaire Général du Mouvement des forces Démocratiques de la Casamance et des fondateurs du Mouvement indépendantiste Casamançais qui sont Emile Badiane, Ibou Diallo, Edouard Diatta, Dembo Coly, a fait fi de tous les accords et transmis le goût du sang casamançais à sa suite.
Abdou Diouf, nommé le « Boucher de la Casamance » a fait exécuté plus de 11 000 de nos pères, mères, enfants. 4100 autres ont été arrêtés, torturés, et transférés dans les prisons de Dakar, de Thiès, de Saint-Louis, de Koutal et de Tambacounda ou simplement jetés vivants en mer ou enterrés vivants dans les fosses communes de l’école d’agriculture EATA de Ziguinchor et du pont de Niambalang.
Au début de sa magistrature, Abdoulaye Wade promet de « régler le problème de la Casamance en 100 jours ». Le drame du naufrage du bateau « Le Joola », c’est lui seul qui a des réponses. L’assassinat du président du Conseil régional de Ziguinchor Oumar Lamine Badji, posons-lui la question. Il a créé avec la complicité de Sidy Badji et de Robert Sagna une milice armée tristement dénommée Diakaye et un groupe de « démarcheurs de la paix » comme le Groupe de Réflexion pour la Paix en Casamance (GRPC), la Plateforme des Femmes, l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (ANRAC), Collectif des Cadres Casamançais, etc…, tous financés à coups de milliards de CFA transportés par des porteurs de valises appelés des « Messieurs Casamance ».
De ces douze années de mandat, jusqu’à deux semaines de sa fin, Macky Sall, animé d’une haine féroce, a mis toute sa force contre la Casamance et les Casamançais. Avec son armée, il est descendu en tenue militaire à l’aéroport de Ziguinchor, pour donner ordre à ses soldats de détruire de villages entiers, par les bombardements de canons d’artillerie et de drones, provoquant la fuite de dizaines de milliers de Casamançais dans les pays voisins de Gambie et de Guinée-Bissau. Ce n’est pas tout ! Le Casamançais est arrêté torturé et jeté en prison pour son nom de famille et toute la Casamance subit un embargo sans fin. La navigation fluviale des bateaux est jusqu’à ce jour suspendue par le seul vouloir et pouvoir de sa majesté.
Les assassinats de jeunes au Cap Skirring, Ziguinchor, Bignona, Bounkiling, Diaobé, Kolda, Goudomp, Kédougou, Tambacounda, celles de Mariama Sagna, de François Mancabou, Mamadou Korka Ba, Moustapha Badji, Babacar Tandian Doucouré, Chérif Paby Badji, Abdou Elinkine Diatta, Fulbert Sambou, Didier Badji, et tant d’autres, révèlent l’acharnement et la cruauté de Macky Sall.
Que dire des violences et contraintes subies par les opposants casamançais que sont Ousmane Sonko, Guy Marius Sagna, Omar Ampoi Bodian, Toussaint Manga, Diamil Sané, l’ex-capitaine de gendarmerie Seydina Oumar Touré, le gynécologue Alphousseyni Gaye, les journalistes René Capain Bassène, Pape Sané, Babacar Touré, Soumaïla Manga, Ibrahima Khalil Diémé, les artistes Fafadi, Fandenejah Diatta, Manga Manga, ………
« Si tu parles ou tu chantes tu meurs, si tu te tais et pleures tu meurs, si tu manifestes pacifiquement tu meurs, alors parles, chantes, manifestes et meurs !» confie un sage du quartier Boudody de Ziguinchor.
Dans cette toile tissée d’une incommensurable détresse que vit la Casamance, les fidèles, en quête de lumière, se retrouvent pris au piège de la perplexité et de l’incompréhension. Les mosquées et les églises, là où la parole divine résonne et où l’espérance fleurit, le silence assourdissant retentit comme un écho aux cris à la vie de la Casamance qu’on piétine et salit.
On attendait de Robert Sagna, d’Atépa Goudiaby, Abdoulaye Baldé, Benoît Sambou, Doudou Kâ, Angélique Manga, Victorine Ndèye, Aminata Assome Diatta, qu’ils agissent lors des grandes épreuves et détresse en Casamance, cependant, on ne peut que constater qu’ils ont fait preuve de trahison et de compromission et qu’ils ont échoué lamentablement dans leur mission qui est de promouvoir la justice et l’aide aux populations de la Casamance qu’ils ont promis de protéger. Plutôt que de faire face avec la même bravoure que celle qu’ils louaient dans leurs discours, ils prennent le flanc au ridicule.
Dans le triste tableau de l’abandon, ces politiciens paraissent avoir perdu leur propre racine, leur âme. Ils ont renié jusqu’à leurs propres valeurs qu’ont gardées pourtant les vaillantes et courageuses populations de Casamance durant les grands moments de résistance d’Aline Sitoé Diatta, de Moussa Molo Baldé et de Fodékaba Doumbouya.
Pourtant, même au milieu de cette tempête de doutes et de désillusions, l’étincelle de l’espoir persiste. Car la véritable grandeur de la foi réside dans sa capacité à transcender les fautes humaines, à trouver la lumière au cœur des ténèbres les plus épaisses.
Face à l’aggravation de la situation, la jeunesse de Casamance prend la tête d’une grande insurrection morale. Elle attend voter massivement le 24 mars prochain pour briser le blocus étouffant qui assaille la Casamance.
Que les voix des croyants se mêlent aux lamentations des Casamançais qui sont assassinés chaque jour, que leur déception se transforme en appel à la vérité et à la justice !
Que la Casamance en répondant à cet appel, retrouve sa véritable mission : être le phare de l’amour divin et de la paix dans un monde assombri par la haine et l’oubli, mais surtout le porte-voix des sans-voix, les laissés-pour-compte de la terre !
Le mois de Carême et du Ramadan approche à sa fin, les fidèles aspirent à la communion et à la piété. Ils attendent de ces lâches qu’ils se repentissent de leur propre égarement. Si même cette période sacrée ne parvient pas à leur offrir la rédemption tant espérée, désormais, le lien de confiance entre la Casamance et le Sénégal autrefois respecté serait rompu à jamais, emporté par les vents de la lâcheté et de la compromission. La supposée appartenance de la Casamance dans le Sénégal, une légende qui n’a existé que dans certains esprits faibles ou malades s’évaporera définitivement.
Emile Tendeng