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Casamance : « Déshumanisation, Décrédibilisation et Désinformation (3D) : Les armes des gouvernements sénégalais contre le nationalisme et le patriotisme Casamançais »

Casamance : « Déshumanisation, Décrédibilisation et Désinformation (3D) : Les armes des gouvernements sénégalais contre le nationalisme et le patriotisme Casamançais »

La Casamance, territoire autonome situé au sud de la Gambie et attachée au Sénégal par la colonisation française, a longtemps été le théâtre de tensions entre les gouvernements sénégalais et les aspirations nationalistes de sa population. Les revendications culturelles, économiques et politiques, ont suscité des réactions vigoureuses des puissances coloniales et par la suite par l’État sénégalais. Pour contrer les indépendantistes, les gouvernements ont utilisé une stratégie fondée sur la théorie des 3 D : Déshumanisation, Décrédibilisation et Désinformation. Cette approche, qui vise à affaiblir l’adversaire sur le plan moral et intellectuel, présente des similitudes frappantes avec la Hasbara israélienne, qui cherche à justifier les actions de l’État israélien contre la Palestine et le Liban.

Examinons comment ces trois dimensions ont été mises en œuvre dans le contexte sénégalais et leurs répercussions sur le discours public et la perception des mouvements indépendantistes casamançais, que ce soit le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) créé par le Professeur Victor Emuhemba Diatta en 1947 et le Mouvement pour l’Autonomie de la Casamance (MAC) créé par le Professeur Assane Seck et Louis Dakosta en 1954.

1. La Déshumanisation : Pour trouver un ennemi à abattre

La déshumanisation constitue le premier levier utilisé par les gouvernements sénégalais pour neutraliser les aspirations nationalistes en Casamance. Ce processus consiste à présenter les membres de ces mouvements comme des voyous, des idiots, des hors-la-loi ou des terroristes, détournant ainsi leur humanité. En étiquetant les militants casamançais comme des ennemis de l’État, le discours officiel justifie des mesures répressives, y compris l’utilisation de la force militaire.

Cette déshumanisation a des conséquences profondes sur l’opinion publique. En assimilant les nationalistes à des menaces pour la sécurité nationale, les gouvernements réussissent à renforcer un sentiment d’unité nationale face à un ennemi commun. Les médias, souvent complices de cette narrative accompagnée d’insultes, jouent un rôle crucial dans la diffusion de ces représentations, amplifiant l’idée que les aspirations casamançaises sont fondamentalement incompatibles avec les valeurs sénégalaises.

2. La Décrédibilisation : Pour éroder la légitimité en divisant pour régner

La décrédibilisation est la seconde dimension de cette stratégie. Les gouvernements sénégalais emploient diverses méthodes pour affaiblir la légitimité des mouvements nationalistes et pour les diviser les uns contre les autres afin de mieux régner. Par exemple, en mettant en avant les échecs de ces mouvements, tant sur le plan militaire qu’humanitaire, ils cherchent à diminuer leur attrait populaire. Les leaders indépendantistes, nationalistes ou patriotiques sont souvent la cible de campagnes de diffamation, présentés comme incapables de mener à bien leurs promesses.

Les réactions des nationalistes et patriotes face à cette décrédibilisation sont variées. Ils tentent souvent de contrer ces attaques par des stratégies de communication visant à restaurer leur image et à revendiquer leurs droits. Cependant, la force de la propagande officielle complique considérablement leurs efforts, créant un cycle où la perception publique continue de se construire sur des bases fragiles.

3. La Désinformation : Pour manipuler ou censurer des faits

La désinformation, troisième pilier de cette stratégie, est utilisée pour manipuler l’opinion tant nationale qu’internationale. Les gouvernements sénégalais ont recours à des informations erronées pour justifier leurs actions militaires et répressives, falsifiant l’histoire de la Casamance, interdisant les publications relatives à cette riche histoire de résistance et de lutte contre toute forme de colonisation, créant une image d’une Casamance chaotique, sous-développée et ingouvernable. Cette manipulation des faits nuit à la compréhension des véritables enjeux sociaux et politiques.

En comparaison, la Hasbara israélienne présente des similitudes notables. Tout comme les autorités israéliennes s’efforcent de justifier leurs actions sur la scène internationale, le Sénégal utilise des techniques de désinformation pour maintenir une façade de légitimité. Les deux contextes montrent comment la narration des conflits peut être façonnée pour répondre aux besoins stratégiques d’un État.

La lutte des gouvernements sénégalais contre les nationalistes et les patriotes casamançais à travers les mécanismes de déshumanisation, décrédibilisation et désinformation révèle des dynamiques complexes de pouvoir et de résistance. Ces stratégies, bien qu’efficaces à court terme pour affaiblir le mouvement nationaliste, risquent de creuser davantage les fractures sociales. Il est impératif et essentiel de reconnaître et d’accepter les droits des Casamançais à vivre librement sur leur terre, car ignorer leurs aspirations indépendantistes ne fera qu’alimenter un cycle de conflit et de résistance.

Pierre Coly

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