Communiqué de Presse :

Une menace pour les relations de voisinage entre la Casamance et la Gambie

Nous, représentants des populations du Gabou concernées par les relations de voisinage entre la Casamance et la Gambie, dénonçons avec la plus grande fermeté l’accord de défense et de sécurité signé entre les autorités militaires sénégalaises et gambiennes le 23 juillet 2024 à Banjul. Cet accord, bien que présenté comme un instrument pour renforcer la paix et la sécurité dans la région, risque d’aggraver les tensions historiques et de nuire profondément aux relations sociales et culturelles entre les deux nations.

1. Militarisation excessive de la frontière : L’un des principaux volets de cet accord est la mise en place de patrouilles conjointes et combinées entre les forces armées sénégalaises et gambiennes. Nous condamnons cette mesure qui conduit à une militarisation accrue de la zone frontalière, affectant ainsi la vie quotidienne des populations locales. Cette présence militaire constante va créer un climat de suspicion et de méfiance qui pourrait déstabiliser la paix fragile dans la région de la Casamance.

2. Atteinte aux relations sociales et culturelles : Les liens historiques, culturels et commerciaux qui unissent les populations de la Casamance et de la Gambie sont en danger. Cet accord ne prend nullement en compte les réalités transfrontalières, et risque de perturber gravement les échanges traditionnels entre ces deux communautés qui, depuis des décennies, partagent un mode de vie commun. Nous refusons toute intervention militaire qui pourrait venir troubler cette harmonie.

3. Politisation de la coopération militaire : Il est inacceptable que cet accord serve de levier pour renforcer le contrôle militaire de l’État central sénégalais sur la Casamance. L’utilisation des forces gambiennes à des fins politiques dans cette région historiquement sensible est non seulement dangereuse, mais elle pourrait aussi rallumer les tensions séparatistes. Ce partenariat militaire doit être dénoncé comme un outil d’oppression, plutôt qu’un véritable effort pour la paix.

4. Absence de consultation des populations locales : Nous déplorons également le fait que cet accord ait été signé sans aucune consultation préalable des populations directement concernées, tant en Casamance qu’en Gambie. Nous rappelons que la paix ne peut être obtenue ni maintenue sans la participation active des communautés locales. Toute initiative de défense et de sécurité doit impérativement intégrer les préoccupations et les réalités des habitants de ces régions.

5. Menace pour le processus de paix en Casamance : Nous exprimons nos plus vives inquiétudes quant aux conséquences potentielles de cet accord sur le processus de paix en Casamance. Après des décennies de conflits, la région a entamé un difficile processus de réconciliation. Cet accord militaire, qui renforce la présence de l’armée sénégalaise, pourrait compromettre les efforts de paix et raviver des tensions inutiles.

Nous exigeons :

• La suspension immédiate de cet accord de défense et de sécurité qui ne fait qu’accentuer les risques de conflit dans la région.
• La mise en place d’un dialogue inclusif impliquant les populations de la Casamance et de la Gambie, afin de trouver des solutions durables aux défis sécuritaires.
• Le respect des droits des populations locales à vivre dans la paix, sans militarisation excessive et sans ingérence étrangère dans leurs affaires internes.

Nous appelons les autorités gambiennes et sénégalaises à repenser cet accord, non pas comme une réponse purement militaire, mais en intégrant les dimensions sociales, culturelles et économiques qui font la richesse de nos relations transfrontalières. L’avenir de la paix et de la stabilité dans la région ne peut être assuré que par des mesures respectueuses des populations et de leurs droits.

Signé : Les représentants des populations locales du Gabou de la Casamance et de la Gambie

Gabou: Samedi 07 Septembre 2024