Les journées du 26 décembre 1982 et du 18 décembre 1983 sont marquées par un hommage solennel en Casamance , à tous ses martyrs, aux morts, disparus, invalides, aînés et prisonniers politiques. Ces journées symbolisent une mémoire collective forte qui se perpétue chaque année dans le Pays des Rivières.

L’esprit nationaliste en Casamance s’est affirmé dès la fin du XIXe siècle. En mars 1914, Ziguinchor, capitale de la province, a été le théâtre d’une manifestation exceptionnelle, marquée par des revendications audacieuses pour l’époque. Les habitants ont accueilli le gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française (AOF), William Ponty, en arborant des pancartes aux slogans sans équivoque : « Vive la Casamance », « Vive Ponty », « Vive l’Autonomie ». Ces revendications témoignent d’un profond désir d’autonomie, voire d’indépendance, qui allait continuer de marquer l’histoire de la Casamance.

Cependant, les événements du 26 décembre 1982 et du 18 décembre 1983, au cours desquels des marches pacifiques à Ziguinchor furent réprimées dans le sang par les forces armées sénégalaises, ont boosté les aspirations des Casamançais. Ce fut un tournant qui transforma les revendications d’autonomie en une exigence d’indépendance totale pour la Casamance.

Les massacres perpétrés contre les populations civiles casamançaises sous les régimes coloniaux portugais, français, puis sénégalais, ainsi que les mensonges entourant l’histoire du pays de la Reine Aline Sitoé Diatta, ont renforcé la conviction du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cette idée a trouvé une expression formelle dans le « Manifeste de l’Indépendance« , rédigé par le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) en mars 1947.

Chaque mois de décembre, en Haute, Moyenne et Basse Casamance, de Diogué à la Falémé, les noms des milliers de morts, disparus, invalides, aînés et prisonniers politiques résonnent.

Les communautés Peuls, Mandingues, Balantes, Manjaques, Mancagnes, Bassaris, Sarakolé et Diolas se réunissent pour commémorer ce mois saint de décembre et rendre un vibrant hommage à Aline Sitoé Diatta, Sibett Diédhiou, Djignabo Bassène, Alpha Molo Baldé, Fodé Kaba Doumbouya, Victor Emuhemba Diatta, Abbé Diamacoune Senghor, Bourama Faye Badji, Ibou Diallo, Yoro Kandé, Jean Baptiste Coly, Chérif Tounkara, Mamadou Nkrumah Sané, Mamadou Ndiaye, Ansoumane Abba Bodian, Moustapha Camara, Edouard Ekop Evok Sagna, Simon Malou, Younouss Djiba, Mamadou Diémé, Mamadou Sadio, Sidy Niassy, Sanoune Bodian, Mamadou Touré, Bassirou Badji, Youba Sagna, Moustapha Diatta, Sanoussy Coly, Pierre Marie Diatta, Dembel Baldé, Lamine Dabo, François Léons Diatta, Antoine Benoit Ngandoul, Oufoundjil Lambal, Ibou Badji, Ibrahima Amma Diémé, Abdoulaye Coly, Eliasse Diémé, Alphonse Bossy, Mamady Djiba, Sékou Souma Camara, Aboubakry Diao, Arfang Djindé Koma, Hubert Badji, Dona Tendeng, Bernard Sambou, Lamine Badji, Luc Sambou, Landing Sambou, Albert Boissy, Albert Manga, Boubacar Badji, Nfally Sané, Youssou Bodian, Leyssa Bassène, Laurent Diamacoune, Léopold Sagna, Louis Coly, Lamine Badji, Ibou Sonko, Ismaïla Diatta, Kaoussou Sagna, Ousmane Sambou, Ibrahima Bassène, François Kadeunkani Diatta, Moustapha Sané, Albert Diatta, Ibou Diémé, Ibou Camara Dianky, Auguste Sambou, Clément Sambou, Landing Diédhiou, Ousmane Tamba, Jean Badji, Ibrahima Badiane Bodian, Abdou Kany Diatta, Antoine Diatta, Mamadou Mamina Sané, Moussa Diouf Sagna, Siaka Diédhiou, Mouhamed Diédhiou, Aliou Sané, Idrissa congo Bodian, Diakaria Sambou, Oumar Mané, Mamadou Sadio, Moussa Bodian, Ibou Mané, Sékou Chérif Grand Badji, Bakary Manga, Légor Djiba, Gaspard Tendeng, Sidy Badji, Mathias Bassène, Ousmane Diédhiou, Siaka Bodian, Youssou Badji, Ibrahima Badji, Philippe Badji, Edgar Senghor, Samba Sané, Ibrahima Badji, Pascal Sagna, Léger Badji, Famara Sonko, Joachim Assine, Adioungou Bassène, Landing Dollé Sané, Karamoko Diémé, Atab Sané, Emmanuel Bassène, William Diédhiou, Boubacar Badiane, Alanso Diédhiou, Gaston Diédhiou, Abdou Elinkine Diatta, Ibrahima Central Diédhiou, Thierno Mamadou Diao, Moustapha Diaïté, Pierre Marie Diatta, Souadiatou Jannette Djinaba Manga, Ampa Diédhiou, Koubé Manga, Kélountang Diabang, Patrice Bassène, Ibrahima Buffle Diédhiou, Toumboul Diatta, Gilbert Diédhiou, Gaspard Ancoume Aboungué, Nfally Dreux Bassène, Ousmane Koubalasso Sambou, Ibou Ekondor Diémé, Simon Diatta, Ismaïla Kourindé Basséne, Charles Senghor, Nicolas Diatta, Albert Koutiébé Bassène, Edgar Sambou, Yacinth Diatta, Sitoé Diatta, Bernard Diandy, Paul Ngandoul, Amaye Diabang, Benoit Diatta, Armandou Diédhiou, Halilou Sylla, toutes les personnes résistances non-citées, les femmes des Bois Sacrés, les naufragés du bateau le Joola, les jeunes disparus ou jetés en mer, les prisonniers politiques, les opprimés des régimes sénégalais de Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall et Bassirou Diomaye Faye, et à toutes les victimes de cette lutte historique pour la dignité et l’indépendance de la Casamance.

ARDiallo