Vous êtes ici: Accueil » Actualité » Casamance : La commémoration du naufrage du Joola, un souvenir ancré dans la mémoire collective

Casamance : La commémoration du naufrage du Joola, un souvenir ancré dans la mémoire collective

Casamance : La commémoration du naufrage du Joola, un souvenir ancré dans la mémoire collective

Chaque année, le 26 septembre marque une date tragique dans l’histoire de la Casamance et au-delà, celle du naufrage du Joola, l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’humanité. Il ne s’agit pas seulement d’un simple accident, mais d’une plaie béante dans le cœur des familles sénégalaises et africaines, une blessure dont les cicatrices continuent de résonner à travers les générations.

C’était une journée ordinaire en 2002 lorsque le ferry, assurant la liaison entre Ziguinchor, capitale de la Casamance du pays, et Dakar, la capitale sénégalaise, a sombré dans l’océan Atlantique. Conçu pour transporter environ 580 personnes, le Joola avait embarqué plus de 2000 passagers ce jour-là, un chiffre étouffant qui annonce déjà l’ampleur de la tragédie. En quelques minutes, des milliers de vies se sont éteintes, emportées par la violence des flots. Avec seulement 64 survivants, l’incident a plongé une nation entière dans le deuil et l’incompréhension.

Mais chaque année, la commémoration de cet événement est aussi un acte de résistance. C’est la preuve que, malgré le désastre, la mémoire des victimes perdure. Le peuple casamançais, connu pour sa résilience, se rassemble autour de cérémonies, de prières et de moments de recueillement pour honorer la mémoire des disparus. À Ziguinchor, des cortèges silencieux traversent les rues, tandis que des fleurs sont déposées à la mer en hommage aux âmes perdues dans les profondeurs de l’Atlantique.

Cette commémoration dépasse largement les frontières. Le naufrage du Joola, considéré comme la deuxième plus grande catastrophe maritime civile après celle du Titanic, a touché des familles dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et même en Europe. La douleur est partagée, et les initiatives pour ne jamais oublier se multiplient chaque année. Concerts, expositions, conférences… les associations de familles des victimes continuent de porter la voix des disparus, exigeant justice et vérité.

Cependant, la commémoration n’est pas uniquement tournée vers le passé. Elle est aussi un cri d’alerte. La catastrophe du Joola, avec son lot de négligences et de surcharges, symbolise les risques auxquels sont confrontées les populations dans les pays en développement, où infrastructures et mesures de sécurité sont souvent défaillantes. Des projets sont nés pour renforcer la sécurité maritime en Afrique de l’Ouest, mais la vigilance reste de mise. Le souvenir du Joola nous rappelle chaque jour l’importance de la prévention, des règles de sécurité et de la responsabilité de chaque acteur dans le transport public.

L’histoire du Joola a transcendé le simple fait historique pour devenir un monument vivant dans le cœur de chaque Casamançais. Si les années passent, la force émotionnelle de cette tragédie demeure. Le ferry Joola n’est plus seulement un navire ayant sombré, mais un symbole de la fragilité humaine face à la mer, un rappel douloureux de vies arrachées trop tôt. Il est aussi, paradoxalement, le reflet de la solidarité inébranlable et de l’espoir d’un peuple qui, malgré tout, se tourne toujours vers l’avenir.

Les initiatives pour ériger des mémoriaux, comme celui de Ziguinchor ou celui prévu à Dakar, vont dans le sens d’immortaliser cet événement tragique dans la pierre, mais c’est dans les cœurs et dans les mémoires que le Joola continuera à vivre. Car commémorer, c’est aussi donner un sens à cette perte immense, c’est dire que chaque vie comptait, et qu’aucune ne sera jamais oubliée.

Alors que cette journée se termine, on se souvient non seulement des victimes, de l’absence de justice, mais aussi des leçons humaines et sociales que cet événement nous a laissées. L’héritage du Joola, fait de douleur mais aussi de solidarité, continue d’inspirer. Ne jamais oublier, tel est le vœu qui résonne chaque 26 septembre en Casmance, un vœu pour que plus jamais une telle tragédie ne se reproduise.

Balanta Mané

Propager la liberté et l'indépendance de s'informer

Copyright © 2013 Tamba Networks Inc. All rights reserved.

Retour en haut de la page