Casamance : Les vraies frontières du territoire de la Casamance
La Casamance, contrée située entre la Gambie et la Guinée-Bissau, est bien plus qu’un simple territoire géographique ; elle est le creuset de luttes identitaires, historiques et politiques. L’une des étapes cruciales pour comprendre la dynamique actuelle de cette région remonte à 1925, année où Alexandre Sabatier, chef du bureau politique du gouvernement de l’Afrique Occidentale Française (AOF), a clarifié les limites du futur Territoire de la Casamance. Dans son livre « L’idée de la Casamance autonome« , censuré au Sénégal mais largement diffusé dans le monde, Séverine Awenengo Dalberto remet en lumière à la page 57 cette délimitation. Cette définition des frontières, à la fois géographiques et culturelles, reste une clé de lecture essentielle pour appréhender les revendications des Casamançais, notamment celles du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), qui aspire à l’indépendance totale de cet Etat.
Les trois régions historiques et naturelles de la Casamance
La Casamance, vaste et variée, est un territoire composé de trois grandes régions, chacune avec sa propre identité géographique, culturelle et ethnique. Ces trois zones, définies par Sabatier, témoignent de la richesse et de la diversité de cette terre.
1. La Basse Casamance
Située près de l’océan Atlantique, la Basse Casamance est une région marécageuse traversée par le fleuve Casamance et ses nombreux affluents. C’est une terre fertile, riche en riz, produits halieutiques, pétrole, gaz et zircon. Cette zone est habitée principalement par les Diolas, un peuple connu pour son esprit indépendant et combattif, mais aussi par les Floups et les Bayottes. Sa proximité avec la mer et son climat humide lui confèrent une importance stratégique, tant pour ses ressources naturelles que pour son rôle historique dans l’implantation des premiers contacts entre l’Afrique et le monde extérieur.
2. La Moyenne Casamance
Plus au nord, la Moyenne Casamance se distingue par un relief plus élevé et une végétation dense, notamment dans la région du Balantacounda. Habités par des ethnies telles que les Balantes, les Mandingues, les Peulhs et les Soninkés, cette zone est marquée par une grande diversité culturelle et ethnique. L’agriculture y occupe une place centrale, avec des cultures de coton, mais elle est également riche en forêts et en minerais. Sa position géographique, plus éloignée du littoral, lui confère un caractère plus montagnard et forestier.
3. La Haute Casamance
La Haute Casamance, la plus éloignée du littoral, englobe des zones comme le Fouladou, une région caractérisée par des reliefs modérés. C’est ici que se trouve une grande partie des populations Peulhs et les Bambaras. Bien qu’éloignée de la mer, la région est stratégique en raison de ses nombreuses ressources naturelles, telles que le fer, l’or et le diamant. Cette partie de la Casamance est aussi un carrefour historique de grandes migrations et d’échanges culturels.
Les limites géographiques et les revendications de la Casamance
Les frontières géographiques de la Casamance, telles qu’établies par Alexandre Sabatier, sont un enjeu majeur pour les Casamançais. Ces limites ne se contentent pas de décrire des divisions physiques, elles symbolisent aussi les aspirations des peuples de cette région. Le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) a longtemps revendiqué une indépendance totale, appuyant sa cause sur la reconnaissance d’un territoire allant de Gouloumbou, à la frontière malienne, jusqu’à Diogué, sur la côte atlantique. Cette délimitation va au-delà de la simple Basse Casamance pour inclure la Moyenne et la Haute Casamance, des zones également essentielles à l’identité et aux aspirations des Casamançais.
Ibou Diallo, membre fondateur du MFDC, souligne que la Casamance ne peut être réduite à une simple région côtière. Son combat est celui d’une région entière, qui se distingue par sa diversité géographique, humaine et culturelle. L’indépendance revendiquée par le MFDC repose sur la reconnaissance de l’intégralité de ce territoire et de son rôle central dans l’histoire de l’AOF .
L’importance de cette délimitation pour les Casamançais et le monde
Les limites de la Casamance, telles qu’elles ont été définies par Sabatier et revendiquées par le MFDC, sont bien plus qu’un simple enjeu territorial. Elles sont le miroir d’une histoire, d’une culture et d’un peuple qui luttent pour la reconnaissance de leur identité. Le territoire casamançais n’est pas seulement un espace géographique, mais un symbole de résilience, de lutte pour l’autonomie et d’affirmation de soi.
La diversité des zones géographiques et des peuples qui habitent la Casamance est essentielle pour comprendre les revendications de ses habitants. Reconnaître les limites de ce territoire, c’est aussi reconnaître la diversité de ses cultures, de ses pratiques agricoles, de ses langues et de ses coutumes. C’est reconnaître un peuple et son droit à l’autodétermination dans un contexte historique et politique complexe.
De Gouloumbou à Diogué
Les limites de la Casamance, telles qu’elles ont été définies au début du 20e siècle, sont un élément clé pour comprendre les enjeux géopolitiques et identitaires de cette région. Divisée en trois grandes zones – la Basse, la Moyenne et la Haute Casamance – la région présente une diversité remarquable qui fait d’elle un terrain riche en ressources naturelles et humaines. La revendication de l’indépendance de la Casamance par le MFDC, avec son appel à la reconnaissance d’un territoire allant de Gouloumbou à Diogué, souligne l’importance de préserver cette unité géographique et culturelle. Dans ce contexte, la lutte des Casamançais pour leur autonomie et la reconnaissance de leur identité territoriale s’inscrit dans un combat pour la paix et l’indépendance totale.
ARDiallo
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté en pour poster un commentaire.